Les confidences de l'équipe Hollande pour le second tour

Les confidences de l'équipe Hollande pour le second tour Deux membres importants de l'équipe de François Hollande, son directeur de la communication Manuel Valls et Olivier Faure, son "chargé de mission", se sont attardés en salle de presse, tard dimanche soir, pour livrer quelques confidences...

Le vote Le Pen : "pas une surprise"

On a beaucoup parlé dimanche 22 avril de la "surprise" Marine Le Pen qui approche les 20 % de voix au premier tour de l'élection présidentielle. Manuel Valls n'est pourtant "absolument pas surpris" par ce score. Selon lui, le vote Le Pen a "toujours été sous-estimé" lors de cette campagne. Et le directeur de la communication de François Hollande ne jette pas nécessairement la pierre aux sondeurs, qui "avaient vu un redressement" de la candidate frontiste ces derniers jours. Le Pen proche de 20 % ? "Comment aurait-il pu en être autrement", selon Valls, vu "l'état dans lequel Sarkozy laisse le pays". Pour le député-maire d'Evry, c'est Nicolas Sarkozy qui, en outre, "a fait campagne sur ces thèmes" chers au Front national et a boosté ainsi son score. Le chef de l'Etat est selon lui clairement responsable de ce résultat. Un discours calqué au millimètre sur celui de François Hollande au même moment à Tulle. Comme si sa campagne très droitière s'était retournée contre le président aux yeux des socialistes.

Une partie de la soirée, une oreillette vissée dans l'oreille droite, Olivier Faure est resté en contact avec le candidat à Tulle.

Olivier Faure, le méconnu secrétaire général du groupe socialiste à l'Assemblée nationale mais cependant très proche de François Hollande, fait une analyse similaire des résultats du premier tour. Une bonne partie de la soirée, une oreillette vissée dans l'oreille droite, il est resté en contact avec le candidat à Tulle, lui livrant, depuis Paris, les estimations au fur et à mesure de leur arrivée. "On a souvent regardé les pics dans les sondages, mais sur une période longue, les tendances ont toujours été les mêmes depuis le début de la campagne : un rejet de Sarkozy par près des trois-quarts des Français, un François Hollande plus fort que Ségolène Royal en 2007 et une Marine Le Pen au niveau de son père en 2002", résume-t-il.

Hollande va-t-il draguer les électeurs du FN ?

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Olivier Faure, dimanche 22 avril, au siège du PS. © Benoit Deshayes, L'Internaute

Puisque le vote record en faveur de Marine Le Pen n'est pas une surprise, comment a prévu de réagir François Hollande ? Va-t-il essayer de récupérer au second tour une partie de ces voix parties à l'extrême droite ? Les sondages évoquent un report de voix de plus de 20 % du FN au PS au second tour. Ubuesque... Pour Olivier Faure, "il n'y aura pas d'infléchissement de la campagne" de François Hollande. Mais il ne faut pas "laisser à Sarkozy les électeurs du FN". Il s'agira donc de "réaffirmer" certains thèmes déjà présents dans la campagne comme "la République" ou encore "la laïcité". Le vote des étrangers aux élections locales est-il remis en cause ? "Il pourrait faire l'objet d'un référendum", selon Faure.

Olivier Faure pense à l'inverse que Nicolas Sarkozy va durcir sa campagne à droite pour rallier l'électorat du FN. Il craint "une campagne à la Kalach', qui abîmerait le pays" alors que celui-ci "ne va déjà pas bien". Mais le stratège de François Hollande laisse peu de place au doute : il faudrait un "miracle" selon lui pour que Nicolas Sarkozy l'emporte. Même sur le terrain de la droite, le chef de l'Etat sortant n'aurait plus la "crédibilité" selon lui.

Un débat de "trois heures"

"On sous-estime les talents de débatteur de François Hollande."

Nicolas Sarkozy demande trois débats dans l'entre-deux tours de cette présidentielle. Une requête que François Hollande a immédiatement écartée. Lui préfère une seule confrontation, comme le veut la "tradition républicaine". Et celle-ci prendra "le temps qu'il faudra". Olivier Faure anticipe un emballement à droite et dans les médias autour de cette question et craint qu'on accuse le candidat socialiste de vouloir fuir ces débats. Selon le proche conseiller, "on sous-estime les talents de débatteur de François Hollande". Talents qui devraient lui donner l'avantage lors d'un débat long, de "trois heures", qui lui laisserait le temps de mettre le président sortant KO selon lui.

Plus tard dans la conversation, Olivier Faure fera d'ailleurs part de son étonnement : "Nicolas Sarkozy est finalement resté le favori dans la tête des gens" tandis que Hollande serait une "énigme". "Je ne connais aucune personnalité politique qui a une image publique qui correspond aussi peu à ce qu'il est", s'étonne-t-il. Et de faire la promotion de son candidat : François Hollande ne serait pas "l'homme de la synthèse molle" qu'on décrit souvent. Il a toujours été selon lui "combatif", "lucide", et reste en privé comme en public "concentré". Trois qualités qu'il lui faudra mobiliser le 2 mai, date probable du débat d'entre-deux tours.

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