"Le Garçon et Le Héron" est un nouveau bijou d'Hayao Miyazaki (critique)

"Le Garçon et Le Héron" est un nouveau bijou d'Hayao Miyazaki (critique) Le dernier film d'animation des studios Ghibli sort au cinéma ce mercredi 1er novembre 2023. "Le Garçon et le Héron" déploie avec virtuosité les talents de conteur de Miyazaki, sorti de sa retraite spécialement pour l'occasion. Notre avis.

Les films d'animation des studios Ghibli sont toujours attendus religieusement par la critique et le public. Que l'on ait découvert ces productions japonaises avec Porco RossoMon voisin TotoroPrincesse MononokeLe voyage de Chihiro ou plus récemment La Princesse Kaguya et Le château ambulant, les films du studio fondé par Isao Takahata et Hayao Miyazaki en 1985 sont devenus des événements qui suspendent le temps dans la salle obscure. 

Le créateur des plus gros succès Ghibli, Hayao Miyazaki, avait officiellement annoncé sa retraite avec Le vent se lève en 2013. Dix ans plus tard, le cinéaste japonais de 82 ans revient pourtant avec un nouveau film, Le garçon et le héron. Sorti sans aucune promotion au Japon il y a quelques mois, il est visible en France ce mercredi 1er novembre 2023. Les spectateurs y suivent le récit initiatique de Mahito, un jeune garçon qui vient de perdre sa mère dans un incendie, et qui fait la connaissance d'un héron qui va l'aider à percer les mystères du monde et de la vie.

Le garçon et le héron est un véritable bijou d'animation. Avec ce nouveau long-métrage, Hayao Miyazaki déploie ses talents de conteur dans une oeuvre aussi foisonnante qu'ambitieuse. Le cinéaste nous plonge dans un voyage fantastique (ou un rêve éveillé) qui aborde plusieurs thématiques complexes, comme le deuil, la résilience, l'héritage et la capacité de chacun à avancer malgré les obstacles de la vie et le chaos du monde qui nous entoure.

Un film scindé en deux

La première partie de Le garçon et le héron, centrée sur l'adaptation de Mahito dans sa nouvelle vie après la mort de sa mère, est à couper le souffle. Littéralement. Hayao Miyazaki y concentre l'essence de son oeuvre (l'irruption menaçante du fantastique dans un monde réel fragile et incompréhensible) avec une attention minutieuse au dessin, aux bruitages et au silence. Les plumes d'un héron en plein vol, les flammes destructrices, les rayons chauds du soleil, le vent qui souffle, toutes ces sensations sont plus palpables et deviennent plus poétiques qu'un film en live action. 

La seconde partie du film, celle qui nous plonge dans un monde fantastique (on n'en dira pas plus pour ne pas gâcher le plaisir), est beaucoup plus foisonnante et éclatante, mais également un peu plus inégale. Mahito se lance dans une quête métaphysique sans temps mort, qui rappellera à bien des égards certains films de David Lynch. Si l'ensemble ne manque certainement pas de panache, il reste plus confus dans son propos. La faute à l'absence d'un fil rouge dans le parcours de notre héros qui permettrait au spectateur de s'investir pleinement.

Malgré ce petit défaut, Le Garçon et le Héron reste malgré tout une expérience de cinéma saisissante, un superbe voyage dans l'imaginaire de ce cinéaste adoré dans le monde entier. Et il se dit d'ailleurs qu'il serait déjà en train de plancher sur un autre film, pour notre plus grand plaisir.