Bernard Arnault : pourquoi veut-il devenir belge ?
[Mis à jour le 11/09 à 14h42] Bernard Arnault est au centre de toutes les attentions depuis les révélations ce week-end de la presse belge dévoilant les intentions du PDG de LVMH de demander la nationalité belge. Alors que d'aucuns s'empressent de voir là une future évasion fiscale, rappelons que devenir citoyen franco-belge ne sert à rien en la matière, puisque c'est le lieu de résidence qui détermine la nature et le montant des impôts à payer. Bernard Arnault n'a donc pas besoin de devenir belge pour s'exiler fiscalement...
"M. Bernard Arnault précise qu'il est et reste résident fiscal français", a tenu a préciser un communiqué officiel, publié en réaction aux dernières révélations de la presse. "L'obtention éventuelle de la double nationalité franco-belge ne change rien à cette situation, ni à sa détermination de poursuivre le développement du groupe LVMH et les créations d'emplois qui en sont la conséquence en France" poursuit le texte. Dont acte. Que cache alors la demande de nationalité belge ? Bernard Arnault a probablement une idée derrière la tête, mais laquelle ?
Selon l'entourage du milliardaire qui s'est empressé de désamorcer la bombe, Bernard Arnault n'aurait aucune arrière-pensée. Il souhaiterait simplement devenir belge pour faciliter des "investissements sensibles" dans le pays via son groupe privé, le groupe Arnault. Voilà qui laisserait entendre un rapprochement entre le Français et la première fortune de Belgique, Albert Frère, actionnaire du groupe LVMH. Le milliardaire belge est un grand ami de Bernard Arnault et leurs activités respectives pourraient bientôt se rapprocher de manière considérable. Rachat ? Fusion ? Le groupe français dément vouloir acquérir l'empire d'Albert Frère mais il sera plus aisé à Bernard Arnault de réaliser des opérations de transactions en ayant la nationalité belge.
Ce matin, Albert Frère s'exprimait sur ce sujet dans Le Figaro, démentant tout projet à venir avec Bernard Arnault : "nous avons par le passé réalisé des investissements en commun dont nous sommes ravis. Et nous le referons avec plaisir. [Cependant] nous n'avons aujourd'hui aucun projet concret" a-t-il confié dans les colonnes du journal, rajoutant que la succession du groupe belge était "une affaire réglée depuis 1982".
Autre hypothèse, Bernard Arnault pourrait très bien envisager, et ce malgré ces dires, un exil fiscal à long terme. Si la Belgique n'est pas un paradis fiscal, la principauté de Monaco, elle, en est une. Et le milliardaire n'ignore pas qu'un contribuable français domicilié à Monaco ne peut s'exonérer des impôts français, en vertu d'une conventions fiscale établie entre l'Hexagone et le Rocher. En revanche, s'il se débarrassait à terme de la nationalité française, Bernard Arnault, belge et domicilié à Monaco, échapperait à l'impôt.
Enfin, Bernard Arnault a peut-être pris peur lorsque Nicolas Sarkozy avait proposé que l'impôt soit lié à la nationalité afin de lutter contre l'évasion fiscale. La mesure pourrait bien revenir sur la table des fiscalistes français et de Bercy dans les prochains mois ou les prochaines années. Bernard Arnault anticiperait ainsi un exil fiscal plus difficile à effectuer dans le futur.