10 questions à Danny Khezzar, "les étoiles dans les yeux" après Top Chef

10 questions à Danny Khezzar, "les étoiles dans les yeux" après Top Chef Le jeune prodige au rire communicatif qui s'est révélé dans Top Chef nous a confié ses projets depuis qu'il a repris les rênes du Bayview à Genève. Rencontre avec un chef en or.

Il est le candidat dont on se souvient le plus de la quatorzième saison de Top Chef. Jeune chef que rien n'arrête, au regard bleu acier et sourire malicieux, Danny Khezzar avait su se faire une place jusqu'à la finale de l'émission culinaire, après avoir battu tous ses adversaires les uns après les autres dans la Brigade Cachée. A la tête du Bayview by Michel Roth à Genève mais aussi rappeur et chef d'entreprise, le jeune prodige enflamme les réseaux avec ses recettes débordantes de créativité et son style bien à lui. De l'humanitaire à la création de nouveaux restaurants, ce Genevois d'adoption est déterminé à mener de multiples projets de front, en toute humilité.

Linternaute.com : la finale de Top Chef c'était cette semaine. Vous avez connu l'expérience, vous étiez vous même aux portes de la victoire l'an dernier. Aujourd'hui avec du recul, un an après Top Chef, qu'est-ce que cette expérience vous a apporté ?

Danny Khezzar : Ça a été un changement de vie, même si ça a été un coup dur pour moi sur le moment. Je voulais arrêter la cuisine, comme je suis quelqu'un qui se remet beaucoup en question. Comme je n'ai pas gagné, il y a eu cet effet d'affection aussi, c'est très français ! (sourire) Ça a été un choix de cœur donc j'ai eu énormément de messages et d'engouement juste après. Pour les gens, j'avais gagné la Brigade Cachée. Il y a eu beaucoup de soutien de leur part, et ça j'en suis éternellement reconnaissant. Si c'était à refaire je ferais pareil, exactement pareil. Alors que sur le coup j'aurais dit le contraire ! L'après Top Chef, c'est un changement de vie super, que des beaux projets avec des choses incroyables que je n'aurais jamais cru faire grâce à la cuisine et c'est assez dingue de le vivre. C'est très fatigant mais c'est que du plaisir.

Avez-vous un commentaire à faire sur la finale de cette quinzième saison de Top Chef ?

Clotaire est resté dans sa ligne directrice et j'ai beaucoup aimé ça. Jorick a été dans quelque chose de plus simple mais à la fois, il a fait un magnifique parcours, il est très talentueux. Ce sont deux grands chefs, c'était une belle finale. La finale c'est 100 convives, le candidat fait des choix stratégiques ou pas pour le concours, moi j'ai fait l'erreur de ne pas le faire l'année dernière. C'est vraiment un choix personnel du candidat. Mais cela n'empêche pas que ce sont de très bons cuisiniers, peu importe qu'ils gagnent ou pas Top Chef, ils auront des énormes carrières.

Est-il difficile de rester le même chef que vous étiez, de rester authentique une fois que l'on connaît la popularité ?

Oh non, moi je suis quelqu'un de très simple ! (rires) Ça ne change pas grand-chose à part qu'il y a beaucoup de gens qui te connaissent et qui ont l'impression de bien te connaître d'ailleurs et c'est marrant ! Comme je n'ai pas créé de personnage, c'est assez simple de le vivre parce que du coup, je reste juste moi-même à chaque fois. Je pense que le plus dur, c'est d'être dans un personnage et de devoir le jouer de temps en temps. Grâce à Top Chef, j'ai au contraire pu vraiment être moi-même. Avant Top Chef, je cachais d'un côté ma musique, de l'autre côté ma cuisine… En fait, ça a été super de rester moi-même et que les gens aiment cette personne-là.

Danny Khezzar © M6 officiel

Est-ce que vous avez gardé une relation privilégiée avec l'un des jurés de cette année ?

Pierre Gagnaire est toujours un de mes mentors, avec le chef Michel Roth bien sûr, qui est mon mentor principal. Avec Hélène Darroze on se voit beaucoup, elle a aussi été présente après Top Chef et c'est une belle amitié qui s'est créée. J'ai déjà fait 3 quatre mains avec la cheffe en février et mars (dans l'un de ses restaurants, la Villa La Coste dans le sud de la France et deux soirs consécutifs dans mon restaurant Bayview à Genève). J'aimerais bien faire quelque chose avec Pierre Gagnaire comme une collaboration à la télévision. Déjà un 4 mains avec le chef ce serait un rêve.

