Grève dans les aéroports : quelles perturbations ce jeudi et vendredi ?

Grève dans les aéroports : quelles perturbations ce jeudi et vendredi ? Deux syndicats de contrôleurs aériens ont lancé une grève ce jeudi 3 juillet, à la veille des grands départs pour les vacances. Des annulations et retards sont attendus jusqu'à vendredi.

Le début des vacances s'annonce compliqué pour des milliers de voyageurs. À la veille des grands départs, environ 270 contrôleurs aériens sur 1400 sont en grève ce jeudi 3 juillet et vendredi 4 juillet, selon une source proche du dossier citée par Le Parisien. Le mouvement, lancé par l'Unsa-ICNA (deuxième syndicat d'aiguilleurs du ciel) et rejoint par l'USAC-CGT, réclame de meilleurs conditions de travail. 

Face à cette mobilisation, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes de réduire leur trafic, afin d'ajuster le nombre de vols au personnel disponible. Mais les passagers doivent tout de même s'attendre à des retards et des annulations. "En dépit de ces mesures préventives, des perturbations et des retards importants sont à prévoir sur l'ensemble des aéroports français", a prévenu l'administration dans un communiqué.

Quels aéroports sont impactés ?

Les aéroports du Sud seront particulièrement affectés : seulement la moitié des vols sont assurés à Nice, Bastia et Calvi, tandis que 30% des vols sont annulés à Lyon, Marseille, Montpellier, Ajaccio et Figari. En région parisienne, les annulations concernent le quart des liaisons au départ ou à l'arrivée de Paris-Charles-de-Gaulle et Orly,  deux aéroports qui en période de pointe estivale voient habituellement transiter quelque 350 000 voyageurs par jour au total. Place forte du "low-cost", celui de Beauvais est logé à la même enseigne, avec 25% d'annulations.

La situation risque de s'aggraver ce vendredi 4 juillet, jour de début des vacances scolaires. D'après TF1, la DGAC a exigé que 40% des vols soient annulés au départ ou à l'arrivée des trois principaux aéroports parisiens. À Nice, seuls la moitié des vols seront maintenus, comme la veille. 30% de vols en moins sont également attendus à Lyon, Marseille, Montpellier, Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari.

Du côté des compagnies, Air France a confirmé avoir été "contrainte d'adapter son programme de vols", sans préciser l'ampleur des annulations. Son réseau long-courrier ne serait toutefois pas affecté. Sa filiale low-cost Transavia a affirmé avoir prévenu ses passagers individuellement et que "des mesures commerciales" permettraient "un report du voyage sans frais ou un remboursement intégral", selon Le Figaro.

270 contrôleurs aériens en grève

L'UNSA-ICNA et l'USAC-CGT, qui ont obtenu respectivement 17% et 16% des voix aux dernières élections professionnelles, ont invoqué plusieurs raisons de se mettre en grève. Au cœur des revendications de l'UNSA-ICNA : un "management toxique", la "défaillance dans la conduite des projets" et le "non-rattrapage de l'inflation", selon Le Monde. De son côté, l'USAC-CGT réclame "l'arrêt de la politique dogmatique de suppression annoncée du service du contrôle aérien dans plus d'une vingtaine d'aérodrome". Cette réforme pourrait se traduire par la fermeture du quart des tours de contrôle entre 2028 et 2035, alors la France compte "trois à quatre fois plus de tours de contrôle que partout ailleurs en Europe", selon la DGAC.

Les aiguilleurs français demandent aussi un alignement des rémunérations sur les standards européens : ils touchent environ 5 000 euros net par mois, soit deux à trois fois moins que dans les grands pays du continent, d'après le syndicat majoritaire des contrôleurs du trafic aérien, qui ne s'est pas joint au mouvement. Autre motif de la mobilisation : "Le contrôle de présence des contrôleurs", d'après la DGAC. Après une quasi-collision en 2022 à Bordeaux entre un Airbus et un petit avion, le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) a recommandé en 2023 la mise en place de badgeuses biométriques pour contrôler la présence des aiguilleurs du ciel sur leur lieu de travail. L'enquête avait révélé que des aiguilleurs, en sous-effectif et occupés à d'autres tâches, avaient brièvement oublié le second appareil, une situation liée à la pratique dite de la clairance, où des salariés se permettent des absences non déclarées en période de faible trafic.

Le ministre des transports, Philippe Tabarot, s'est dit mercredi "résolu à tenir bon" face aux syndicats de contrôleurs aériens "minoritaires" qui ont des revendications "inacceptables". "Je sais combien ces mouvements de grève sont coûteux pour vos compagnies aériennes", a-t-il affirmé en clôture du congrès annuel de la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers. "Les revendications portées par des syndicats minoritaires sont inacceptables, tout comme le choix de faire cette grève au moment des grands départs en congés", a-t-il ajouté. Face à ces propos, l'Unsa-Icna a affirmé "regrette[r] que la communication politique ait désormais pris le pas sur le traitement des problématiques majeures" à la DGAC, rapporte Libération.