Chikungunya : trois fois plus de cas autochtones en un mois en métropole, l'épidémie n'est pas finie

Chikungunya : trois fois plus de cas autochtones en un mois en métropole, l'épidémie n'est pas finie En France métropolitaine, près de 500 cas autochtones ont été détectés depuis début mai. Même si l'été touche à sa fin, la période d'activité du moustique tigre n'est pas terminée.

Le nombre de cas autochtones continue d'augmenter fortement en septembre. Dans son dernier bilan publié le 17 septembre, Santé publique France en rapportait 479 cas en métropole depuis début mai. C'est presque une centaine de cas de plus en une semaine, et trois fois plus qu'un mois avant. Et cette épidémie n'est pas terminée, puisque la période d'activité du moustique tigre, vecteur du chikungunya, dure jusque fin novembre.

Santé publique France explique que ce nombre important de contaminations est notamment dû à une "bonne adaptation de la souche virale au moustique vecteur et aux conditions environnementales favorables à la multiplication du moustique". L'agence prévient qu'avec "la persistance de foyers actifs, notamment dans des zones touristiques du sud de la France, et le retour des vacances d’été, le risque de foyers secondaires dans d’autres régions en France reste élevé." Plusieurs foyers importants, avec jusqu'à 87 cas, ont été identifiés, notamment en Provence-Alpes-Côte d'Azur, en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie.

Où les cas autochtones ont-ils été détectés cette année ?

L'ensemble des cas autochtones ont été détectés depuis juin dans ces régions : Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Corse, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, et pour la première fois en Nouvelle-Aquitaine, Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire. Les principaux foyers avec le plus grand nombre de cas ont été identifiés : 

  • dans les Alpes-Maritimes à Antibes (87 cas), 
  • dans les Bouches-du-Rhône à Vitrolles (45 cas),
  • dans le Var à Fréjus (59 cas), 
  • dans le Gard à Poulx-Caveirac (21 cas), 
  • en Dordogne à Bergerac (71 cas), 
  • en Isère à Eybens (35 cas).

Santé publique France. Carte des épisodes de transmission autochtone de chikungunya et de dengue en France hexagonale, saison 2025, à la date du 10/09/2025.

"Une telle précocité dans la saison d'activité du moustique et un nombre aussi élevé d'épisodes n'avaient jamais été observés jusqu'à présent", avait précisé Santé publique France dans un précédent bilan. Depuis le début de l'année 2025, plus de 1 900 cas de chikungunya (importés et autochtones) ont été détectés en métropole, dont 982 rien qu'entre le 1er mai et le 16 septembre d'après Santé publique France. Les deux années précédentes, seulement une trentaine de cas avaient été déclarés, dont 0 ou 1 cas autochtone (contracté sur le territoire). Dans un communiqué de presse diffusé le 17 septembre, Santé publique France fait état d'un "contexte inédit en France". 

Quels sont les derniers chiffres de l'épidémie à la Réunion et à Mayotte ?

L'épidémie de chikungunya est terminée à la Réunion et à Mayotte. A Mayotte, la tendance du nombre de cas est à la baisse depuis juillet et la circulation du virus est aujourd'hui faible. Mais "le maintien d’une circulation virale à bas bruit sur le territoire pourrait favoriser une reprise épidémique au début de la prochaine saison des pluies", d'après Santé publique France. Plus de 1 200 cas ont pour l'instant été détectés, et aucun décès n'a été rapporté.

A la Réunion, une baisse des indicateurs de l'épidémie est observée depuis fin avril. L'épidémie y est désormais "de faible intensité", même si le virus y circule toujours et que "des cas sont encore confirmés" d'après le dernier bilan de Santé publique France publié le 18 juin. Près de 54 000 cas ont été déclarés sur l'île depuis le début de l'année. L'épidémie de chikungunya a provoqué le décès de 27 personnes au total, qui avaient "essentiellement" plus de 65 ans et des comorbidités.

