Interview
 
Février 2008

"Les photographes animaliers ont un rôle à jouer"

Sous la houlette de Tony Crocetta, l'exposition "Latitudes animales" présente une série de photographies des plus grands photographes animaliers français. Son but : montrer les espèces en danger sous un autre angle.
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  • "Latitudes animales"
  • Du 27 mars au 1er avril 2008
  • Espace culturel de Drancy
  • Le diaporama
 

 

Comment vous est venue l'idée de cette exposition ?

Tony Crocetta Je suis parti d'un constat évident : les photographes animaliers sont les témoins, malheureusement privilégiés, de la dégradation de l'environnement et de la perte dramatique de la biodiversité à l'échelle planétaire. En ce sens, ils ont un rôle, je crois non négligeable, à jouer dans la prise de conscience du grand public. Mais montrer de belles images ne suffit pas, même si c'est par ce vecteur que l'on fait déplacer le public. Il faut les accompagner d'un message fort et dire : "attention, tout cela existe encore mais disparaît à un rythme insensé. Chacun d'entre nous a le pouvoir de faire quelque chose, chacun de nous possède une partie de la solution. Il est désormais temps de passer de la prise de conscience, au temps de l'action".

 

 
Photo © Christine et Michel Denis-Huot
 
"J'ai demandé à chaque photographe de se faire plaisir, de proposer ses coups de cœur, ses images fétiches, celles chargées d'émotion."

"Latitudes animales"... Pourquoi avez-vous choisi ce nom ?

Il fallait trouver quelque chose de nouveau, une sorte de slogan, qui évoquerait à la fois la planète dans son ensemble et, bien sûr, le règne animal dans sa diversité. J'ai bien conscience que le terme choisi n'est pas parfait puisqu'il évince le monde végétal. Mais la protection d'une espèce implique la conservation de son biotope ; finalement tout est lié.

 

Avez-vous choisi les photographes, ou ont-ils manifesté la volonté de vous accompagner dans cette aventure ?

Lorsque nous avons conçu le projet avec le service de la culture de Drancy, nous avons décidé de "taper" très fort dès la première édition. Il fallait marquer les esprits d'entrée. Choisir quelques uns des tous meilleurs photographes nature du moment était gage de réussite. Pour tout vous dire, je n'ai fait que passer quelques coups de téléphone à des amis de mon répertoire, présenter brièvement le projet... et tous ont donné de suite leur accord pour faire parti de l'aventure. Idem pour nos partenaires que sont Fujifilm, Biosphoto, RainbowColor et Noéconservation.

 

Comment avez-vous effectué la sélection d'images ?

En fait, les photographes ont aussi été sélectionnés en fonction de leur " niche " de travail : Christine et Michel Denis-Huot pour l'Afrique de l'Est, Alain Pons pour le continent Indien, Vincent Munier pour le Japon, le Kamtchatka et globalement le froid, Dominique Delfino pour la faune Française et, pour ce qui me concerne, l'Amérique du Sud. Bien entendu tout cela est très théorique et j'ai en fait demandé à chacun de se faire plaisir, de proposer ses coups de cœur, ses images fétiches, celles chargées d'émotion. Seul contrainte, il ne fallait pas retrouver la même espèce présentée deux fois. Je crois qu'ainsi, nous avons obtenu un panel assez représentatif et cohérent, bien que non exhaustif bien sûr, de la biodiversité planétaire, avec bon nombre d'espèce charismatique. Je vous laisse juger de la pertinence du choix !

 

Avez-vous eu l'occasion, au cours de vos voyages, de photographier une espèce animale particulièrement rare ?

Malheureusement, c'est très souvent le cas. Il faut savoir que bon nombre d'espèces animales sont menacées à divers degrés et que, au vu de la sinistre liste rouge régulièrement mise à jour de l'UICN (Union Mondiale pour la Nature), les choses ne s'arrangent pas, force est de le constater. Pour les besoins de l'expo, je me suis rendu au Costa Rica, en décembre dernier pour photographier les derniers représentants du Quetzal Resplendissant dans les hautes forêts d'altitudes de la cordillère centrale. La meilleure image du reportage fera parti de l'exposition. J'aurai alors le loisir de dire au plus grand nombre que cet oiseau extraordinaire, autrefois véritable dieu de la civilisation Maya, est désormais au seuil de l'extinction... et que son devenir ne dépend plus que de nous, dans nos choix de consommation, de comportement et de notre volonté politique…

 

Quels sont vos projets ?

Reprendre mon baluchon et continuer plus que jamais mon travail de photographe animalier militant... Et œuvrer encore davantage pour le devenir de notre si belle planète, par tous les moyens que ce soit. Au sein de l'association Noéconservation par exemple, dont je suis membre fondateur, et, pourquoi pas, lors de l'édition numéro 2 de Latitudes Animales : je connais bien d'autres photographes qui ont des choses à dire...

 

En savoir plus sur les sites www.drancy.net et www.tonycrocetta.com

 

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