Techno, métal et sorcellerie... On a trouvé la chanson la plus repoussante de l'Eurovision 2024

Techno, métal et sorcellerie... On a trouvé la chanson la plus repoussante de l'Eurovision 2024 Attention à vos oreilles ! Cette chanson "hyperpunk", mixant techno, métal industriel, des références à la sorcellerie et des paroles de souffrance, a vraiment tout pour (dé)plaire à l'Eurovision 2024.

L'Eurovision 2024 s'annonce déjà comme une édition animée. Si les polémiques reviennent chaque année au sujet des petits arrangements géopolitiques du concours, les débats artistiques et esthétiques ne sont pas en reste. Parmi les chansons candidates cette année, un titre attire déjà la controverse critique et polarise les amateurs de l'Eurovision. Entre les classiques, défenseurs d'une chanson de variété standardisée à grosses voix, et les dynamiteurs, qui prônent les prestations originales, décalées voire totalement déjantées, la hache de guerre est déterrée.

La chanson qui agite les critiques cette fois est un titre "hyperpop" improbable qui mêle techno, electro-punk et métal. Le tout enrichi par une imagerie puisée dans la sorcellerie et des sujets de société parfois dérangeants, comme la dysmorphophobie ou la souffrance mentale. La chanson, "Doomsday Blue", interprétée par Bambie Thug, est présentée comme un "breakdown électro-métallique", inspiré par la douleur liée à un amour non partagé. Elle débute par plusieurs déflagrations semblables à celles d'un orage et des incantations difficilement audibles de la chanteuse. Suivent plusieurs couplets et refrains rêches, violents et saccadés, sans mélodie clairement définie, entre métal industriel hard core et glam rock, jamais très loin d'une musique souvent cataloguée comme "gothique".

© EBU/Lily Lytton

Les paroles, quand on arrive à les comprendre, sont tout aussi déchirantes, avec l'utilisation de "sorts", dont l'incantation "Avada Kadavra", dérivée de l'araméen et popularisée par la franchise Harry Potter. Bambie Thug, l'alias de Bambie Ray Robinson, a expliqué ne pas être fan de J.K. Rowling en raison de ses vues sur les questions transgenres, mais apprécie l'art de jouer avec les mots. Des mots, il y en a d'autres d'ailleurs, tout aussi joyeux : "je parle pour détruire / A travers des langues tordues, un sortilège déployé sur toi / je vois les cicatrices dans tes yeux"...

Dans le clip dévoilé sur le site officiel de l'Eurovision, la chanson, qui représentera l'Irlande du 7 au 11 mai lors de la phase finale du concours en Suède, est accompagnée d'images de l'artiste, longs cheveux noirs et maquillage sombre sur un visage blanchâtre, manipulant de multiples objets à la dimension satanique, dans un univers crépusculaire, un intérieur inquiétant, une salle de bains glauque... La caméra bouge tant qu'elle peut donner le mal de mer aux coeurs les plus sensibles.

Si elle a reçu des critiques positives lors du concours de présélection dans son pays, "Doomsday Blue" reste, il faut le dire, une expérience assez traumatisante. Le morceau a aussi suscité la colère des conservateurs, de l'extrême droite et d'une partie de l'église en Irlande, qui y voient un "nonsense woke" et une atteinte à la culture traditionnelle irlandaise. Plus de 2000 personnes ont signé une pétition appelant à sa disqualification. Des critiques qui, pour certaines, sont directement liées à l'orientation de Robinson, qui se présente comme "non binaire" et a plusieurs fois témoigné de ses expériences en tant que membre de la communauté LGBTQ+ dans l'industrie musicale. Pour ne rien arranger, elle dit aussi pratiquer réellement la sorcellerie, en particulier la magie des sceaux et signes occultes. De quoi tout de même donner quelques frissons.