Macron devant les maires : les images de sa performance physique

Macron devant les maires : les images de sa performance physique La rencontre entre le chef de l'Etat et les maires normands, organisée pour lancer le grand débat national, s'est achevée par des applaudissements. Le président a assuré un show de plus de 6 heures.

[Mis à jour le 16 janvier 2019 à 16h43] Pour le premier jour du grand débat national, Emmanuel Macron a livré une prestation inédite de près de 7 heures face à 600 maires normands à Bourgtheroulde. En alliant des traits d'humour et des chiffres concrets lors d'une prise de parole inédite , le président a su capter l'attention de son auditoire. Le  président a assuré qu'il n'allait "fermer aucun sujet" et a répondu bien souvent sans fiches à des sujets locaux et précis, parfois très techniques. Ce premier temps fort du grand débat national a été conclu par la promesse d'en "tirer des solutions véritables" et d'en faire "l'acte 2" du quinquennat.

"Il est fort", "c'est une performance" ont même reconnu certains élus qui ont accordé une standing ovation au chef de l'Etat. Sur Twitter également, les internautes de différents partis ont reconnu au président sa qualité d'orateur "Qu'on l'aime ou qu'on l'aime ps, il n'y en a pas un qui lui arrive à la cheville comme orateur", "tout mon respect monsieur le président" peut on lire sur le réseau social.

"La République c'est nous"

Après 7 heures de débat, le président a remercié les maires, qui se sont levés pour offrir au chef de l'Etat une standing ovation. Après les avoir remercié d'être restés jusqu'au bout, il a également salué le travail qu'il faisait "toute l'année" : "Merci d'être là, merci pour tout ce que vous faites, parce que vous tenez la République au quotidien (...) La République c'est nous", a par ailleurs déclaré Emmanuel Macron en référence à une petite phrase polémique de Jean-Luc Mélenchon prononcée en octobre dernier, pendant une perquisition.

Il ne s'agit pas là de la seule référence à des petites phrases qui ont vivement fait réagir ces derniers mois. Le chef de l'Etat a également fait rire l'assemblée en reprenant sa propre idée de "traverser la rue" pour "trouver du travail". "Moi là où j'habite,  en traversant la rue, je peux vous dire, on en trouve" a t-il lancé. Usant d'un franc parler, le président tenait à reprendre les raisons qui ont fait germer la mobilisation, notamment la mobilité et le carburant. "Ce sont des Français à qui on dit 'tu veux un boulot, ben t'as pas le choix faut venir travailler dans la grande ville'", a-t-il analysé.

"Personnes en situation de pauvreté" : l'opposition indignée

L'autre petite phrase polémique de ce premier exercice du grand débat national concerne les personnes en situation de pauvreté. En présence de quelques journalistes, Emmanuel Macron a déclaré devant quelques maires, en privé, qu'"il fallait responsabiliser les personnes en situation de pauvreté" car "il y en a qui font bien" et "il y en a qui déconnent". Le terme "déconner" a suscité de nombreuses critiques de la part des partis de l'opposition.

Dans un tweet, Valérie Boyer a regretté qu'il ait "toujours le même mépris pour les Français". Sa façon de jeter en pâture les plus faibles est insupportable" a quant à lui déploré le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. "Monsieur Macron lance le grand débat en ciblant les Français en difficulté qui "déconnent". Comment rassembler et apaiser le pays si on continue de stigmatiser et d'opposer les Français entre eux. Comment rassembler et apaiser le pays si on continue de stigmatiser et d'opposer les français entre eux ?" s'est interrogé Daniel Fasquelle.

"Construire des solutions pour le pays"

Au cours de ce premier temps fort du grand débat national, le président a évoqué la "quadruple fracture" du pays : une fracture "sociale", "territoriale", "économique" et "démocratique". "Toutes ces fractures, on les a devant nous.(...) je pense qu'il ne faut pas en avoir peur", a-t-il dit. Emmanuel Macron a donc proposé de "refuser la violence car rien ne sort de la violence" et de "refuser la démagogie car l'addition des colères n'a jamais fait une solution" avant d'appeler à "construire  des solutions pour le pays".

Le chef de l'Etat n'a "fermé la porte à aucun sujet" lors de ce grand rendez-vous avec les maires normands. Pas même l'ISF qui n'est "ni un tabou, ni un totem", selon les mots d'Emmanuel Macron. Très attendu sur ce sujet qu'on lui reprochait de ne pas vouloir aborder , "quadrillant" ainsi le débat, le locataire de l'Elysée a interpellé ceux qui réclament le retour de l'ISF pour "plus de justice" : "Beaucoup de problèmes dont ils nous parlent - pardon de le dire -, y compris quand y avait un ISF important, n'était pas réglés". Le président a également été interpellé sur la limitation à 80km/h, mesure qui reste très impopulaire. Il a annoncé la "possibilité d'aménagements" vis-à vis de cette mesure.

Une performance saluée et très commentée

Du côté des différents partis politiques aussi, la performance du président a été très remarquée. Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, figure de LREM, a salué les "7 heures de débat sans filtres" alors que la députée de la majorité Aurore Bergé a mis en avant la prestation "sans interruption, sans fiches, sans filtres" d'Emmanuel Macron.  

Interrogé par Europe 1 ce mercredi matin, Christian Jacob a quant à lui constaté qu'Emmanuel Macron "a refait ce qu'il avait fait pendant la campagne et ça a objectivement bien réussi". "Chapeau l'artiste", a t-il même ironisé. Le président du groupe LR à L'Assemblée nationale s'est pour autant inquiété de l'avenir. "Est-ce qu'il est capable faire le show ? Oui. Est-ce qu'il est capable de porter des réformes pour le pays ? Non." D'autres élus LR ont néanmoins annoncé qu'ils allaient apporter leur contribution au grand débat national.