Julien Bayou : pas candidat au congrès d'EELV, qui pour le remplacer ?
Accusé de violences psychologiques par une ex-compagne, Julien Bayou ne sera pas candidat pour reprendre la tête d'EELV lors du congrès de décembre. La question de sa succession reste ouverte alors que plusieurs candidates sont pressenties.
[Mis à jour le 4 octobre 2022 à 23h41] Le congrès d'EELV qui se déroule en décembre prochain va être l'occasion d'engager une première étape dans le repositionnement du parti auquel aspirent beaucoup de ses adhérents. Alors que l'affaire Bayou a chamboulé les rapports de forces entre cadres du parti, les écologistes font face à une crise sans précédent. En attendant l'organisation du congrès, EELV est dirigé de façon collégiale par les deux secrétaires nationaux adjoints, Léa Balage El Mariky et Jérémie Crépel. Deux nominations après la démission de Julien Bayou de son poste de secrétaire général du parti pour pouvoir se défendre face à des accusations de violences psychologiques sur son ex-compagne , qu'il nie. Il a également quitté son poste de co-président du groupe EELV à l'Assemblée, mais reste député. A l'Assemblée, Cyrielle Châtelain, qui coprésidait le groupe des députés écologistes avec Julien Bayou, le préside seule désormais.
Une restructuration temporaire générant beaucoup d'attente sur les décisions qui vont découler du congrès en décembre prochain, qui doit élire un nouveau chef. Julien Bayou a d'ores et déjà renoncé à la direction du parti Europe-Ecologie-les Verts : le député ne va pas tenter de récupérer le rôle de secrétaire national du parti. "C'est bien qu'il y ait une relève à la tête d'EELV", a-t-il déclaré dans un entretien accordé au Monde le mardi 4 octobre, confirmant ce qui était déjà acté. Julien Bayou aurait-il essayé de conserver le secrétariat national d'EELV s'il n'avait pas été mêlé à une affaire de violence ? Nul ne le sait, mais désormais, ses chances sont nulles. Alors, qui pourrait prendre sa succession ?
Julien Bayou contraint de quitter la direction d'EELV ?
Julien Bayou assure qu'il n'a pas été contraint mais a choisi de quitter la direction d'EELV. Il ajoute que cette décision était nécessaire "pour parler librement sans engager le collectif que je respecte". S'il a été pris librement, le choix du parlementaire a dû être soutenu par les autres cadres du parti secoué par le séisme de l'affaire Bayou. Les élus écolos ont préféré rester silencieux à ce sujet, à l'exception de Sandrine Rousseau, à l'origine des accusations, et de Yannick Jadot, candidat écologiste malheureux à la présidentielle qui avait appelé Julien Bayou à se mettre en retrait de la direction du parti "pour la sérénité de l'enquête" de la cellule interne.
Le maintien du député mis en cause pour des violences psychologiques à l'encontre de son ancienne compagne n'aurait pas envoyé un bon message aux électeurs, surtout quand le parti se revendique écologiste, certes, mais aussi féministe. D'autant que l'affaire a éclaté quelques heures après que la Nupes, dont EELV est une des forces composantes, a été frappée par un autre scandale, dans les rangs de LFI cette fois, pour des violences physiques avérées : l'affaire Quatennens. Alors que le flottement et les positions des cadres de LFI qui ont pris la défense du député mis en cause ont été mal reçus, l'on peut penser qu'EELV n'a pas voulu suivre le même schéma et a décidé de prendre les devants pour sauver l'image du parti. La décision de Julien Bayou serait-elle alors le choix d'un moindre mal pris à l'unisson ? Lui préfère en tout cas que l'on retienne son départ volontaire comme la preuve de son intégrité.
Qui remplacera Julien Bayou à la tête d'EELV après le congrès ?
S'il ne sera pas présent en tant que secrétaire national du parti, Julien Bayou participera au congrès d'EELV en décembre 2022. C'est là que la direction du parti sera refondue avec des nouveaux visages dont certains tentent déjà d'émerger. La conseillère municipale d'Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, Marine Tondelier a, semble-t-il, placé ses pions en publiant une tribune dans les colonnes du JDD fin août et dans laquelle elle appelle à la "refondation" du parti pour former une "majorité politique" et "être à la hauteur des enjeux". D'autres visages d'écologistes sont aussi très présents à l'instar de Sandrine Rousseau, à la visibilité médiatique importante et aux différents buzz, bons ou mauvais, le dernier étant celui sur les accusations lancées à l'encontre de Julien Bayou. La députée ne pouvant cumuler les mandats n'est pas candidate mais elle soutient sa protégée Mélissa Camara, conseillère municipale à Lille, pour réorienter la politique d'EELV.
Une nouvelle vision pour EELV après le départ de Julien Bayou ?
La direction politique d'EELV prise par Julien Bayou sera-t-elle suivie après l'élection d'un nouveau leader ou d'une nouvelle cheffe à la tête du parti en décembre 2022 ? C'est là, l'un des principaux enjeux du congrès d'Europe-Ecologie-Les Verts. Au sein de la formation politique, plusieurs visions s'affrontent et les sons de cloche des différents camps se sont souvent opposés. Les candidatures de Marine Tondelier et Mélissa Camara traduisent ces différents points de vue. L'élue du Pas-de-Calais s'inscrit dans une assez proche ligne de Julien Bayou même si la jeune femme a appelé à une meilleure organisation du parti et de sa pensée. Marine Tondelier est surtout suivie par des personnalités telles que la numéro deux du parti, Sandra Regol, ou l'ex-prétendant à la présidentielle Yannick Jadot. En face, Mélissa Camara se rapproche plutôt d'une politique moins "lisse" et "policée", défendue à la façon d'une Sandrine Rousseau.
L'opposition des deux candidates est aussi l'expression du choix que EELV doit faire mais repousse sans cesse. Julien Bayou a d'ailleurs estimé dans Le Monde que "le congrès peut être un moment de clarification" : "Nous devons dire quelle écologie nous voulons. [...] Excommunier ou rassembler, dresser des murs ou jeter des ponts". Et le député d'ajouter : "Face au climat comme enjeu de sécurité nationale, on est vulnérable. Est-ce qu'on organise la métamorphose pour privilégier le bien-être et la dignité humaine ou est-ce qu'on joue la polarisation et le clivage ? Les écologistes sont face à un choix." Le ton est donné, reste à savoir quelle vision l'emportera.