Les milliardaires peuvent-ils sauver les écosystèmes ?

Les milliardaires peuvent-ils sauver les écosystèmes ? Richard Branson, Ted Turner, Douglas Tompkins : les milliardaires jouent les écolos et prétendent sauver la planète... On ne demande qu'à les croire !

A l'image du cheikh du film Des Saumons dans le désert, qui souhaite importer des colonies de saumons sur les terres arides du Yémen, des milliardaires se servent de leur fortune pour protéger ou déplacer des espèces sauvages. Peuvent-ils sauver la planète ?

Ted Turner, le "Chuck Norris" de la protection de la nature

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Ted Turner. © Lukeford.net / Licence CC

Parmi les nombreuses initiatives philanthropes des milliardaires, les actions écologistes sont assez rares mais tendent à se développer. Ted Turner, le fondateur de CNN, fait partie de ces "éco-nababs". Il a acheté plusieurs milliers de kilomètres carrés de terrain afin de préserver les espèces en danger sur le sol américain, notamment le bison et la tortue du Mexique. Il s'est engagé à une reforestation de ses terres, et l'Institut de recherche en botanique du Texas lui a même remis une récompense pour son travail sur la conservation des plantes rares.

Toutefois, ses projets sont particulièrement controversés : il y a quelques années, il aurait tenté d'empoisonner les animaux présents dans un plan d'eau afin d'avoir la place de réintroduire une espèce disparue de la région. Les méthodes radicales du cowboy inquiètent les associations de protection de la nature !

Richard Branson et son île fantastique

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Richard Branson. © Richard Burdett / Licence CC

Du côté des polémiques, on retrouve encore et toujours Richard Branson, le patron de Virgin, qui a décidé de sauver les lémuriens à sa manière. Il faut savoir que la centaine d'espèces existantes de lémuriens vit exclusivement à Madagascar. Or, Sir Branson souhaite exporter des lémuriens sur l'île Moskito, un terrain privé dans les Caraïbes. Selon lui, si jamais les espèces venaient à disparaître de leur environnement naturel, elles auraient ainsi un endroit pour survivre !

Là encore, les critiques vont bon train. On se demande si l'arrivée des lémuriens sur l'île ne va pas perturber l'écosystème de cette dernière, ou encore si le but de tout ça n'est pas simplement de rendre l'île encore plus attractive pour les touristes... Puisque, bien qu'il affiche une volonté de protéger la nature sur l'île Moskito, il prévoit tout de même d'en faire une station écotouristique.

L'amoureux de la nature Douglas Tompkins

De son côté, Douglas Tompkins, le créateur des marques The North Face et ESPRIT, consacre aujourd'hui tout son temps à préserver la nature. Il a fait l'acquisition de nombreux terrains en Argentine et au Chili, qu'il transforme en parcs nationaux dans lesquels il s'est fixé pour mission de sauvegarder la biodiversité. Le problème, c'est qu'il a dû pour cette raison empiéter sur les lieux de vie et de travail des autochtones, qui critiquent le "diktat" de l'écologie. Douglas Tompkins s'en moque : ce qu'il veut, c'est protéger la nature, coûte que coûte.

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Le parc Pumalin, au Chili, est une création de Douglas Tomkins. A sa mort, il reviendra à l'Etat chilien. © Draculina_ak / Licence CC

Comme lui, les "éco-milliardaires" sont de plus en plus fréquents. Gordon Moore, le créateur d'Intel, achète désormais des lieux où la biodiversité est en danger et les protège grâce à sa fondation, un organisme très actif, surtout en ce qui concerne la forêt amazonienne. D'autres encore font don de terrains à des organismes de conservation de la nature, comme Michael Steinhardt et les îles confiées à la Wildlife Conservation Society

L'histoire d'un riche Yéménite qui veut réintroduire des poissons dans son pays sert de prétexte à une belle romance dans Des Saumons dans le désert, qui sort le 6 juin 2012 (voir la bande-annonce), mais n'est pas tellement éloignée de la réalité. Un jour, ce seront peut-être les plus riches qui se lanceront dans de tels projets et réinventeront les écosystèmes ! Il ne reste plus qu'à espérer qu'ils ne le fassent pas aux dépens des espèces locales.

L'argent sauvera-t-il les écosystèmes en danger ?

En les rachetant, les hommes les plus riches de la planète pourraient peut-être contribuer à les protéger. Néanmoins, tout dépend de l'effort qui est fait une fois le lieu en leur possession. Protéger les espèces, rétablir la qualité du milieu, éviter le braconnage ; toutes ces actions nécessitent une surveillance constante et beaucoup de main d'œuvre. Le problème, c'est que souvent, les milliardaires écolos ne prennent pas vraiment en compte les populations locales dans leurs projets et s'attirent leurs foudres. Un sentiment, plus ou moins justifié, d'une ingérence dans les affaires nationales et surtout l'impression de se faire voler un patrimoine naturel est à l'origine de la plupart des critiques.

Il reste du chemin à parcourir avant que ces initiatives ne prennent de l'ampleur, et peut-être ne parviendront-ils pas à "sauver le monde", mais au moins à le changer !