Favori pour plusieurs médailles d'or, Alexandre Léauté a failli tout arrêter à cause d'une dépression
À 23 ans, Alexandre Léauté devrait être l'un des visages de la délégation française pour les Jeux paralympiques. Avec 13 titres de champion du monde sur la piste et six titres sur route, le cycliste né dans les côtes d'Armor concourt en catégorie MC2 et a perdu 95% de sa puissance musculaire du côté droit de son corps suite à un accident vasculaire cérébral à la naissance.
Il y a quelques mois, en mars 2024, Alexandre Léauté a remporté quatre titres sur piste lors des derniers championnats du monde à Rio sur la poursuite, le kilomètre, l'omnium et le scratch. Ne pédalant qu'avec sa jambe gauche, Alexandre Léauté roule sur un vélo adapté avec les freins et les changement de vitesse au niveau de la main gauche. Le Français avait déjà impressionné à Tokyo en 2021 pour ses premiers Jeux paralympiques à seulement 20 ans, avec un titre sur la poursuite et quatre médailles au total.

Cette performance a fait de lui le porte-drapeau pour la cérémonie de clôture, et lui a donné une notoriété nouvelle. Cependant, les sollicitations ont pesé sur le cycliste, qui a révélé dans un entretien au quotidien L'Equipe avoir pensé à tout arrêter "J'avais envie de dire oui à tout pour ne froisser personne. J'avais peur d'être désagréable. Mais il fallait que je passe ce cap, que j'apprenne à dire 'non'. J'ai fini par comprendre que, si je ne le faisais pas, c'est mon corps qui allait céder. La tête, elle, avait déjà lâché..."
Il explique notamment avoir souffert de dépression durant les mois précédant les derniers mondiaux en raison des très fortes attentes autour de ses performances pour les Jeux. "Je ne me sentais pas légitime à me sentir mal, verbalise-t-il. Je vis un truc de ouf, je vis de mon métier, pleins de gens rêveraient d'être à ma place. Dans ma vie, tout est extraordinaire alors que je sais que, pour certains, c'est difficile de se lever le matin pour aller travailler. Je ne pouvais pas m'autoriser à me plaindre."
C'est grâce à l'aide de ses coéquipiers et de son entraineur qu'Alexandre Léauté a réussi à se recentrer sur son objectif des Jeux paralympiques. "Ils m'ont sorti la tête de l'eau. Je ne me sens toujours pas légitime pour me plaindre, mais je vais mieux"