Comment se protéger du chikungunya ?

Plusieurs vaccins contre le chikungunya existent. Jusqu'alors, il n'était pas recommandé aux voyageurs de se faire vacciner contre le chikungunya. Mais dans ses recommandations 2025 aux voyageurs, le Haut conseil de santé publique a mis à jour les recommandations concernant le chikungunya.

Un nouveau vaccin autorisé en Europe en février 2025 puis arrivé en juin en France, appelé Vimkunya, est désormais recommandé en cas de séjour "dans une zone où une épidémie est avérée", "en cas de séjour prolongé" ou de "séjours répétés dans une zone où une circulation active du virus" est observée, chez les 12-65 ans qui ont des comorbidités. La vaccination est seulement "à envisager" chez les plus de 65 ans et les 12-65 ans qui n'ont pas de comorbidités. Elle n'est pour l'instant pas recommandée chez les femmes enceintes et allaitantes, faute de données suffisantes.

Un autre vaccin, Ixchiq, était déjà disponible mais il n'est pas recommandé aux voyageurs. Il est seulement "à envisager" chez les 12-65 ans qui ne sont pas immunodéprimés. L'Agence européenne du médicament a annoncé le 11 juillet qu'il était à nouveau autorisé chez les plus de 65 ans après avoir été contre contre-indiqué dans cette tranche d'âge. Plusieurs effets indésirables graves - dont 3 décès - avaient en effet été recensés lors de la campagne de vaccination mise en place à la Réunion début avril, d'après l'Agence nationale de sécurité du médicament.

En dehors de la vaccination, le seul moyen de se protéger de la maladie est d'éviter de se faire piquer par les moustiques grâce aux répulsifs, aux moustiquaires et en portant des vêtements longs et amples. Il est recommandé de surveiller une éventuelle apparition de symptômes aux personnes qui habitent, se rendent ou reviennent de la Réunion.

Les personnes fragiles doivent être particulièrement vigilantes, notamment celles qui souffrent de maladies chroniques, mais aussi les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées, et désormais les plus de 65 ans, chez qui la vaccination n'est pas recommandée. La maladie peut en effet être grave chez ces personnes. Il n'existe aujourd'hui pas de traitement spécifique contre le chikungunya. Les seuls traitements disponibles sont symptomatiques, notamment le paracétamol. Une partie de la population est déjà immunisée contre le chikungunya suite à la dernière épidémie en 2005-2006, qui avait touché environ 260 000 personnes.

Dernières mises à jour

10:50 - Chikungunya : "un contexte inédit" en France

Alors que le nombre de cas de chikungunya continue d'augmenter en cette fin d'été, Santé publique France appelle à rester "vigilants" dans ce "contexte inédit. Depuis le printemps 2025, les autorités sanitaires françaises observent une forte augmentation des arbovirus sur le territoire métropolitain, marquée par une circulation accrue du chikungunya et de la dengue". Des régions épargnées jusqu'alors sont aussi touchées par les virus transmis par les moustiques : le chikungunya, la dengue mais aussi le virus du Nil occidental. Santé publique France rappelle l'importance de se protéger des piqûres de moustiques, de lutter contre leur prolifération, et de consulter en cas de symptômes évocateurs d'une de ces maladies.

17/09/25 - 16:47 - Un cas autochtone détecté en Centre-Val de Loire pour la première fois

Dans un communiqué, l'Agence régionale de santé Centre-Val de Loire a annoncé qu'un cas autochtone de chikungunya avait été détecté "pour la première fois dans la région". Il a été signalé dans la commune d'Orléans dans le Loiret. Comme à chaque détection de cas autochtones, plusieurs mesures ont été prises : enquête pour détecter la présence de moustique tigre et connaître ou la personne infectée s'est rendue, opération de démoustication. Les autorités sanitaires appellent aussi la population à signaler des symptômes évocateurs du chikungunya.

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