Marine Le Pen : une femme d'extrême droite ? Les preuves avancées

Marine Le Pen : une femme d'extrême droite ? Les preuves avancées Le FN est-il d'extrême droite et Marine Le Pen avec lui ? Historiquement, oui selon nombre de politologues, d'historiens et de médias. Éléments de démonstration.

Le débat est donc - une nouvelle fois - lancé. Le FN et sa présidente sont-ils d'extrême droite ? Si Marine Le Pen s'en défend et souhaite à tout prix se débarrasser de l'étiquette, c'est d'abord pour se dissocier des mouvements clairement racistes et ultra-nationalites d'Europe de l'est. "Il s'agit d'un terme volontairement péjoratif" estime-t-elle, qui met le FN "dans le même sac qu'Aube dorée", le mouvement néonazi grec. Certes, l'extrême droite ne recoupe pas le même champ idéologique en France que dans d'autres pays européens et Marine Le Pen a raison d'affirmer que son parti n'est pas assimilable aux courants fascistes et anti-démocrates qui polluent le continent.

En revanche, d'un point de vue historique, Marine Le Pen a tort lorsqu'elle affirme que les origines du Front National ne sont "absolument pas" à l'extrême droite. C'est inexact d'une part au regard des faits historiques, au regard de la constitution originelle du parti. Plusieurs politologues, d'historiens et de médias se sont penchés sur cette question. C'est inexact d'autre part sur le plan des valeurs et de la matrice idéologique, qui, bien que mouvantes et en constante évolution, s'inscrivent dans un mouvement de pensée tout à fait circonscrit : celui d'un populisme nationaliste protestataire et identitaire. Il est donc utile de rappeler les caractéristiques idéologiques de l'extrême droite pour démontrer que le Front national en fait parfaitement partie.

1- Un rassemblement de groupuscules d'extrême droite

Le FN, quoi qu'en dise marine Le Pen, a rassemblé des membres de l'OAS, des néofascistes de l'Ordre nouveau, d'anciens collaborationistes et des poujadistes. Selon le politologue Alexandre Dézé, "les responsables du groupuscule néofasciste Ordre nouveau sont les véritables instigateurs" de la création du parti.

2- Une droite nationaliste qui exclue les étrangers

Si le FN n'est pas comparable à l'extrême droite des années trente, ouvertement antisémite et anti-parlementaire, elle partage un certain nombre de visions de la société propres à la tradition d'extrême droite française. Comme le rappelle l'historien Michel Winock, grand spécialiste de l'extrême droite, l'une des caractéristiques majeures de son idéologie est l'exclusion des étrangers dans le pacte social, avec comme marqueur politique la constance d'en faire des boucs-émissaires. La France est "aux Français", ce qui justifie la "préférence nationale" ou la "priorité nationale". L'immigration comme fléau culturel et surtout économique : colonne vertébrale de la doctrine et de la ligne politique.

3- Un parti nostalgique d'une France fantasmée

L'extrême droite se caractérise par la nostalgie d'un supposé âge d'or, d'une "grandeur perdue" que les nationalistes doivent reconquérir. La littérature maurassienne a inspiré et nourrit une idéologie où le "vrai" Français est le Français "de souche", qui s'inscrit dans un territoire, une terre, - un terroir -, et qui s'oppose forcément aux Français issus de l'immigration. Le droit du sol, sur lequel repose une base solide du pacte républicain, n'a jamais été accepté et considéré comme légitime par l'extrême droite. Le FN s'inscrit parfaitement dans cette conception morale et historique. Souvent taxé de raciste ou de xénophobe, le FN est une formation politique qui conserve dans son ADN cette peur d'une invasion culturelle de la France, d'une "acculturation", d'un "métissage" qui "dénaturerait" la France "réelle" et "éternelle".

4- Un parti anti-élites

Autre caractéristique de l'extrême droite selon Winock : l'anti-intellectualisme, le rejet des "élites" responsables d'une supposée "décadence" de la Nation. Pour Marine Le Pen, qui voit en l'Union Européenne une main-mise "soviétique" sur la France, réalisée par une armée de bureaucrates en costumes au service de la "mondialisation", les choses sont assez clairement établies : les "élites anti-patriotes" ont "sacrifié" la "France éternelle" et lui ont arraché sa "souveraineté".

 A lire : "Histoire de l'extrême droite en France" de J-P. Azéma, "Le Front National : histoire et analyses" de J-Y Camus, "Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France" de M. Winock, "La droite : hier et aujourd'hui" de M. Winock

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