Ces produits alimentaires "fabriqués en France" sont élaborés avec des ingrédients étrangers

Ces produits alimentaires "fabriqués en France" sont élaborés avec des ingrédients étrangers Malgré les drapeaux français présents sur les emballages, de nombreux produits tentent de dissimuler l'origine de leurs ingrédients.

Depuis plusieurs années, les consommateurs tentent d'être plus vigilants sur l'origine des produits alimentaires qu'ils consomment et demandent plus de traçabilité. Un premier pas avait été fait dans ce sens en 2017, avec l'introduction du "Nutri Score", cet outil de notation qui permet de mesurer la qualité de l'apport nutritif des produits alimentaires. Néanmoins, la loi française est encore très vague en ce qui concerne l'obligation de transparence sur l'origine des produits.

En octobre 2021, la loi Egalim est adoptée et l'article 12 stipule que "Faire figurer un drapeau français, une carte de France ou tout autre symbole représentatif de la France sur les emballages alimentaires" est interdit lorsque les "ingrédients primaires […] ne sont pas d'origine française". Enfreindre cette loi est en théorie passible de deux ans de prison et de 300 000 euros d'amende. Cependant, le décret qui devait apporter des précisions sur les interdictions et ses exceptions n'a jamais été promulgué, rendant impossible l'application de cette loi. 

Dans un article, Mediapart présente trois exemples de produits profitant de cette absence de réglementation. Les tagliatelles de la marque Lustucru Sélection en font partie. Elles sont présentées sur l'emballage comme "fabriquées en France", cependant, il est bien indiqué, sur le côté et en police très petite : "Semoule de blé origine UE, œufs origine UE". Dans les faits, les pâtes en elles-mêmes sont en effet moulées dans une usine française, mais les ingrédients, eux, viennent d'ailleurs. Parmi les autres exemples cités par le média on retrouve les cordons bleus de la marque Père Dodu.

Bien que le carton d'emballage indique "préparé en France" les trois petits points en indice renvoient à la mention "viande de poulet et de dinde origine UE". Contactée par Mediapart, la marque Père Dodu a précisé que 40% de la viande qu'elle utilise est importée. Il en va de même pour les céréales Chocapic bio du groupe Nestlé. Malgré le drapeau tricolore et la carte de France, le média indique qu'une partie du blé composant les céréales est importée. Mediapart a interrogé les trois marques et chacune indique que cet affichage respecte la réglementation européenne en matière d'étiquetage et d'information des consommateurs. Même si la mention est inscrite en petits caractères.

Le 23 février 2024, le ministère de l'Economie a communiqué les premiers résultats d'une enquête menée par la Direction de la répression des fraudes (DGCCRF) qui a réalisé des contrôles sur l'indication de "l'origine France" dans 1000 supermarchés. Au final, 372 infractions ont été recensées et 70 d'entre elles pourraient correspondre à de la "pratique commerciale trompeuse".  En parallèle, la ministre déléguée à la Consommation, Olivia Grégoire, a récemment annoncé le début de l'élaboration de "l'Origine Score". Pensé sur le modèle du "Nutri Score", cet indicateur aura pour objectif d'informer sur l'origine des produits alimentaires, en mettant en avant les produits d'origine 100% française. Dans un premier temps cet outil serait disponible pour les marques volontaires. La ministre devrait réunir les acteurs de ce projet à Bercy à la mi-mars.