Christophe Dugarry (Consultant sur Canal+) "Que le PSG ait tué le championnat trop tôt, je m'en fiche"
Son métier de consultant sur Canal +, la Ligue 1, l'équipe de France, son rôle de parrain de la Danone Nations Cup... "Duga" s'est confié à Linternaute.com sur son actualité et celle du football en général. Entretien.

Linternaute.com. Vous exprimez aujourd'hui votre passion pour le football dans le rôle de consultant sur Canal ++. Est-ce parti pour durer ?
Christophe Dugarry. J'avais été contacté il y a deux ans par Bein Sports mais la question de partir de Canal + ne s'est pas posée et ne se posera jamais. Je suis trop bien là où je suis, j'apprécie les gens avec qui je travaille, les dirigeants me font confiance. Je suis en fin de contrat en 2016 mais je vais certainement prolonger jusqu'en 2020.
Vos commentaires laissent parfois pointer de l'agacement, ne ressentez-vous pas un peu de lassitude ?
Non... Je ne cache pas que le fait que le PSG et Monaco soient arrivés avec de nouveaux moyens a relancé la machine parce que, par moments, c'était un petit peu long et compliqué. Il y a quelques années, il y a eu la période de Lille plutôt agréable, puis Marseille qui a bénéficié d'un environnement hyper agréable, une émulation dans toute la France mais le jeu était assez moyen. Aujourd'hui avec tous ces grands joueurs, il se passe quelque chose en Ligue 1 qu'on n'a jamais vécu. Cela relance tout le monde, y compris les commentateurs.
La supériorité du PSG et Monaco ne tue-t-elle pas l'enjeu dans le championnat de France ?
Si... mais sincèrement j'ai vu des choses cette année en Ligue que je n'avais jamais vu. Ce que font Ibra, Cavani, Lucas.. Il y a quand même des joueurs sensationnels. Qu'ils aient tué le championnat trop tôt, sincèrement je m'en fiche, je ne suis pas un supporter, ce que je veux c'est du beau football. S'il y a de l'enjeu jusqu'à la 38e journée et que les 37 premières je me suis fais chier, ça ne m'intéresse pas ! Moi ce que je veux, c'est voir du beau football et sincèrement avec le PSG, par moments avec Monaco, j'en ai vu, j'ai vu de grandes choses, des grands joueurs, je me suis régalé.
Un mot sur vos anciens clubs, Marseille et Bordeaux, décevants cette année ? Peuvent-ils rebondir ?
Leur saison est ratée... Pour Bordeaux, ce sera compliqué parce qu'ils n'auront pas plus d'argent l'année prochaine, ils vont perdre beaucoup de joueurs qui sont en fin de contrat. Quelle va être la politique du club ? Je n'en ai aucune idée.
A Marseille, c'est tendu, il y a également beaucoup de questions qui se posent. Qui sera l'entraîneur ? Est-ce que les dirigeants vont rester ? Est-ce que l'actionnaire va mettre de l'argent ? Je pense que l'actionnaire a intérêt à mettre rapidement de l'argent sinon ça va être très compliqué.
On parle de l'arrivée de Marcelo Bielsa en tant que coach à Marseille...
Je pense que l'actionnaire de l'OM a intérêt à injecter rapidement de l'argent dans le club
Vous pouvez mettre Bielsa, Capello, Mourinho... S'il n'y a pas les joueurs qu'il faut, le budget qu'il faut, le projet global qu'il faut, ça ne sert à rien. Si vous faites venir un entraîneur mais sans enveloppe budgétaire pour recruter des joueurs... Quand le président Labrune parle de s'inspirer du modèle du Borussia Dortmund, c'est de la com' ! C'est normal, c'est son boulot de président, mais il n'y a pas de long terme en football, même le moyen terme, ça n'existe pas. Deschamps, il a fait un doublé, il s'est fait virer, Kombouaré il était premier, il s'est fait virer... Il faut des résultats le plus rapidement possible et il n'y a qu'une solution pour y arriver, c'est d'avoir de l'argent. Ce n'est pas une garantie mais ce qui est sûr, c'est que sans argent, on n'y arrive pas. Montpellier, champion de France en 2012, a été une exception.
Au sujet des Girondins de Bordeaux, vous aviez dit il y a quelques années, que si le président Triaud partait, vous seriez prêt à prendre vos responsabilités. Qu'en est-il aujourd'hui ?
