Jacques Doillon accusé de viols : le cinéaste placé sous le statut de témoin assisté, qu'est-ce que ça signifie ?

Jacques Doillon accusé de viols : le cinéaste placé sous le statut de témoin assisté, qu'est-ce que ça signifie ? Le cinéaste de 80 ans s'est rendu au tribunal de Paris vendredi sur convocation d'un juge d'instruction. Il a été placé sous le statut de témoin assisté.

Casquette noire sur la tête et lunettes de soleil cachant son visage, Jacques Doillon s'est rendu au tribunal de Paris vendredi 6 décembre. Après un long interrogatoire mené par des juges d'instruction, le cinéaste accusé de viols par plusieurs personnes a été placé sous le statut de témoin assisté. Ce statut juridique, réservé aux personnes mises en cause dans une information judiciaire, est un intermédiaire entre celui de témoin et celui du mis en examen (décerné lorsqu'il existe des "indices graves ou concordants" contre l'accusé).

"Dans certains dossiers, des questions autour de la notion de consentement peuvent et doivent se poser. Mais ce n'est pas le cas ici", a déclaré à l'AFP son avocate Me Marie Dosé, à l'issue de l'interrogatoire. "Il n'existe aucun indice grave ou concordant contre Jacques Doillon dans cette affaire, et les éléments à décharge sont sans équivoque. Nous avons apporté une correspondance, des courriels, qui mettent en lumière les mensonges de la partie civile ", a-t-elle ajouté.

L'interrogatoire pour lequel Jacques Doillon était convoqué vendredi dernier portait sur les accusations portées par Joe Rohanne. Cette personne trans non binaire qui a eu un enfant avec le réalisateur, avait déposé plainte pour trois viols, blessures et violences psychologiques de 2009 à 2012. Iel avait partagé son témoignage, a priori non prescrits, dans les colonnes du Monde. 

"La précipitation de certains journalistes à exposer et à détailler des plaintes dans les médias sans rien vérifier, et ce depuis des mois, pose une vraie difficulté dans une démocratie ", s'est indignée l'avocate de Jacques Doillon. "On devrait tous se questionner sur cet emballement. Ici, ce n'est pas la justice qui n'écouterait pas les victimes, mais la fabrique médiatique d'un coupable qui a dû attendre 10 mois avant d'être enfin entendu", a-t-elle insisté.

D'autres plaintes prescrites

Le réalisateur de 80 ans faisait l'objet de plusieurs plaintes, dont celle déposée par Judith Godrèche en février dernier. L'actrice de 52 ans l'avait accusé de "viol sur mineur de 15 ans ayant autorité", et avait détaillé une agression sur un tournage, assurant que le cinéaste l'avait "pelotée" lors d'une scène de sexe imprévue sur le tournage d'un film, en 1989, alors qu'elle était âgée de 15 ans".  Mais ceux-ci ne faisaient pas l'objet de la convocation de ce vendredi dernier, puisque les faits décrits par l'actrice ne figuraient pas non plus dans le périmètre des accusations passibles de poursuites potentielles, pour cause de prescription.

En avril dernier, dans une interview au Parisien, Jacques Doillon avait nié les accusations, contestant "avoir profité de sa position pour obtenir des faveurs sexuelles". Il assure "ne jamais avoir eu de rapport intime avec Judith Godrèche", disant n'avoir "jamais été attiré par elle". Il a également porté plainte contre l'actrice pour diffamation après qu'elle l'ait accusé sur Instagram en février dernier de "coucher" avec des "enfants". L'actrice a reçu un avis préalable de mise en examen pour diffamation récemment. Il s'agit d'une mesure automatique.

Deux autres femmes avaient déposé plaintes pour des faits frappés de prescription : l'une accuse le Jacques Doillon de viol à Paris en 1995, alors qu'elle avait 16 ans, et l'autre l'accuse de tentative de viol en 1998.