Les coups de coeur du mois d'octobre "Des vies d'oiseaux" de Véronique Ovaldé

des vies d'oiseaux
Des vies d'oiseaux © Editions de l'Olivier

A quoi peut bien ressembler la vie d'un oiseau ? Une existence faite de solitude, probablement, une succession d'événements subis, de situations endurées au gré du vent des aléas climatiques. Peu d'emprises. Peu de choix. Une vie qui passe.

Les personnage de Véronique Ovaldé sont seuls, cela ne fait aucun doute, même si l'on convient qu'ils vivent ensemble, ou côte à côte.

Gustavo Izarra ne connaît pas vraiment sa femme, Vida, qui, elle même, ne connaît pas vraiment sa fille.
Pourtant, elle sait que c'est bien son enfant qui hante les maisons du quartier pendant que leurs propriétaires ne sont pas là. C'est bien elle qui papillonne avec son jeune amant de demeures en demeures, s'éparpillant dans l'insouciance, la passion et la désinvolture. Elle a pris son envol.

Les jeunes gens interpellent. Ces cambrioleurs qui ne volent rien dérangent et bientôt, la police s'en mêle. Ou plutôt le lieutenant Taïbo, lui aussi bel oiseau solitaire - mais d'une espèce différente - nostalgique mais vif. Intrigué, abîmé mais majestueux. Lui aussi va s'envoler. Avec Vida.

Lorsque les êtres n'ont plus d'attaches véritables, que plus rien ou plus personne ne compte pour eux, il leur arrive parfois de vivre des instants de grâce. Ils retrouvent le vertige et la liberté que l'on attribue par erreur (ou par paresse) de manière exclusive aux jeunes adolescents.

La plume d'Ovaldé est si délicate, aérienne, sensuelle, qu'on l'imagine écrire à l'aquarelle. Ses paysages sont chauds, arides mais rassurants. Du vide dont on peut s'emparer au soleil.
De sa prose émanent de la lenteur, des odeurs de soufre, de cactus, des flagrances d'aubes fraîches.

Voici un roman d'amour qui ne se contente pas de sublimer le désir. Il réenchante aussi l'énergie des espoirs déçus et la douceur de vivre.

F.D.