Taxe CDD : la loi Travail fâche le Medef
[Mis à jour le 11 avril 2016 à 12h36] Après s'être mis à dos une partie de la jeunesse, les organisations étudiantes et les syndicats, le gouvernement risque fâche désormais le Medef. Car, selon nos informations, est (re)mis sur la table une proposition que les organisations patronales considèrent comme un véritable frein à l'embauche : la taxation des contrats à durée déterminée (CDD). Une information confirmée : Matignon vient d'annoncer que le gouvernement allait amender le projet de loi travail pour rendre obligatoire la surtaxation des CDD, afin de privilégier l'embauche en CDI. Concrètement, Bercy aurait imaginé une modulation des contributions patronales à l'assurance chômage, un dispositif qui reste à affiner avec les partenaires sociaux, "cohérent" avec l'assouplissement des conditions des ruptures des contrats en CDI, selon le gouvernement.
La piste avait été déjà évoquée le mois dernier, lors d'une première réunion entre les partenaire sociaux et Manuel Valls, elle se concrétise aujourd'hui, dans le but, dixit le Premier ministre, d'"améliorer l'ensemble des politiques publiques vers la jeunesse". Pour le Medef, il s'agit là d'une "erreur majeure", car surtaxer les contrats précaires, c'est "prendre le problème par le mauvais côté", avait-il fait savoir fait mars.
Loi Travail : de nouvelles annonces
Manuel Valls a également annoncé que les bourses des jeunes diplômés seront prolongées de quatre mois maximum. Une mesure qui devrait coûter à l'Etat près de 130 millions d'euros par an. Matignon prévoit en outre une augmentation du nombre de places en BTS, un quota réservé aux titulaires du bac technologique dans les IUT. Le Premier ministre a également promis une "garantie locative universelle sera mise en place" par "Action logement" qui se portera garant de tous les locataires de moins de 30 ans. Le gouvernement prévoit par ailleurs de consacrer 80 millions d'euros dans le budget de 2017 pour augmenter les apprentis de moins de 20 ans, d'environ 300 euros supplémentaires par an. Par ailleurs, les jeunes en rupture avec leurs parents bénéficieront s'ils le souhaitent d'une couverture maladie universelle complémentaire.
En revanche, l'essentiel des nouveaux dispositifs prévus par la loi a priori demeurent. Ce lundi matin, les organisations d'étudiants et de lycéens ont été reçus par Manuel Valls à Matignon, Parmi leurs revendications, elles réclamaient depuis des semaines l'"accès à un emploi stable" et "aux droits sociaux" pour les plus précaires. Elles demandaient également une augmentation du nombre de formations professionnelles et l'amélioration des conditions de travail des apprentis.
La ministre du Travail, interrogée sur Europe 1 ce lundi 11 avril, a estimé que son projet de loi souffrait d'interprétations "caricaturales", regrettant par ailleurs que "notre pays "crève de ces caricatures, de ces postures". Myriam El Khomri a par ailleurs pris acte du fait que la loi Travail ne semblait contenter personne au sein des organisations syndicales : "Pierre Gattaz d'un côté dit que la loi est vidée de son contenu, de l'autre côté nous avons Philippe Martinez, de la CGT, qui dit que je brûle le code du travail. Les témoignages sont assez savoureux".
En vidéo - Samedi, les manifestations contre la loi travail ont réuni près de 120 000 personnes dans toute la France :
Crédit image - CHAMUSSY/SIPA