Pourquoi ? Comment ? Quel impact ? 3 questions pièges sur l'heure d'été

Pourquoi ? Comment ? Quel impact ? 3 questions pièges sur l'heure d'été Le passage à l'heure d'été est arrivé. Ce dimanche 27 mars 2016 est le premier jour de la nouvelle heure...

[Mis à jour le 27 mars 2016 à 03h01] Dans cette nuit de samedi à dimanche, le changement d'heure a donc eu lieu. Un changement qui revient deux fois par an, à l'approche des beaux jours et à l'automne, les derniers week-ends de mars et d'octobre plus précisément. Et cela fait 40 ans que ça dure. Le changement d'heure tel que nous le connaissons aujourd'hui a en effet été instauré en 1975 et appliqué pour la première fois en 1976 en France. Mais malgré cette très longue période, il semble ne toujours pas être réellement ancré dans les habitudes des Français. Chaque année, des questions se posent sur son mode opératoire, ses objectifs, sa réelle efficacité. En témoignent les recherches sur Internet, qui démontrent que les Français ont toujours besoin d'en savoir plus, mais aussi les sondages, dont le dernier en date, mené par OpinionWay, indique que 77 % des Français sont sceptiques sur l'impact de cette mesure.

1/ Faut-il avancer ou reculer sa montre ? C'est la première question qui s'est posée hier soir et qui se pose peut être encore ce matin. Quelle heure est-il ? Si elle semble d'emblée simpliste, elle reste pourtant chaque année cruciale pour bon nombre de Français. Pour le changement d'heure d'été, il faut avancer sa montre d'une heure. Officiellement, dans la nuit de samedi à dimanche, à 2 heures du matin, nous sommes passés à 3 heures. Ce changement d'heure peut évidemment se faire le soir au moment d'aller au lit ou le matin au réveil. Dans tous les cas, il nous a fait perdre une heure de sommeil. Pour le changement d'heure d'hiver, le dernier week-end d'octobre, nous réalisons le mouvement inverse et reculons d'une heure (le dimanche, à 3 heures du matin, il est en réalité 2 heures).

EN VIDEO - le changement d'heure expliqué en 2 minutes.

"Changement d'heure : comment ça marche ?"

Avancer d'une heure, un changement utile ?

2/ A quoi sert le changement d'heure ? Le changement d'heure est le fruit d'une longue histoire qui prend sa source au XIXe siècle. Mais tel que nous le connaissons aujourd’hui, il date du milieu des années  1970. Le choc pétrolier a alors plongé la France (et l'Europe) dans une crise économique très grave avec la flambée du baril du pétrole et avec lui des prix de l'énergie. Il faut trouver le moyen de réaliser des économies. Le changement d'heure, déjà expérimenté par le régime de Vichy sera alors présenté comme l'une des solutions. "En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées", clame-t-on à l'époque. En l'espèce, l'idée est de profiter de notre climat tempéré, et donc de la variation de l'ensoleillement entre hiver et été, pour mieux calquer les journées, et donc l'activité économique, sur le soleil. On part alors du principe que la France se couche tard et se réveille relativement tard aussi. Il faut donc profiter au maximum de l'ensoleillement le soir pour réduire les dépenses d'éclairage qui seraient plus importantes que celles du matin. L'heure d'été dite double (car elle fait passer le pays de GMT+1 à GMT+2) est née. En été, grâce à l'avancée artificielle de l'heure, la luminosité persistera jusqu'à 20h ou 21h au lieu de tomber entre 19h et 20h.

3/ Quelles sont les économies réalisées ? C'est la principale question piège. Depuis son instauration, il est très difficile de mesurer les économies d'énergies réalisées grâce au changement d'heure. Les derniers chiffres livrés par l'Ademe (l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), indiquent que nous économisons 440 gigawatts/heures (GWh), soit l'équivalent de la consommation en éclairage de 800 000 ménages. Un gain somme toute modeste pour un pays de 65 millions d'habitants. Pire : ces chiffres datent de 2010 et, malgré les promesses de Ségolène Royal, la ministre de l'Environnement, en 2015, aucune étude d'impact n'a été menée depuis. L'évolution de la société et de l'économie semblent par ailleurs ne pas plaider en faveur du changement d'heure. Il est en effet loin le temps où les journées étaient bien ordonnées entre le lever et le coucher du soleil dans l'ensemble du pays. En 2016, la France vit et travaille presque 24 heures sur 24. Enfin, les progrès technologiques ont pu rendre le changement d'heure totalement obsolète. L'arrivée des éclairages économiques comme les LED, mais aussi le développement de politiques plus économes dans les villes et les entreprises (avec l'extinction automatique des éclairages) rendent aussi moins pertinente l'heure d'été. Selon un expert interrogé par la Figaro, Guillaume Fauconnier (cabinet Okavango-Energy), l'économie pourrait se réduire à 340 GWh par an en 2030.