Après cette folle aventure, vous avez pris les rênes du Bayview by Michel Roth à Genève. En passant de sous-chef à chef, vous vous attelez à défendre une étoile Michelin, est ce que vous visez la deuxième ?

Ca fait un an tout pile que je suis passé chef du Bayview et que j'ai repris l'étoile Michelin. Au mois de mai, j'ai été élu "Cuisinier du mois" par le Gault & Millau. La course aux étoiles, c'est un rêve d'enfant même si je n'aurai pas la prétention de dire que j'aurai ces 3 étoiles un jour. On travaille énormément et j'espère qu'on sera au niveau à un moment ou un autre. 

En parallèle, vous avez des projets pour lutter contre la précarité alimentaire, notamment avec l'association Lazare France pour une "soirée frites pour tout le monde" le 3 juillet à Nantes, d'où vient cet engagement ?

J'ai grandi en banlieue parisienne, dans le 93 à Rosny-sous-Bois. La rue, on la connaît un petit peu. Je sais à quel point c'est dur de perdre tout lien social et ce qui va avec. J'ai toujours été engagé. Plus jeune, je faisais des maraudes, j'aidais tout simplement pour la nourriture. Et maintenant, je veux aller plus loin, aider les gens à se réinsérer dans la vie active. J'ai déjà travaillé dans l'ombre avec l'association Lazare à Genève, avant Top Chef. Cette association accompagne les gens dans la réinsertion, on voit des jeunes actifs avec des personnes âgées en colocation, qui échangent leurs parcours. C'est ce que j'ai vécu quand j'étais plus jeune, avec les grands des quartiers qui avaient du mal à s'insérer. C'est vraiment super, ça crée un lien social. Le 3 juillet, je tiens un foodtruck avec l'association sur la place communale de Nantes, pour une soirée frites ouverte à tous, en collaboration avec notre sponsor Mc Cain qui finance tout ça. Freddy, une des anciennes sans-abris, va mixer. Ce sont tellement des gens touchants.

Vous continuez toujours de faire de la musique avec votre groupe "Les frères Bizzy", créé avec votre ami d'enfance. Est-ce toujours facile de mener cette double vie ?

J'en ai besoin, j'adore, c'est ma deuxième passion. Un deuxième album devrait sortir d'ici peu mais je n'ai pas de date précise. Tout est fait maison, comme toujours.

Vous multipliez les projets divers et variés, il ne manque plus que l'ouverture de votre propre restaurant. Venons-en au fait...

J'ai ouvert un street-food à Genève, le "Sheesh", il y a 4 jours, avec le logo qui a été créé par un de mes abonnés. Ça me permet de créer une cuisine plus accessible pour les gens qui me suivent. On y prépare des katsu sando, ce sont des sandwich préparés avec un pain au lait japonais hyper moelleux, le shokupan, avec de la sauce tonkatsu que j'adore et des condiments comme du bon pesto à l'ail des ours, des marinades d'asperge etc. On décline ma cuisine gastronomique dedans tout en restant accessible. On a d'abord tenu un stand éphémère dans la fan zone de Plainpalais à Genève, mais on fait de la livraison fixe maintenant !

Enfin, il y a un restaurant éphémère à Paris qui va ouvrir dans le 11e arrondissement : La Casa Don Papa, durant un mois et demi à partir de la mi-septembre. C'est une collaboration avec la marque de rhum des Philippines Don Papa. Je suis parti aux Philippines avec eux pour m'inspirer et faire une carte fusion. On va créer une ambiance et une déco très jungle dans l'esprit des Philippines, avec un bar en bas dans l'esprit Speakeasy, bar caché. Ce sera un endroit très sympa dans Paris. Le Bayview étant fermé les dimanche, lundi, mardi, je serai à Paris pendant ces jours OFF et puis je serai là pour l'ouverture. Concernant mon propre restaurant, je suis en train de regarder, j'ai trop de projets en tête !

Un chef en or © Danny Khezzar

C'est quoi pour vous une carrière de cuisinier réussi ? Si vous pouvez citer un grand chef auquel vous vous identifieriez ?

Mon cœur balance entre Pierre Gagnaire et Michel Roth. Un peu un mélange des deux : créativité, rigueur et bonne base de la cuisine française. C'est un peu le bon mélange !

Aujourd'hui vous en avez 28, où vous voyez-vous à 50 ans ?

Avec plein d'étoiles dans les yeux et toujours aussi heureux !