Prix littéraires, entre élitisme et démocratisation
Décalés et spontanés, les débats des Éclaireurs nous donnent une autre vision de la culture. Organisés depuis 2017 par les Espaces Culturels E.Leclerc, ils réunissent autour de Frédéric Taddeï et de Michel-Édouard Leclerc les acteurs du monde de la culture.
"En fait, le titre officieux du débat devrait être : "Faut-il prendre au sérieux les prix littéraires ?" ", s'amuse d'emblée Frédéric Taddeï ! Les invités des "Éclaireurs", vont nous dévoiler les coulisses de ce petit monde très opaque.
Mohammed Aïssaoui, critique littéraire au Figaro, raconte qu'il a compté le nombre de prix en France : "au moins 2200, plus que de fromages !". "Il y en a tellement, renchérit Pierre Jourde, écrivain et critique, que le plus dur, c'est d'y échapper !" Mais le sujet se veut aussi sérieux car "il s'agit d'enjeux financiers parfois considérables, comme pour le Goncourt, qui expliquent les bagarres entre les grandes maisons d'édition" poursuit Pierre Jourde. Michel-Édouard Leclerc, président des centres E.Leclerc, rappelle que les Espaces Culturels E.Leclerc ont créé les Prix Landerneau (album jeunesse, BD, polar et prix des lecteurs) et tient à défendre les prix littéraires : "moi, j'y crois car je m'y intéresse en tant que lecteur. J'adore être guidé dans mes choix, avoir des repères, comme les coups de cœur du libraire ou les petits écriteaux dans les librairies. Les prix de la SNCF ou de Cognac, par exemple, récompensent souvent de très bons romans policiers, qui sont une de mes passions avec les BD ou les livres d'art".
Jean Rouaud, lauréat du prix Goncourt pour son premier roman "Les Champs d'honneur ", raconte avoir été "protégé" par "Les Éditions de Minuit ", sa maison d'édition à la réputation de sérieux et que cela lui a évité " d'aller inaugurer les chrysanthèmes à Garges-les-Gonesses ou de se produire dans des jeux télévisés ! "Mais il avoue être tombé de haut lorsqu'il s'est rendu compte qu'il croyait "que les gens s'intéressaient à mon livre alors qu'ils ne s'intéressaient qu'à l'étiquette "Goncourt" que j'avais sur mon front..." Quant à la corruption, dont on a longtemps suspecté les membres des jurys des grands prix, elle semble passée d'époque : "les jurys sélectionnent désormais de nombreux premiers romans et s'attachent à mettre en avant des découvertes", positive Mohammed Aïssaoui.