Ghislaine Dupont et Claude Verlon : les deux journalistes enlevés au Mali exécutés

Ghislaine Dupont et Claude Verlon : les deux journalistes enlevés au Mali exécutés Les deux journalistes de RFI avaient été enlevés dans les environs de Kidal, dans le nord du Mali. C'est un préfet de la région, cité par Reuters, qui a annoncé la mort de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Les décès ont été confirmés par le gouvernement.

Leur avenir était déjà considéré comme "incertain". Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux journalistes français enlevés au Mali, ont été exécutés ce samedi 2 novembre 2013. Une information confirmée par le ministère des Affaires étrangères vers 18h30. Les deux envoyés spéciaux de Radio France Internationale (RFI) étaient en reportage à Kidal, dans le nord-est du pays. On apprenait quelques heures plus tôt qu'ils avaient été enlevés "par des hommes armés", selon l'AFP qui se basait alors sur des "sources militaires et sécuritaires maliennes".

C'est l'agence Reuters en revanche, citant "un préfet de la région de Kidal", qui a apporté la première la nouvelle de leur mort, évoquant "une exécution". Les forces de sécurité maliennes et des sources touarègues du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) avaient confirmé l'information avant le Quai d'Orsay, rapporte le journal le Monde sur son site Internet. Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été exécutés par leurs ravisseurs à l'extérieur de la ville. Le quotidien, qui cite Paul-Marie Sidibé, préfet de la localité de Tinzawaten, évoque des "corps criblés de balles". RFI quant a elle avait confirmé plus tôt dans la journée l'enlèvement de ses reporters, mais affirmait depuis être sans nouvelle avant le communiqué du ministère.

L'enlèvement de Ghislaine Dupont et Claude Verlon a eu lieu au domicile d'un cadre du MNLA à Kidal, Ambéry Ag Rissa, que les reporters venaient d'interviewer. Ce dernier aurait entendu des "coups de crosse portés contre le véhicule" des reporters a rapporté RFI dans l'après midi. C'est quand il a entrouvert sa port que les ravisseurs se sont saisis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon et les ont conduits de force dans leur 4x4 beige. Un hélicoptère de la force d'intervention Serval aurait tenté de prendre en chasse le pickup, mais trop tard selon les informations diffusées sur RFI en cette fin de journée.

Claude Verlon et Ghislaine Dupont : des journalistes expérimentés

Claude Verlon et Ghislaine Dupont étaient en reportage à Kidal, berceau de la communauté touareg, en prévision d'une édition spéciale de RFI consacrée à la région et programmée début novembre. Selon les premières informations, ils avaient quitté Bamako quatre jours avant leur kidnapping. Ils s'étaient déjà rendus sur place il y a quelques semaines, lors du premier tour de l'élection présidentielle. Ils avaient rendez-vous près de la Banque malienne de solidarité (BMS) de Kidal. Selon le Nouvel Observateur, les deux reporters avaient avaient fait la demande d'une escorte militaire aux officiers de l'opération Serval, mais celle-ci leur avait été refusée, compte-tenu des risques encourus dans cette zone, parmi les plus dangereuses du Mali. Malgré les conseils des militaires, les deux journalistes avaient décidé de se rendre sur place par leurs propres moyens.

Claude Verlon et Ghislaine Dupont étaient des journalistes chevronnés et avaient une solide expérience de l'Afrique. Entrée à RFI dans les années 1990, Ghislaine Dupont était reconnue comme "un pilier du service Afrique" de la radio. Elle avait notamment été expulsée en 2006 de la République démocratique du Congo pour un traitement du conflit avec les rebelles qui avait déplu aux autorités. Son traitement des élections de juillet 2006 en RDC avait durablement brouillé les autorités congolaises avec RFI. Ghislaine Dupont avait alors été soutenue par l'ensemble de la profession et notamment par la Fédération internationale des journalistes. Journaliste technicien, Claude Verlon avait lui aussi une forte expérience du continent africain.

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Deux articles sur Ghislaine Dupont et Claude Verlon publiés dans la soirée sur le site de RFI. © RFI.fr

Des représailles à l'intervention française au Mali ?

Une opération de grande ampleur a été récemment menée au Mali par les forces françaises, maliennes et de l'ONU pour "lutter contre le terrorisme et permettre la tenue des élections législatives selon le calendrier prévu". Lancée le dimanche 20 octobre, l'opération Hydre pourrait être liée au sort des deux otages, tout comme l'opération Serval, visant à chasser les islamistes qui avaient pris le contrôle du nord du pays en début d'année. Alors que les quatre otages détenus depuis trois ans dans le Sahel, après avoir été enlevés en 2010 à Arlit, au Niger, ont été libérés, un otage français reste toujours détenu au Mali.

EN VIDEO - Témoignage d'un collègue des journalistes de RFI.

"Ghislaine Dupont, une journaliste aguerrie et passionnée par l'Afrique"