47 adolescents juifs débarqués d'un vol Vueling : que s'est-il passé à l'aéroport de Valence ?
Ils rentraient à Paris-Orly après une colonie de vacances à Calella, en Espagne. Mercredi 23 juillet, 47 adolescents français de confession juive, âgés de 13 à 15 ans, accompagnés de quatre encadrants, ont été sortis d'un avion Vueling à l'aéroport de Valence, avant son décollage. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre une personne plaquée au sol et menottée par la Guardia Civil, dans ce qui semble être le couloir d'embarquement.
L'incident a rapidement provoqué indignation et colère. Sur X (anciennement twitter), le Ministre de la Diaspora, Amichai Chikli, a affirmé que "l'équipage de la compagnie aérienne a déclaré qu'Israël était un État terroriste et a forcé les enfants à descendre de l'avion". La compagnie Vueling, de son côté, dément catégoriquement cette affirmation, nie toute motivation religieuse et pointe du doigt un mauvais comportement du groupe.
Des enfants "choqués" et "abandonnés"
Plusieurs parents ont témoigné dans les médias pour partager la version de leur enfant. Karine Lamy, mère d'un des adolescents, a expliqué au média conservateur israélien I24 News qu'"un enfant a chanté une chanson en hébreu, et le personnel a menacé d'appeler la police". Elle affirme que la directrice du groupe, âgée de 21 ans, a été menottée et mise à terre après avoir protesté contre la saisie de téléphones afin d'effacer d'éventuelles vidéos. "Les enfants sont choqués, abandonnés à l'aéroport", a déploré la mère, Karine Lamy. Celle-ci dénonce un "acte antisémite" rappelant le génocide de "39-45".
Une autre mère, qui préfère rester anonyme, a indiqué au Parisien que le groupe a été "mis dans une pièce pendant deux heures", et qu'ils ont dû "récupérer leurs bagages" avant d'être "jetés de l'aéroport". Selon les échanges qu'elle a eus avec son fils, "il semblerait qu'un gamin ait crié une fois en hébreu et que ça soit parti de là". Elle rapporte que certains enfants ont repris un autre vol vers la France, tandis que d'autres ont passé la nuit sur place. La mère précise que la colonie était organisée pour des jeunes juifs, mais restait ouverte à tous.
Un passager qui n'a rien à voir avec le groupe, Damien, assis à "une dizaine de rangées" du groupe avec sa fille, dit au journal que le groupe est resté calme, selon ce qu'il a pu voir des événements : "Je n'ai pas entendu de bruit, ni de cris. Pendant les consignes de sécurité, Vueling a dit qu'ils allaient appeler la police pour des raisons de sécurité. Personne n'a vraiment compris ce qu'il se passait." Finalement, le vol a décollé avec plus de deux heures de retard.
Un comportement "inapproprié" en cause, selon Vueling et selon la police
Face aux témoignages, la compagnie a tenu à se justifier dans un communiqué publié ce jeudi 24 juillet. Selon Vueling, l'intervention de l'équipage à bord s'explique uniquement par "un comportement compromettant l'intégrité du vol, ainsi que de la sécurité des passagers et de l'opération". En cause : le groupe aurait "manipulé de manière inappropriée du matériel de sécurité" et "interrompu activement la démonstration obligatoire des consignes" en ignorant "à plusieurs reprises les instructions du personnel de cabine".
Ce comportement "inapproprié" a conduit l'équipage a activer les protocoles de sécurité et à faire appel à la Guardia Civil, la police espagnole. "Une fois dans le terminal, le comportement agressif du groupe s'est poursuivi", indique Vueling. Selon la compagnie aérienne, "certains individus ont adopté une attitude violente envers les autorités", ce qui aurait entraîné une intervention sur l'une des responsables du groupe.
Selon un communiqué de la police espagnole, "une des monitrices a résisté et n'a pas obéi aux injonctions des agents de la Guardia civil, elle a dû être expulsée par la force". La Guardia civile précise toutefois qu'elle "n'a jamais été arrêtée".
Vueling affirme "rejeter toute forme de discrimination, sans aucune exception" et nie "fermement toute affirmation liant la décision de notre équipage à l'expression religieuse des passagers concernés, que nous respectons pleinement". La compagnie insiste sur le fait que "cette décision a été prise uniquement et exclusivement pour garantir la sécurité de l'ensemble des passagers".
BFMTV est parvenu à joindre plusieurs personnes qui ont assisté à la scène. "Toutes s'accordent quant à elles à dire qu'il n'y a eu aucun cri ou insulte antisémites envers les adolescents, ni aucun propos sur la guerre israélo-palestinienne", indique le média français.
L'organisme porte plainte contre Vueling
Ce jeudi 24 juillet, l'organisme en charge du séjour, le "Club Kineret", a annoncé avoir porté plainte contre Vueling. "Les faits sont clairs, graves, établis et corroborés par de multiples témoignages" écrit l'organisme dans un communiqué transmis par leur avocat. Il dénonce une scène "d'une brutalité rare, injustifié et manifestement empreinte de partialité" à l'encontre du groupe. "Ces enfants, encadrés par sept adultes, venaient de terminer un séjour culturel ; ils étaient assis à leur place, respectueux des règles et du personnel. Aucun incident, aucune menace, aucun comportement inapproprié n'a été signalé" affirme le "Club Kineret".
L'organisateur de colonie de vacances souligne que "le seul élément commun à l'ensemble du groupe est leur visibilité religieuse", certains portant une kippa ou une Étoile de David. "L'usage de quelques mots en hébreu a visiblement suffi à déclencher une mesure d'une extrême gravité, collective, humiliante, et discriminatoire". Le "Club Kineret" dit s'interroger sur "le caractère profondément discriminatoire et potentiellement antisémite de cet acte collectif de rejet et d'humiliation publique".