Groupes de niveau à l'école : que va-t-il se passer en septembre ?

Groupes de niveau à l'école : que va-t-il se passer en septembre ? Alors que les groupes de niveau entreront en vigueur à la prochaine rentrée scolaire, le Premier ministre et la ministre de l'Education présentent parfois des versions différentes du fonctionnement du dispositif.

Les groupes de niveau feront leur arrivée au collège dès la rentrée 2024. Mais à quelques mois de leur mise en place, la ministre de l'Education Nicole Belloubet et le Premier ministre Gabriel Attal, à l'origine de la mesure, ne semble pas être d'accord sur le sujet. Depuis le mercredi 13 mars, les deux membres du gouvernement se sont relayés dans la presse pour apporter des précisions sur le fonctionnement, mais ont parfois eu des définitions différentes ces futurs groupes de niveau qui seront instaurés dans les classes de sixième et de cinquième pour les cours de français et de mathématiques.

Pourtant, l'union est de mise pour défendre ces groupes de niveau très mal reçus par les enseignants qui dénoncent et craignent un risque de stigmatisation des élèves. Les groupes de niveau font d'ailleurs partie de la liste des motivations qui poussent l'ensemble du corps enseignant à faire grève et à manifester le 19 mars prochain.

La réforme du Premier ministre 

Pour Gabriel Attal, les groupes de niveaux seront "la règle" sur "les trois quarts de l'année au moins" et la classe entière deviendra "l'exception" comme il indiqué dans un entretien à l'AFP, le 13 mars : "Je pense que sur les trois quarts de l'année au moins, il faut que les élèves suivent leurs enseignements en français et en mathématiques dans les groupes de niveau. Donc la règle, c'est le groupe, et l'exception, très encadrée, c'est la classe". Ces groupes s'appliqueront au français et aux mathématiques. Gabriel Attal a ensuite ajouté qu'il y aura "trois groupes selon le niveau de difficulté des élèves, avec un objectif : qu'on puisse faire le point sur le niveau des élèves". 

Malgré les contestations émises par les enseignants, le Premier ministre a refusé d'entendre les inquiétudes à propos de la stigmatisation des élèves mais a reconnu que "la principale inquiétude de beaucoup de parents" est de "savoir si l'organisation de l'école va permettre à leurs enfants de progresser". Face au problème de manque de moyens et d'enseignants au sein de l'Education nationale souligné par les enseignants, Gabriel Attal a déclaré à l'AFP : "Si on se rend compte ici ou là, dans telle académie, dans tel établissement, que des postes supplémentaires sont nécessaires, on continuera à y ajouter des moyens". 

La pédagogie de la ministre de l'Education

Nicole Belloubet a elle aussi apporté des détails sur la futur réforme ce vendredi 15 mars au micro de France Info. La ministre a répondu à l'inquiétude principale du corps enseignant qui est de créer un forme de discrimination des élèves. Elle a déclaré que les groupes "doivent pouvoir évoluer au cours de l'année" et a affirmé "refuser le tri social" parmi les élèves. Dans le détail, la ministre a expliqué que "pour évoluer, il faut, par moments, que [les élèves] se retrouvent en classe entière. Ça donne de la souplesse à chaque établissement, sur le terrain. C'est cela qui va se mettre place et c'est, me semble-t-il, conforme à ce qu'a voulu le Premier ministre". 

Conformément au projet initial, la ministre de l'Education a confirmé que les groupes de niveau ne seront pas figés au long de l'année : "Nous souhaitons que ces groupes puissent être brassés parce que nous ne souhaitons pas qu'un élève qui, par exemple, figure dans le groupe le plus faible, y reste nécessairement jusqu'à la fin de l'année". Ce à quoi elle a ajouté que les moments en classe entière favoriseront "ce brassage." Nicole Belloubet a aussi précisé que "chaque chef d'établissement mettra en œuvre [ce 'brassage'] en fonction de la réalité de son établissement". La ministre a fait savoir que le "cadre clair" de la réforme sera détaillé dans les textes officiels attendus ce samedi 16 mars et devraient présenter la version définitive de ce que seront les groupes de niveau.

Le dispositif pensé par Gabriel Attal laisse en tout cas aux enseignants la responsabilité de constituer ces groupes, comme le rappelle France Info. Les groupes seront constitués en fonction des différents chapitres abordés dans les programmes de français et de mathématique. Ils devraient donc être remélangés à chaque chapitre avec une ou deux semaines de battement. Par exemple, les élèves se trouvant dans le groupe de niveau moyen en géométrie pourraient se retrouver dans celui du niveau élevé pour les fractions la semaine d'après selon leur niveau sur les différentes notions. Pour toutes les autres matières du programme, les cours devraient être suivis en classe entière. Ces groupes pourraient aussi s'appliquer aux classe de quatrième et troisième à partir de la rentrée de septembre 2025.