Qu'est ce qui pose problème dans Le Métronome de Lorant Deutsch ?
Lorant Deutsch est l'une des grandes stars de l'édition de ces dernières années, avec près d'1,5 million d'exemplaires du "Métronome" vendus depuis 2009 et une adaptation télé depuis plusieurs mois. L'ambition du comédien était tout à fait louable : raconter l'histoire de la capitale, de manière ludique, au fil des stations de métro. Mais le succès de ce "passionné" déplaît à certains historiens, agacés qu'un ouvrage sans réelle méthodologie scientifique devienne une référence pour beaucoup de nos concitoyens, à commencer par les médias (notamment France Télévision qui a adapté l'ouvrage pour 1 millions d'euros). Mais que lui est-il exactement reproché ?
Tout d'abord le manque de rigueur universitaire. Pas de bibliographie, pas de source. Impossible, donc, de vérifier ses dires ou d'aller plus loin sur les thèmes qu'il aborde. Ensuite, au moins une vingtaine d'erreurs factuelles, recensées par le site (très caustique) Goliard(s). Parmi elles, des erreurs de date, notamment sur le sacre de Philippe Auguste, ou sur la construction du Louvre par le père de Clovis (alors que celle-ci a été entamée sept siècles plus tard)...
Mais ce sont les nombreuses approximations et les hypothèses non étayées qui provoquent le plus de critiques à l'égard de l'ouvrage. Par exemple, la thèse d'une Jeanne d'Arc demi-soeur du roi Charles VII n'est pas suivie d'éléments permettant de justifier ou de corroborer cette affirmation... Idem pour la supposée relation amoureuse entre Dagobert et Saint-Eloi, ou pour la "générosité" de Martin de Tours qui aurait sauvé des lépreux, ou encore pour le courage de Eudes de France, "véritable héros", qui aurait sauvé à lui-seul Paris des Vikings. Peu de précisions, donc. Ce à quoi il faut ajouter un style peu académique, qui a tendance à mettre sur le même plan - notamment à cause de l'emploi systématique de l'indicatif en toutes circonstances - les faits avérés et les légendes (pacte avec le diable, mort d'une bête mystérieuse, miracles...).
Enfin, le livre et plus encore les adaptations télé ont tendance à décrire les événements de la Révolution française comme une rébellion terrible et une attaque souvent injuste contre les traditions et la religion catholique. Là encore, sans véritable argument historique. Une vraie suspicion de subjectivité "royaliste" s'installe, d'autant que le fil rouge du "Métronome" gravite surtout autour des règnes des rois de France et des faits marquants des saints catholiques. Il y a quelques jours, le PCF-Parti de gauche du conseil de Paris a demandé que la mairie cesse de faire la promotion de "Métronome", qu'il considère comme "une arme de propagande, faisant à la fois l'éloge de la monarchie, la glorification de la chrétienté et le réquisitoire de la Révolution française".
En 2009, Lorant Deutsch était venu sur le plateau de L'Internaute parler du "Métronome" :