(Il coupe). Cela ne m'intéresse pas... Il faudrait un vrai projet, un vrai actionnaire qui mette de l'argent, une rencontre humaine qui fasse que je me dise "je relève le challenge". Mais aujourd'hui, c'est impossible, zéro chance, je suis trop bien à Canal, je suis amoureux de ce que je fais, ça me convient parfaitement, ça m'épanouit dans ma vie professionnelle et ma vie d'homme.
Les exemples de Zidane, ou Pirès (qui a déclaré récemment qu'il envisageait de passer ses diplômes), ne vous donnent pas envie de devenir entraîneur ?
S'ils voient leur vie comme ça, tant mieux ! Je respecte tout à fait les choix de Vieira qui entraîne l'équipe réserve de Manchester City, ou de Zizou qui a envie d'être de 8h du matin à 9h du soir au centre d'entraînement du Real Madrid. Moi, j'ai envie de faire autre chose dans ma vie, j'ai envie d'aller à la pêche, j'ai envie d'aller au golf, j'ai envie de partir en vacances avec mes enfants, j'ai envie de voir du pays, de voyager.
Je ne peux pas devenir entraîneur, j'ai envie d'aller à la pêche, au golf...
Un mot sur la Coupe du monde : êtes-vous optimiste pour l'équipe de France ?
On est en droit de l'être avec ce que l'équipe a montré sur les derniers matchs. La qualité de jeu est également essentielle si on veut travailler dans la sérénité en vue de l'Euro 2016, qui aura lieu en France. Le minimum sera de sortir des poules. Faire un quart de finale serait bien, une demi-finale serait géniale, et plus haut ce serait exceptionnel. Et même s'il n'existe aucune garantie en football, c'est toujours mieux d'avoir Didier Deschamps comme entraîneur.
Imaginez-vous une surprise dans la liste des 23 joueurs sélectionnés pour la Coupe du monde ?
Non. Je suis ravi que Griezmann ait été appelé, il peut être la bonne surprise. Sinon, Thauvin, Lacazette, non, je n'y crois pas. Ce n'est pas forcément un problème d'état d'esprit, je ne les connais pas, mais leurs performances sont pour l'instant insuffisantes. Selon moi, on a un problème au poste d'arrière gauche où personne ne s'est vraiment imposé. Trémoulinas ? Pourquoi pas, il a des qualités offensives intéressantes...
Vous êtes parrain de la Danone Nations Cup (tournoi de football mondial pour les 10-12 ans). Pouvez-vous nous préciser votre rôle dans ce projet ? Qu'est-ce qui vous a convaincu d'y participer ?
J'ai joué le même genre de compétition quand j'avais 12 ans avec mon petit club de Lormont (banlieue bordelaise). J'avais eu la chance de monter à la capitale pour jouer contre le PSG, Marseille... Donc lorsque Danone m'a contacté, cela m'a parlé tout de suite. C'est un souvenir mémorable pour moi. C'est une manière de retomber en enfance, c'est génial. "Zizou" qui est également ambassadeur de cette compétition, m'en avait également parlé. Et puis, le foot c'est ma passion, tout simplement.
Quels sont les atouts de la Danone Nations Cup ?
Par rapport à ce que j'ai vécu à l'époque, la compétition est aujourd'hui beaucoup plus structurée, avec davantage de moyens. Les enfants ont la chance de rencontrer des centres de formation, d'aller jouer dans le stade de Wembley en Angleterre, au Brésil... C'est aussi l'occasion pour les parents de découvrir les centres de formation, les structures... C'est le premier contact avec le rêve possible. Et puis, il y aura forcément des jeunes participants qui deviendront professionnels un jour. J'ai vu 2-3 jeunes qui m'ont impressionné, notamment dans les clubs de région parisienne. Si j'avais été agent de joueurs, je ne les aurais pas fait signer mais j'aurais discuté avec les parents...
La 15e édition de la Danone Nations Cup
Cette Coupe du monde pour les moins de 12 ans, créée par le Groupe Danone, rassemble 300 équipes et 3 300 enfants qui s'affrontent d'abord dans cinq tournois régionaux, à Evian, Bordeaux, Valenciennes, Paris et enfin à Marseille où aura lieu la finale nationale le 10 mai. L'équipe qualifiée représentera la France au Brésil pour la finale mondiale, face aux 31 autres équipes des pays participant à la compétition.
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