#MusicToo : 302 témoignages de violences sexuelles dans le milieu de la musique
"Assainir notre industrie musicale". Le 18 juillet dernier, en France, un collectif a lancé sur les réseaux sociaux une campagne appelée #MusicToo, dans le sillage de #Metoo, qui a pour but de récolter des témoignages de violences sexistes et sexuelles dans l'industrie musicale. Une campagne qui s'achevait le 30 septembre et qui a récolté au total 302 témoignages, dont certains concordants, de violences sexistes et sexuelles dans le milieu de la musique, est-il annoncé dans un communiqué de presse.
"Nous avons recueilli 302 témoignages que nous devons maintenant analyser, qualifier, pour en extraire des données que nous présenterons prochainement. Nous listerons également les agissements et les systèmes qui facilitent les agressions et imposent le silence aux victimes", peut-on lire dans le document, qui rend compte de cette première étape de #Musictoo. Le collectif rappelle qu'aucun nom, que ce soit de victime ou d'agresseur, ne sera communiqué. Seules les enquêtes, confiées aux médias Médiapart et Néon, pourront les rendre publics, "ou dans le cas de poursuites judiciaires".
Une première enquête, alimentée par des témoignages envoyés à #Musictoo et D.I.V.A, un compte Instagram qui dénonce le sexisme et les violences dans la musique, est déjà parue dans la presse : jeudi 1er octobre, le site StreetPress a révélé que huit femmes accusent le rappeur Retro X de viols et d'agressions sexuelles.
Les artistes s'engagent
Dès le début de la campagne #Musictoo, plusieurs artistes ont exprimé leur soutien et encouragé la libération de la parole dans l'industrie musicale. C'est le cas des chanteuses Pomme ou Camélia Jordana ou, plus récemment, de Christine and the Queens, qui a publié un long message sur Instagram. "Je ne suis pas surprise d'apprendre que dans le milieu musical, comme dans tous les autres milieux, la libération de la parole engendre un bouleversement qu'il est ensuite difficile de maîtriser. Chacune, nous avons connu une forme plus ou moins ténue de harcèlement, des remarques sexistes, comme toutes nos autres sœurs (...). Je suis chanteuse, mais avant d'être chanteuse j'avais déjà expérimenté le sexisme à l'air libre, celui qui ne se formule pas comme tel, celui qui se défend même de l'être", écrit l'interprète de Chaleur humaine.
Elle ajoute : "Il est temps maintenant de desserrer la mâchoire, d'échanger nos différentes expériences. Il est temps que les endroits de pouvoir deviennent aussi des endroits de pouvoir juste. Qu'il y ait du respect, qu'il y ait une horizontalité de la parole. Que la voix redevienne outil de libération". Christine and the Queens, "alliée de toutes [s]es sœurs", explique être "solidaire de celle qui parle et de cette qui décide de serrer les poings."