Les compagnies aériennes, championnes de la discrimination

Les compagnies aériennes, championnes de la discrimination La baisse du prix des billets d'avions en classe économique démocratise progressivement les déplacements en avion. Bientôt tous égaux ? Pas si sûr, puisque de nombreuses compagnies pratiquent encore des formes de discrimination.


En juin 2011, la compagnie low cost easyJet a relancé le débat de la discrimination dans les avions. Elle a fait grincer des dents outre-manche à cause de sa politique concernant les fauteuils roulants. Une mère de famille s'est entendue dire par la compagnie que son fils de 12 ans, qui souffre d'une dystrophie musculaire, ne pourrait pas prendre l'avion. En effet, il ne peut se déplacer sans son fauteuil électrique, qui pèse 90 kg. Or, easyJet n'accepte aucun fauteuil de plus de 60 kg. Les associations de malades atteints de dystrophie ont déjà pointé du doigt la seule compagnie qui pratique encore ce type de discrimination. Elle n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai ! La compagnie low cost avait été poursuivie par la Halde en 2010 pour avoir refusé d'embarquer une passagère handicapée qui n'avait pas d'accompagnateur.

Y a-t-il un enfant dans l'avion ?

Bien entendu, il ne s'agit pas de l'unique compagnie à faire des différences entre ses passagers. Le 28 juin 2011, la Malaysia Airlines a annoncé que les enfants en bas âge ne seraient plus acceptés en Première Classe, ce qui exclut désormais une part des couples de la partie la plus luxueuse de l'avion. Certes, les autres passagers, qui paient leur place très cher, ne risquent plus d'être dérangés en avion, mais cette décision a provoqué un véritable débat. Tant qu'à faire, autant réaliser un espace dédié aux familles, comme la SNCF le fait avec ses iDTGV. Plus grave, le 2 juillet 2011 un commandant de bord de la compagnie Tunisair a refusé à deux reprises l'accès en cabine à une mère accompagnée de son enfant autiste, sous prétexte qu'il était trop agité. Choquée par la réaction excessive du pilote, la mère a porté plainte.

Surcharge de taxes

De son côté, Ryanair a sondé ses passagers il y a quelques années afin d'avoir leur avis sur une taxe qui serait appliquée à toutes les personnes obèses. Si cette idée saugrenue a finalement avorté malgré l'appui du public, d'autres ont tenté de régler le cas des voyageurs en surpoids. La compagnie Air France a pris une disposition en 2010, qui consiste à faire payer deux places aux personnes en surcharge pondérale, sans pour autant que ce soit obligatoire. Elle applique un principe assez semblable à celui d'United Airlines, qui fait payer un deuxième siège seulement s'il n'y a pas de second siège libre dans l'avion. La perspective de faire des tarifs en fonction du poids ou du tour de taille est particulièrement choquante, surtout qu'il suffirait de mettre en place des sièges spécifiquement conçus pour les personnes souffrant de cette maladie, qui y seraient tout de même plus à l'aise.

Pas de Saint Valentin pour les homosexuels

Les inclinations sexuelles semblent être elles aussi cause de discriminations. En 2005, la compagnie roumaine Tarom s'est vue épinglée par les associations de défense des droits des homosexuels car une de ses offres promotionnelles pour les couples comportait la condition que les deux personnes soient de sexe opposé. Si l'histoire n'est pas restée dans les mémoires, elle démontre une forme de ségrégation presque commune, ordinaire. Il est fort probable que le but de la compagnie était seulement de réserver l'offre aux véritables couples et non à tout un chacun, et qu'ils ont tout simplement fait preuve d'une grande maladresse.

Ni noir, ni musulman

Qui aurait cru que la couleur de peau ou la religion pouvaient empêcher d'entrer dans un avion ? Pourtant, en 2010, la Halde a condamné la compagnie Corsairfly pour avoir fait preuve de discrimination par l'origine. Une Réunionnaise qui souhaitait partir en avion depuis Lyon a été sommée de présenter son passeport à l'embarquement, car on doutait de sa nationalité française. Les autres passagers n'ont semble-t-il pas été inquiétés... Pour les 9 passagers musulmans de la compagnie AirTran en 2009, l'histoire est allé bien plus loin puisqu'ils ont été débarqués et interrogés uniquement parce que l'un d'entre eux avait signalé que les réacteurs étaient près de son hublot. Une parole de terroriste, à n'en pas douter, pour les membres de l'équipage... Bien entendu, la compagnie a présenté ses excuses aux victimes de cette méprise, mais les entreprises devraient prendre garde à ne pas perpétuer ce type de comportement, qui donnent l'impression qu'il existe deux niveaux de clientèle.

Que faire si vous subissez une discrimination de la part de votre compagnie aérienne ?

Si vous vous rendez compte avant d'entrer dans l'avion ou une fois sur place qu'il existe une forme d'inégalité à votre désavantage pour des raisons d'origine, de sexe ou de condition physique, tentez avant toute chose d'en faire part aimablement au personnel de bord. Il peut s'agir d'un comportement isolé ou d'une maladresse. En France, vous pouvez également saisir la Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité), qui est l'autorité compétente en cas de discrimination avérée, afin qu'un jugement soit rendu. Veillez à garder contact avec un ou plusieurs passagers qui ont observé le comportement à votre égard pour qu'ils témoignent.

  Le site de la Halde

Par la loi organique n°2011-333 du 29 mars 2011, le Défenseur des droits a succédé au Médiateur de la République, au Défenseur des enfants, à la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) et à la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS). Si vous êtes victime d'une discrimination, vous pouvez saisir le Défenseur des droits.