Pourquoi certaines personnes sont-elles somnambules ?
Debouts en pleine nuit, les yeux grands ouverts, les somnambules intriguent toujours les scientifiques. Comment expliquer qu'une personne soit capable d'effectuer des gestes quotidiens tout en dormant ?
Le somnambulisme est un dérèglement du cycle du sommeil, essentiellement présent chez les enfants ; plus de 20% en sont atteints entre l'âge de 7 à 12 ans. Arrivés à la puberté, les adolescents voient, généralement, leur escapade nocturne avortée naturellement, signe d'une maturation complète de leur cerveau. Mais 4% des adultes développent ou conservent ce trouble handicapant qui peut parfois s'avérer dangereux.
En mai 1987, dans les colonnes de faits divers canadiens, on relate l'histoire de Kenneth James Parks. Cet homme a réussi, en plein sommeil, à conduire sa voiture jusque chez ses beaux-parents, à 23 km de chez lui et à les assassiner Jugement rendu par la justice : relax pour cause de somnambulisme. Comment ce phénomène se produit-il ?
Plusieurs formes de somnambulismes
Les neurobiologistes étudient, depuis de nombreuses années, ce trouble du sommeil. Les enfants de plus de 7 ans, et majoritairement de sexe masculin, présentent ce phénomène. Leur somnambulisme se matérialise par des déambulations nocturnes, des brides de conversations, l'exécution de gestes quotidiens simples comme s'asseoir, déplacer une chaise... Les scientifiques parlent de somnambulisme simple ; les adultes le développent aussi. Cette crise n'excède jamais les 10 minutes. Ce n'est pas dangereux mais il faut suivre l'individu pour éviter que celui-ci ne se blesse en tombant d'une chaise ou en dévalant des escaliers. Une reconduite à son lit est toujours conseiller, le tout sans le réveiller.
Le somnambulisme à risque se produit plusieurs fois par semaine et les crises durent souvent plus de 10 minutes. L'individu exécute alors des mouvements dangereux pour lui-même mais aussi pour son entourage : prise d'un objet tranchant, défenestration, chutes dans les escaliers...
Dernier cas, rare mais le plus extrême, le somnambulisme dissociatif. Il apparaît dès l'enfance vers 7 ou 10 ans et persiste à l'âge adulte. Les malades paraissent comme déconnectés de leur environnement, totalement végétatifs, dans un état hypnotique. Ils semblent craintifs, apeurés et développent une grande violence. Contrairement aux deux autres cas, la personne instaure un dialogue très développé mais surtout incohérent pour les proches. L'individu crée un univers qui lui est propre.
Les causes de ce trouble du sommeil
Le cas le plus répandu touche essentiellement les enfants. Les crises de somnambulismes s'estompent naturellement en grandissant. Les chercheurs expliquent que cette réparation naturelle est due à l'arrivée à maturation du cerveau. Les connections nerveuses sont finalisées à l'adolescence. Mais il est avéré que les gènes sont souvent responsables de ce dysfonctionnement. Les malades présentent un membre de leur famille, au premier degré, atteint de somnambulisme ou d'autres troubles du sommeil.
La privation de sommeil pendant des heures déclenche les crises de somnambulisme.
Une équipe de chercheurs canadiens dirigée par Jacques Montplaisir a démontré qu'une privation longue de sommeil provoquait des crises de somnambulisme (travaux publiés dans la revue Annals of Neurology en mars 2008). Il existe d'autres paramètres tels que le stress, la fièvre, la consommation d'alcool et de drogues pour déclencher ces troubles nocturnes.
Les personnes atteintes de somnambulisme à partir de l'âge adulte auraient, selon les psychiatres, connues un événement traumatisant. D'autres neurobiologistes s'attardent aussi sur le lien entre l'épilepsie et le somnambulisme. Il n'est pas rare de voir des épileptiques s'adonner à des virées la nuit dans leur chambre ou ailleurs dans leur maison.
A mi-chemin entre le sommeil et l'état de veille
Le Professeur Antonio Zadra est un spécialiste du sommeil et de ces dérèglements. Actuellement, il est difficile d'expliquer complètement ce qui se produit pendant ces crises, mais Antonio Zadra a réussi a enregistré l'activité cérébrale de patients en plein somnambulisme par un électroencéphalogramme (EEG). Il a constaté qu'en aucun cas, ils ne rêvaient car le tracé ne montrait aucunes ondes électriques caractéristiques de cette phase de sommeil. Par contre, il a observé la présence d'ondes lentes deltas, caractéristiques du sommeil profond, mais aussi d'ondes thêtas et alphas, symboles de la phase d'éveil. Les patients sont dans un état mixte de sommeil et de veille ; ils n'arrivent pas à sauter de l'un à l'autre pour se réveiller.
Le meilleur traitement selon le Pr. Zadra serait l'autohypnose. Au cours d'une séance, on apprendrait au patient à sortir de son état somnambule par le biais d'un stimulus particulier comme le sol froid. Ainsi, lors de sa prochaine crise, il pourrait sortir spontanément de son état en sentant le parterre de sa chambre.
Pour les causes psychologiques telles que le stress, il faut, bien sûr, que le malade supprime toutes les sources responsables de cet état et se relaxe au maximum par la sophrologie, l'acupuncture ou les massages...Parfois, une thérapie est nécessaire pour remonter aux origines du mal.
Une chose à savoir pour les personnes atteintes de somnambulisme : minimiser au maximum votre mobilier dans votre chambre pour éviter de vous y faire mal et pour les cas les plus lourds, installez votre chambre à coucher au rez-de-chaussée pour éviter tout risquse de chute.