Colère des agriculteurs : les tracteurs "encerclés" par la police, pas de blocage à Paris
Avant l'aube, ce lundi 6 janvier 2025, des dizaines d'agriculteurs ont pris la route en direction de Paris pour manifester leur mécontentement face aux normes trop nombreuses et à l'accord de libre échange avec le Mercosur. "Opération escargot sur la RN4 à L'Est de Paris", indique la Coordination rurale sur son compte X.
Les tracteurs ne sont pas parvenus à franchir les portes de la capitale, accueillis par le dispositif des forces de l'ordre prévu à cet effet. "Les agriculteurs sont encerclés par la police", disait la Coordination rurale sur ses réseaux sociaux. Sur la nationale 10, dans les Yvelines, pas moins de 10 véhicules agricoles étaient à l'arrêt. Des blocages ont également été aperçus sur l'autoroute A7 proche de Lyon, selon les informations de France Télévisions.
Non loin de Matignon, sept agriculateurs ont été "évincés sans incident", selon une source policière, relayée par l'AFP. Les autorités "n'ont jamais voulu nous laisser entrer dans Paris. On a demandé un point de chute pour un rassemblement mais on ne l'a jamais obtenu", a déclaré à l'AFP le secrétaire général du syndicat Christian Convers, depuis le Trocadéro, réfutant toute "intention de bloquer quoi que ce soit".
Opération escargot sur la RN4 à L'Est de Paris.
— Coordination Rurale (@coordinationrur) January 6, 2025
La Coordination Rurale au rendez-voeux ! Bravo la Bourgogne et la Franche Comté...l'Alsace arrive aussi.
Nombreux et déterminés avec le soutien de milliers d'agricultrices et agriculteurs qui appellent depuis hier. pic.twitter.com/hYiLklW5n7
Le gouvernement conditionne le versement des aides au vote d'un budget
Cette nouvelle mobilisation intervient juste avant le lancement de la campagne pour les élections aux chambres d'agriculture. Le vote qui est prévu fin janvier permettra de clarifier les rapports de forces entre les différents syndicats du secteur, et peut-être de rebattre les cartes entre ces derniers. Les agriculteurs doivent être reçus par le Premier ministre François Bayrou le 13 janvier prochain. Le locataire de Matignon recevra la Confédération paysanne, la Coordination rurale, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs. Le but est de reprendre les discussions entre le gouvernement et le monde agricole alors que le budget est en train d'être réécrit.
Mais cette invitation est "trop tardive" pour la Coordination rurale, qui a donc appelé à la mobilisation dès ce lundi. Sur le plateau des 4V sur France 2, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a assuré que "dès que le budget sera voté, on mettra en oeuvre toutes les mesures que ce soit sur la transmission, les vaches laitières, sur le gazole non-routier ". En l'absence de budget, des mécanismes d'urgence seront déclenchés.
Les normes et le Mercosur toujours dans le viseur
Les agriculteurs sont appelés à manifester dans toute la France et à bloquer Paris, comme le confirme Sophie Lenaerts, présidente de la Coordination rurale dans l'Oise, au micro de RTL. Elle dénonce cette invitation qui arrive trop tard : "Ça fait maintenant un an qu'on est sur les points de rencontre, qu'on manifeste et qu'on explique la problématique du monde agricole. On a demandé une date [de rencontre] à la rentrée, dimanche ou lundi au plus tard. Si je ne m'abuse, il y a la galette des rois lundi à Matignon, or, je pense que si on sait festoyer, on sait aussi travailler et nous recevoir", a-t-elle lancé. Ce week-end, la Coordination rurale annonçait espérer "pouvoir rentrer gentiment dans la capitale lundi" et a "fait des demandes d'autorisation qui, pour certaines, n'ont pas été acceptées", expliquait Sophie Lenaerts, laissant entendre que certaines l'ont donc été.
Les revendications des agriculteurs sont les mêmes qu'en fin d'année 2024. Celles-ci auraient dû être, en partie, prises en compte dans le budget 2025. Mais Michel Barnier a tenté de le faire passer en force en utilisant l'article 49.3 de la Constitution, ce qui a conduit à la censure de son gouvernement par l'Assemblée et à la non-adoption de son budget. Après un suspense de plusieurs jours pour trouver un nouveau Premier ministre, puis de l'attente encore pour former un gouvernement, et enfin les fêtes de fin d'année, le budget est à nouveau à l'étude et devrait être présenté d'ici février, selon François Bayrou.
Les normes sont tout d'abord dans le viseur des agriculteurs. "L'arrêt des sur-transpositions des règles européennes en France" et de "contrôles sur les importations plutôt sur que les fermes" font partie des principales demandes du monde agricole, encore à ce jour, a rappelé Sophie Lenaerts. Sans surprise, la ratification définitive du traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur est également toujours dénoncée, la Coordination rurale confirme s'y opposer fermement.