Fillon : un micmac financier avec la Nouvelle-Calédonie ?

Fillon : un micmac financier avec la Nouvelle-Calédonie ? En choisissant le nom de "Rassemblement-UMP" pour son nouveau groupe, François Fillon a opté pour le nom d'un micro-parti déjà existant, en Nouvelle-Calédonie. Pourquoi ?

Il peut s'agir d'une simple coïncidence ou d'un véritable calcul politique. En tout cas, le nom choisi par François Fillon pour son nouveau groupe à l'Assemblée nationale était déjà pris. Jusqu'à mercredi, le "Rassemblement-UMP" ou "R-UMP" était un paisible petit parti calédonien rattaché à l'UMP. Les quelque 68 députés du "Rassemblement-UMP" de François Fillon vont-ils tous s'affilier à cette formation sise à quelques milliers de kilomètres de l'Hexagone ? L'option semble farfelue, mais elle pourrait bien se concrétiser.

D'abord, n'oublions pas que François Fillon a contesté la proclamation de la victoire de Jean-François Copé, précisément parce que la "Cocoe" (la Commission électorale de l'UMP) avait oublié les votes des fédérations de Mayotte, de Wallis-et-Futuna et... de Nouvelle-Calédonie. De plus, Pierre Frogier, le président du "Rassemblement-UMP" calédonien, s'est déjà enorgueilli du choix de François Fillon. Choisir le nom de son parti est comme une "réhabilitation" de son mouvement selon lui, alors que la fédération UMP de Nouvelle-Calédonie avait été violement accusée de fraudes par le camp Copé après le scrutin du 18 novembre.

Ensuite, aussi original que cela puisse paraitre, on peut indiquer que bien des députés, même métropolitains, ont d'ores et déjà été affiliés à un parti ultra-marin. Depuis sa création en 2007 et sa percée aux législatives dans le sillage de la victoire de Nicolas Sarkozy, le Nouveau Centre a par exemple décidé de rattacher tous ses élus (21 députés en 2007, 11 en 2012) au Fetia Api. Un tout petit parti polynésien inconnu, mais une véritable aubaine financière pour la formation d'Hervé Morin. Le "deal" est simple : grâce au régime spécial des TOM, Fetia Api peut prétendre aux financements publics. En France, pour obtenir une dotation de l'Etat, il faut avoir obtenu 1 % ders voix dans au moins 50 circonscriptions. Dans les TOM, il suffit de recueillir 1 % des voix sur l'ensemble des territoires pour y aspirer... Résultat : avec son statut particulier et les élus du Nouveau Centre, le Fetia Api avait touché 1,5 million de recettes en 2010 (derniers chiffres officiels disponibles), ce qui le faisait entrer à l'époque parmi les 12 partis les plus riches de France ! Bien évidemment, 1,4 million d'euros étaient reversés au Nouveau Centre sous forme de "dons entre formations politiques". Une belle opération pour les deux entités.

S'il maintient son groupe politique et souhaite bénéficier à coups sûrs des financements publics (tout en privant l'UMP de ces mêmes financements) François Fillon va-t-il tenter d'appliquer la martingale, alambiquée mais légale, du Nouveau Centre ? Rien n'est encore sûr. Les députés fillonistes n'auraient pas encore décidé à quel parti ils allaient s'affilier. Une décision qu'ils doivent prendre avant le 30 novembre, soit ce vendredi. D'ici là, bien des choses peuvent encore se passer. Mais rappelons qu'un député élu à lui seul rapporte environ 41 000 euros par an à son parti en financement public, sans compter les contributions qu'il peut faire lui-même comme élu, adhérent ou simple donateur.

EN VIDEO - Tout semblait à nouveau totalement bloqué à l'UMP ce mercredi, après une journée où paraissait se profiler une sortie de crise, même si 61 députés UMP "non-alignés" ont tenté mercredi 28 novembre 2012 un compromis.

"UMP: situation de nouveau bloquée"