Tania Young : "Myanmar, Birmanie, nouveau nom pour un nouveau pays ?"
Myanmar...Je connaissais la Birmanie... Mais le nom a changé m'a-t-on dit. Une initiative de la junte au pouvoir datant de 1989, passée inaperçue auprès du monde occidental qui avait choisi de tourner le dos à ce pays. De stopper les échanges. D'ignorer ce pouvoir militaire et tortionnaire.
Du coup nous n'avions pas noté ce nouveau nom... Pour un nouveau pays ? Peut-être. J'avais quelques doutes quant à l'atmosphère qui régnait là bas. Comment allais-je être accueillie et surtout allais-je me sentir à mon aise ? Libre ?
C'est un agent du gouvernement qui nous accueillis à l'aéroport de Yangoon. Pas là pour nous censurer... juste pour veiller à ce que nous fassions les bons choix dans ce que nous nous apprêtions à filmer.
Nous acceptons bien sûr sa présence à nos côtés : sachez que nous n'avons pas le choix...Il nous a guidés jusqu'à Mandalay. Nous a indiqués les superbes pagodes, l'ancien palais royal, les jolies petites rues, les petits "bouis bouis" pour se restaurer " à la locale".
Jusque-là, tout allait bien. Pas trop envahissant le monsieur. Mais qu'allait-il en advenir lors du tournage ?

Et bien nous n'avons pas eu à nous soucier de savoir à quel point il allait nous encadrer, nous conseiller... Non, en période de fête de l'eau, ce serviteur de la toute fraîche République de l'Union du Myanmar a préféré nous faire confiance, vaquer à ses occupations... Nous n'avons plus revu son petit minois de notre séjour.
Voilà qui arrangeait bien notre équipe.
Libre de nos mouvements et de nos choix, nous avons pu attaquer le tournage.
Je n'ai rien vu que nous n'aurions pas dû filmer, rien qui aurait pu compromettre l'image du pays. J'ai parlé librement avec mes interlocuteurs. Toujours aimables. Des personnalités affirmées, agréables. Des gens désireux de partager. Avides d'entendre parler de l'extérieur du pays... mais peut-être moins prompts à dévoiler certains aspects du leur.
La religion, la tradition, la géographie : aucun problème, les langues sautaient, dansaient.
La politique... : là, les langues s'endormaient, saisies de crampes soudaines...
Oui, je dois l'avouer quelques unes de mes questions sont restées sans réponse. Evidemment elles concernaient les 50 années de dictature militaire, dont depuis seulement 2 ans, le pays se défait enfin. Débarrassés de notre agent gouvernemental, il ne planait pourtant aucune menace sur mes interlocuteurs. Mais la restriction venait de l'intérieur. Une autocensure presque génétique.
Les Birmans doivent réapprendre la liberté. Incroyable concept....!
Mais non, la liberté n'est pas naturelle. Il faut la découvrir... en prendre conscience. Se l'approprier. Et quand on l'a enfin domptée ne jamais oublier de la savourer...
"Faut pas rêver" spécial Myanmar à découvrir vendredi 21 juin 2013 sur France 3 à 20h45