Manuel Valls : une démission dès ce lundi pour se lancer dans la présidentielle
[Mis à jour le 5 décembre 2016 à 11h07] Manuel Valls va annoncer sa candidature à la primaire de la gauche et à l'élection présidentielle ce lundi 5 décembre, depuis la mairie d'Evry. Le Premier ministre a pris le temps qu'il faut : il a attendu 4 jours depuis l'intervention de François Hollande, renonçant à une seconde candidature. Candidat, Manuel Valls préférera quitter Matignon, ce qui pose une nouvelle équation politique à François Hollande. Il va falloir nommer un nouveau Premier ministre et se charger d'un remaniement ministériel. Celui-ci sera assez circonscrit : selon les informations de plusieurs médias, dont Le Monde, le président devrait se tourner vers Bernard Cazeneuve pour lui confier les clés de Matignon, même si d'autres hypothèses sont avancées.
Manuel Valls a pris son temps pour rester maître de son agenda. Les candidatures à la primaire de la gauche doivent elles-mêmes être déposées avant le 15 décembre, ce qui lui laissait peu de temps. Jeudi soir, le chef du gouvernement s'était contenté de réagir dans un communiqué au discours de François Hollande, saluant "le choix d'un homme d'Etat". Il n'en a pas dit plus sur ses intentions. Selon TF1 néanmoins, Manuel Valls "consulte à tour de bras" depuis jeudi soir. Un de ses proches, le ministre des Relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen, est notamment arrivé à pieds à Matignon dans la nuit. Il avait conseillé il y a peu au Premier ministre de se tenir prêt en cas de non-candidature du président.
EN VIDEO - Depuis l'annonce de la décision de François Hollande de ne pas se porter candidat pour la présidentielle de 2017, Manuel Valls "consulte à tour de bras".
S'il est candidat, Manuel Valls doit-il forcément démissionner ?
Une démission est possible voire souhaitable, mais pas obligatoire selon le droit français, lorsque Manuel Valls sera candidat à la présidentielle. Edouard Balladur, candidat en 1995, n'avait présenté la démission de son gouvernement qu'après l'élection, perdue pour lui. Mais Manuel Valls doit certainement se demander s'il est en mesure de diriger un gouvernement en ces temps troublés tout en faisant campagne pour une primaire dans son camp. Manuel Valls candidat, ce sera en effet à un duel épique face à Arnaud Montebourg qu'on pourrait assister en début d'année, après le duel Fillon-Juppé de la primaire de la droite.
La confrontation, inédite, est en tout cas attendue par le principal intéressé. L'abandon surprise de François Hollande intervient quelques jours après l'interview choc de Manuel Valls au JDD, dans laquelle il se disait "prêt" pour la primaire, provoquant des spéculations sur la solidité du couple exécutif (et, déjà, sur une éventuelle démission). Le déjeuner hebdomadaire entre les deux hommes à l'Elysée, lundi 28 novembre 2016, semblait avoir calmé le jeu. Mais le Premier ministre, lassé d'attendre la décision du chef de l'Etat, pourrait avoir finalement poussé François Hollande à dévoiler ses intentions. A moins que les deux hommes aient tout manigancé. Ce qui apparaissait comme le nouvel épisode d'un désordre tragique au sommet de l'Etat deviendrait alors un scénario savamment préparé. Selon les informations d'iTélé jeudi soir, François Hollande n'aurait prévenu que quelques proches avant d'annoncer sa décision, en direct, depuis l'Elysée. Dont un certain Manuel Valls.