Statines : les arguments pour et contre

Statines : les arguments pour et contre En plein débat sur les effets du cholestérol sur les maladies cardiovasculaires, peut-on faire un point sur les statines, prescrites à des millions de Français ? Voici le pour et le contre de ces médicaments.

Les médicaments de la famille des statines sont-ils vraiment utiles ? C'est la question qui secoue le monde médical depuis quelques semaines, plus précisément depuis que le médecin Philippe Even a publié un livre intitulé "La vérité sur le cholestérol". Selon lui, le lien établi depuis des années entre maladies cardiovasculaires et cholestérol n'est en rien fondé médicalement, ce qui ferait des statines un médicament prescrit de manière largement abusive auprès de 5 millions de Français.

Qu'en est-il vraiment ? Les spécialistes ne sont pas vraiment d'accord sur la question. Selon la Haute autorité de Santé (HAS) qui s'est penché sur le sujet, les statistiques sont implacables : "Les statines ont une place dans la prise en charge de certains patients, car elles sont associées à une baisse de la mortalité totale d'environ 10 % et du risque de survenue d'un accident cardiovasculaire (infarctus du myocarde notamment)".

Les effets positifs des statines sont ainsi scientifiquement prouvés. Mais dans le détail, cela n'est vrai que pour un certain type de personnes : celles qui ont déjà fait un accident cardiovasculaire, un infarctus du myocarde, ou encore un AVC. Pour ces patients, le traitement médical par statines est indiscutable. En clair, les statines permettent de prévenir de manière tout à fait significative la récidive des accidents cardiovasculaires, d'autant que les bénéfices ne dépendent pas du niveau initial ni de la variation du taux de cholestérol.

Peut-on alors considérer que les statines n'ont que des avantages ? Pas vraiment. Ils pourraient même être tout bonnement inefficaces auprès d'autres personnes qui sont pourtant traitées avec ce type de médicaments. Les études récentes mettent en évidence que l'effet des statines sur des patients n'ayant jamais eu d'accidents cardiovasculaires ou de risques d'en avoir n'était pas tangible. C'est pour cette raison que la HAS ne recommande pas nécessairement leur prescription en "prévention primaire".

A quelles personnes les médecins doivent-il prescrire les statines ? Selon la HAS, ces médicaments sont à réserver "aux personnes qui sont à haut risque, c'est-à-dire qui cumulent plusieurs facteurs de risque tels qu'un diabète, une hypertension artérielle, un tabagisme.[...] Par contre, dans le cas d'une hypercholestérolémie non familiale isolée, il n'a pas été démontré que la prescription de statines était efficace. Le traitement par statines n'est alors pas justifié" écrit la HAS.

Voilà qui pose le débat en des termes assez simples. Le réel problème dégagé par les médecins est celui d'une probable sur-prescription de statines, qui pourrait coûter cher à la Sécurité sociale, sans effet bénéfique auprès d'un certain nombre de patients atteints de cholestérol, les exposant même à certains effets secondaires. Parmi eux : des faiblesses musculaires, quelques problèmes hépatiques et des risques de cataractes.

Pour autant, il est impossible d'affirmer médicalement que les statines sont "inutiles". Dans des cas bien précis, comme le rappelle la HAS, leur prescription peut sauver des vies.