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Exploitant de salles
 CINEMA 
Octobre 2005

Les Métiers du cinéma : rencontre avec un exploitant

Simon Simsi : «Il y aura toujours des exploitants parce qu'il restera toujours des passionnés de cinéma qui n'exerceront pas ce métier pour l'argent».
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L'exploitation française
5 302 écrans
2 115 établissements
128 multiplexes
1 024 établissements classés art et essai
la France possède le premier parc européen de salles
la France dispose du quatrième parc mondial derrière la Chine, les E.U. et l'Inde.
Source : CNC (2004)

Vieux de plus d'un siècle, le métier d'exploitant de salle de cinéma a subi de nombreux bouleversements provoquant de terribles émois au sein d'une profession craignant pour sa survie. La commercialisation de la télévision, la naissance des complexes, puis celles des multiplexes, la mise en place des cartes illimitées, l'invention du DVD et la banalisation du piratage furent vécues comme des menaces. Certes, les difficultés existent et les petits exploitants indépendants ont du mal à exister face aux grands groupes. Mais le métier a peut-être encore de beaux jours devant lui. Rencontre avec Simon Simsi, exploitant de salles depuis plus de vingt ans.

Comment êtes-vous devenu exploitant et quel a été votre parcours?
Simon Simsi : Je travaillais dans la publicité et l'affichage pour la société Dauphin. J'avais une bonne situation mais j'avais toujours eu une véritable passion pour le cinéma. Au début des années 80, j'ai sauté le pas. J'ai acheté ma première salle rue des Acacias dans le 17e. Je pensais pouvoir programmer ce que je voulais et je ne me doutais pas qu'il fallait se battre auprès des distributeurs pour obtenir un film. C'est pour cette raison que j'ai décidé de monter ma propre société de distribution que j'ai appelé les Acacias. Je me suis spécialisé dans les films de répertoire, tout en restant ouvert à de nouveaux films. Ensuite, j'ai acheté et revendu plusieurs salles comme le Quartier Latin rue Champollion. J'ai aussi créé en 1994 avec Jean Labadie de Bac Films la société " Les Ecrans de Paris ", une entreprise d'exploitation comprenant le Majestic Passy, puis le Majestic Bastille. Je lui ai tout revendu en 2001. Depuis, il s'en est également séparé. Enfin, il y a trois ans, j'ai racheté le Vincennes avec un associé : Martin Bidou. J'ai aussi pris une participation dans le cinéma Max Linder. Je continue à Vincennes la même politique : maintenir le répertoire, tout en faisant découvrir des œuvres nouvelles.

Que signifie pour vous le mot indépendant dans le milieu du cinéma ?
La réponse n'est pas évidente et c'est un terme à la mode. Selon moi, ce n'est pas une question d'argent. Il s'agit tout d'abord de pouvoir choisir sa programmation et donc de ne pas appartenir à un réseau de salles où les films vous sont imposés comme dans les cinémas UGC ou Gaumont et Pathé. Mais il y a une deuxième condition pour les distributeurs : ne pas être dépendant d'une chaîne de télévision. TFM appartient à TF1 par exemple.

Pensez-vous que les films de répertoire soient un filon à la mode ?
C'est un gros problème. Les films de répertoire sont aujourd'hui complètement galvaudés : on les trouve à prix cassés en DVD, vendus avec des journaux, on peut les télécharger, et beaucoup de salles se mettent à en programmer n'importe comment. Il y a un véritable fossé entre le moment où j'ai débuté dans la profession et aujourd'hui. Autrefois, les films classiques permettaient d'équilibrer financièrement une salle. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Pour vous donner un ordre d'idées, il y a vingt ans quand je programmais Quai des orfèvres, le film réunissait 40 000 spectateurs. Aujourd'hui, je suis content s'il en totalise 6 000. Récemment, j'ai organisé une rétrospective Michael Powell qui a demandé un travail énorme. J'estime que c'est un succès alors que la fréquentation n'a été que de 10 000 spectateurs. C'est d'ailleurs valable pour l'ensemble des films. Il y a trop de films qui sortent et trop de sorties techniques qui encombrent les salles. Il y a un véritable embouteillage sur les écrans. D'un autre côté, les petits exploitants ont du mal à obtenir de programmer des films "porteurs".

Quels sont les grands défis de demain pour les exploitants ?
Le passage à la projection numérique et avoir de bons films à proposer au public. Je ne suis pas complètement pessimiste sur l'avenir de la profession. Bien sûr, le nombre d'exploitants va diminuer parce que le nombre d'établissements se réduit. Mais je pense qu'il y aura toujours des exploitants parce qu'il y aura toujours des passionnés de cinéma qui n'exerceront pas ce métier pour l'argent.

Fiche métier

Qu'est-ce qu'un exploitant ?
En France, une salle peut être exploitée par une personne, une municipalité, une association ou encore une société commerciale. L'exploitant est celui qui dirige une de salle de cinéma. Lorsqu'il est indépendant, il est également le programmateur de sa salle, c'est-à-dire qu'il choisit les films qu'il veut mettre à l'affiche. Il doit aussi obtenir les copies des films auprès des distributeurs et en négocier les droits. Il organise des animations auprès du public et gère l'établissement et le personnel.

La formation
Il n'y en a pas pour ce qui est des indépendants. Mais les circuits de salles exigent généralement des exploitants de multiplexes d'avoir fait des études de commerce.

Les réseaux de salles
MK2
Gaumont et Pathé
UGC
Kinépolis
Cinéville
CGR


Les organisations professionnelles


La FNCF (Fédération Nationale des Cinémas Français)

L'AFCAE (Association Française des Cinémas d'Art et Essai)


En savoir plus
Claude FOREST
,
Les dernières Séances. Cent ans d'exploitation des salles de cinéma, CNRS Economie, Paris, 1995.

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