Que valent vraiment les derniers sondages des municipales 2014 ?

Que valent vraiment les derniers sondages des municipales 2014 ? La veille et le jour d'une élection, il est interdit de publier des sondages sur les résultats. Pourquoi une telle loi ?

[Mis à jour le 23 mars 2014 à 11h05] La loi n° 77-808 du 19 juillet 1977 est très claire : ce samedi et ce dimanche, personne n'a le droit de rendre public le résultat d'un sondage d'opinion concernant les élections municipales. Pas de nouveau sondage donc, et pas de mise à jour d'un vieux sondage de la part des medias. En revanche, les articles publiés les jours précédents n'ont pas vocation à disparaître de la toile ; ils sont juste "figés" pendant le week-end. Cette interdiction a été votée afin que la publication de ces intentions de vote ne vienne pas influencer le comportement des électeurs le jour du vote. Les citoyens doivent conserver leur libre détermination et les sondages ne doivent pas peser sur leur suffrage. Car si par exemple un sondage sorti des urnes attribue une très forte majorité à un candidat "A" à 17h, cela peut décider des électeurs qui ne comptaient pas s'exprimer à finalement se déplacer dans leur bureau de vote pour donner leur voix à un candidat "B" en difficulté d'après le sondage... 

Mais cette règle pèse sur la fiabilité des sondages. Que vaut en effet une enquête qui, pour être publiée lors du dernier jour légal de campagne, a été menée trois jours avant les municipales voire avant ? On le sait en effet : les votants se décident bien souvent dans les toutes dernières heures avant le scrutin, et ce, quelle que soit l'élection. L'interdiction de publier des sondages dans les 24 heures précédent le vote tout en laissant des sondages "datés" en ligne, peut donc altérer la qualité de l'information fournie.
Avant 2002, la période de non-publication des sondages ne concernait pas uniquement la veille et le jour du scrutin mais carrément la semaine précédant le vote. Une "Commission des sondages" a été instaurée dès 1977 pour vérifier que les règles sont bien respectées par les medias et les instituts de sondage. Mais qu'en est-il des medias étrangers ? Sont-ils soumis à la même interdiction ? Théoriquement non. Un media belge ou suisse qui a en sa possession un sondage d'opinion peut le diffuser sur son territoire. Lors de l'élection présidentielle de 2012, la RTBF, Le Soir ou la RTS avaient fourni des estimations des résultats dès 18 heures. Un problème à l'heure où Internet n'a pas de frontières...

Sondages municipales : des risques de biais

Les sondages anticipant les résultats des municipales peuvent faire face à un autre écueil. Basés sur du déclaratif, ils sont bien évidemment sujets aux biais, comme toute enquête d'opinion. Mais pour les municipales, une autre difficulté se pose aux sondeurs. L'extrême dispersion du scrutin, organisé dans 36 à 37 000 communes rend les estimations très partielles à l'échelle nationale. Que signifie en effet une estimation de la part des votes par parti quand le vote des municipales se joue avant tout selon des critères locaux ? De plus, comment obtenir des échantillons fiables dans des villes parfois de moyenne taille où le représentativité est plus difficile à établir ? Ainsi, de nombreuses enquêtes d'opinions ces dernières semaines ont été accompagnées de marge d'erreur très importantes. Un autre élément à prendre en compte au moment de les parcourir.