De Gaulle, bâtisseur : de la reconstruction à la désillusion
Au milieu d'un cycle consacré au général de Gaulle, France 3 diffuse ce lundi 16 novembre, à 21h05, un documentaire qui se penche sur le "bâtisseur" de l'après-guerre et des années 1960. Un point de vue original, mais aussi très critique sur la reconstruction et les Trente Glorieuses...
Au milieu d'un cycle consacré à Charles de Gaulle, à l'occasion des 50 ans de sa mort, France Télévisions dresse un nouveau portrait original du général, ce lundi 16 novembre, avec un nouveau documentaire diffusé à 21h05 sur France 3. Après le parcours de "l'artiste" De Gaulle (France 5) et "l'histoire d'un géant" (France 2) ces derniers jours, De Gaulle, bâtisseur se penche cette fois sur un autre profil du personnage : celui du grand architecte de la reconstruction. Le programme inédit, réalisé par Camille Juza (L'empreinte, Tous musclés, La Fabrique d'Arnold Schwarzenegger), s'intéresse essentiellement à la période gaullienne de l'après-guerre jusqu'à la mort du premier président de la Ve République, en novembre 1970. Une période de redressement, de grands travaux, de modernisation et de consommation, pilotés par l'Etat, qu'on appellera bientôt les Trente Glorieuses. Le document souligne le rôle essentiel du héros de la Libération pendant ces trente années, sans en gommer pour autant les dérives.
La bande annonce
"De Gaulle, bâtisseur : la bande annonce"
Le documentaire Gaulle, bâtisseur commence en 1944, dans une France dévastée par la guerre, où le rationnement est toujours d'actualité et où 5 millions de Français sont privés de logement à cause des bombardements. De Gaulle prend les rênes du pays avec la conviction que l'Etat doit piloter toutes les facettes du redressement, pour faire prévaloir l'intérêt général sur l'intérêt particulier. Naîtront de cette conviction des nationalisations, mais aussi un ministère de la Reconstruction et un appel massif aux architectes, chargés d'imaginer "la France de demain". De Gaulle est aussi frappé à l'époque par ses premiers voyages aux Etats-Unis, où il est reçu dès 1945. Il y observera avec une certaine envie la modernité et la puissance américaines, incarnées par les tours et l'extrême densité des mégalopoles comme New York. En France, le général lancera immédiatement d'importants chantiers, mais aussi un programme nucléaire ambitieux. Sa vision sera vite troublée par les soubresauts politiques et les tensions ouvrières qui aboutiront à sa démission en 1946. Mais la marche du pays vers la modernité va se poursuivre, une période lors de laquelle aucun sacrifice ne sera épargné aux Français pour relever le pays, sous perfusion du Plan Marshall.
Le retour en 1958 et la modernisation à marche forcée
En 1958, Charles de Gaulle reprend finalement le pouvoir après 12 années de traversée du désert. L'homme est toujours fasciné par le progrès et la modernité et décide d'accélérer la métamorphose de la France. Il reprend les chantiers lancés en 1945, comme celui du nucléaire, impulse la construction du périphérique parisien qui permet de faire le tour de la capitale sans croiser un seul feu rouge, de l'autoroute du soleil, du RER, de la raffinerie de Lacq. Il accompagne le remembrement des campagnes, l'aménagement touristique du littoral languedocien, ou encore les maison de la culture, idée de son ami André Malraux.
Pendant toutes ces années, les grands travaux s'enchaînent, du barrage de Tignes, imposé à la population dès 1948, au déménagement les Halles à Rungis en février 1969, à quelques semaines du départ du général, en passant par la reconstruction du Havre à la hâte, ou la rénovation de l'aéroport d'Orly, qui devient bientôt le plus grand aéroport d'Europe ("une des plus frappantes réalisations françaises"). C'est aussi le début des "grands ensembles", comme à Sarcelles, de la Cité Radieuse de Marseille, ou de la Cité de la Grande borne que de Gaulle ne verra pas de son vivant.
Derrière ces grandes réalisations, le film raconte l'histoire de cette génération qui a dû rebâtir un pays dévasté par la guerre et inventer une "France nouvelle", parfois à marche forcée. Au-delà des murs de béton, elle a créé une société de consommation, lancée à plein régime, qu'il est difficile d'arrêter aujourd'hui. Côté pile, on retrouve le confort moderne, la civilisation de la vitesse, l'école pour tous avec la multiplication des groupes scolaires, la révolution agricole et le premier Salon de l'Agriculture, en 1964. Le tout avec l'ambition légitime de la décentralisation qui passera par la création de la Datar (Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale) et aboutira à l'édification des "villes nouvelles".
"Le progrès, mais pas la pagaille"
Côté face, on va voir émerger les blocs HLM, les cités dortoirs construites trop vite et trop mal, qu'on ne pourra bientôt plus entretenir et qui deviendront des lieux de ségrégation. La société de consommation va tout emporter, avec notamment la voiture reine, à la portée de tous, et le tourisme de masse. On assistera à la fin de la paysannerie et du bocage, remplacés par l'agriculture intensive. Les premiers questionnements sociaux seront soulevés sur fond de flux migratoires massifs pour apporter une main-d'œuvre bon marché aux grands chantiers. Mais de Gaulle veut alors pour la France ce que "la ménagère veut dans sa maison", selon ses propres termes : "le progrès mais pas la pagaille". Une première rupture va alors s'opérer avec la génération de Mai 68, qui va rejeter en bloc la société idéale de ses parents. Une société qui a abouti, selon les jeunes insurgés, à un consumérisme dévastateur et à une injustice sociale intolérable.
Après la mort de Charles de Gaulle, le chemin sera pourtant repris sans dévier par George Pompidou dans les années 1970, un successeur qui vantera à la télévision, graphique à l'appui, l'impressionnante courbe de la croissance française, une "croissance échevelée" et "libérale" assumée, avec ses "millions de voitures et de machines à laver" vendues aux Français. Le documentaire s'achève sur la question environnementale, lourdement posée désormais, et avec les images de René Dumont, premier candidat écologiste à une présidentielle, en 1974. Un des premiers à avoir démystifié et désenchanté les Trente Glorieuses.
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