L'ancien capitaine de l'équipe d'Israël choisit de jouer pour la Palestine - il explique sa décision

L'ancien capitaine de l'équipe d'Israël choisit de jouer pour la Palestine - il explique sa décision Il était la pépite du football israélien, portant même le brassard de l'équipe Espoirs, mais il a décidé cet été de représenter la Palestine. Il s'est récemment confié sur cette décision politique.

Un prodige du football israélien a fait sensation en changeant de nationalité sportive pour représenter la sélection de Palestine. Ataa Jaber a pourtant représenté Israël dans les catégories de jeunes jusqu'à devenir capitaine de la sélection Espoirs en 2015, et il a même fait toute sa carrière dans le championnat israélien. Il était le premier capitaine arabe d'une équipe israélienne. Mais cet été, il a choisi, pour des raisons politiques qu'il a développées en interview, de représenter la Palestine. Il a donc fait ses débuts sous ses nouvelles couleurs lors d'un match amical contre l'Indonésie le 14 juin dernier.

Ataa Jaber a en fait entamé les démarches pour changer de nationalité sportive il y a près de deux ans, mais il vient tout juste d'obtenir les documents nécessaires délivrés par l'Autorité Palestinienne. Dans une récente interview à Arab News, il explique ce qui a motivé sa décision : "Après ce qu'il s'est passé à Sheikh Jarrah, j'ai réalisé qu'il était impossible de séparer la politique du sport". Ce quartier de Jérusalem est marqué par des affrontements violents, qui ont fait des centaines de blessés depuis 2021, entre des habitants palestiniens et l'armée israélienne, suite aux évictions de dizaines de familles arabes.

Ataa Jaber évolue désormais pour le club de Neftchi Bakou en première division d'Azerbaïdjan, sa première expérience à l'étranger. Lorsqu'on lui demande pourquoi ce changement de nationalité sportive, il confie : "Premièrement parce que je suis palestinien, deuxièmement parce que j'en ai la possibilité et enfin, troisièmement, de manière à envoyer un message aux joueurs de l'autre côté de la Ligne verte, pour leur dire que ce choix est possible pour eux aussi. Les joueurs palestiniens à l'intérieur de la ligne verte craignent de prendre une telle décision qui nuirait à leurs sources de revenus, surtout quand ils ne peuvent pas jouer à l'étranger comme moi. Il y a des obstacles, mais pour celui qui le décide et qui veut jouer pour la Palestine, son parcours sera plus facile".

Celui qui a été formé au Maccabi Haïfa depuis ses 6 ans disait pourtant, lors d'une conférence de presse en 2015 et alors qu'il jouait pour l'équipe d'Israël : "Je ne pense pas qu'il faille mélanger la politique et le sport et j'espère que lorsqu'il y aura vraiment la paix nous ne parlerons que de sport". Dans son interview pour Arab News, il explique cette année qu'il s'est émancipé de cette idée : "En Israël, on élève les joueurs arabes dans le narratif que le sport ne doit pas être mêlé à la politique, que l'on représente sa communauté, que l'on aura une voix et que l'on n'est pas obligé de chanter l'hymne israélien". Au moment où les tensions sont à leur paroxysme après les actions terroristes menées par le Hamas et les représailles sur Gaza menées par l'Etat d'Israël, ce témoignage souligne la complexité des identités et des situations personnelles, y compris dans le sport, au milieu de ce conflit armé.