La méthode Montessori s'est introduite dans de nombreux établissements scolaires ces dernières années. Pourtant, des parents dénoncent et des spécialistes s'inquiètent.
Les établissements scolaires optant pour la méthode Montessori représentent près de 250 écoles élémentaires et une vingtaine de collèges en France. Sans compter tous les établissements qui s'inspirent librement du concept, élaboré en 1907 par la médecin et pédagogue italienne Maria Montessori. Ces écoles se distinguent par une pédagogie particulière, travaillant sur les compétences sensorielles, motrices et cognitives de chaque enfant. Le matériel éducatif est spécifique et adapté aux différentes étapes de développement. L'enseignant est plus en retrait et moins directif que dans une école classique, il est avant tout observateur et conseiller.
Les élèves, eux, disposent d'une liberté dans le choix des apprentissages. La méthode Montessori encourage aussi l'autonomie dès le plus jeune âge. Si cette approche adaptative peut sembler offrir de nombreux avantages pour le développement de l'enfant (goût de l'apprentissage, indépendance, environnement bienveillant...), elle est aussi décriée. Attendre l'intérêt de l'enfant pour débuter l'apprentissage pourrait notamment provoquer un retard significatif selon de nombreuses critiques.

"Il est certain qu'un point problématique récurrent du montessorisme est le fait (...) d'attendre qu'un enfant manifeste de l'intérêt pour tel ou tel apprentissage, avant, éventuellement, d'intervenir pour appuyer son travail et son engagement", constate le maitre de conférence Ghislain Leroy, qui a étudié le sujet, auprès du Café pédagogique. "Un enfant ayant été habitué à s'intéresser aux livres ou à l'écrit dans son milieu familial aura ainsi tendance à aller davantage vers des activités de ce type. (...) À l'inverse, des enfants moins familiers de la lecture ou des jeux éducatifs, et plus généralement de tout ce qui est scolaire, auront tendance à moins tirer profit" de cette méthode, selon lui. Il assure que lors de ses observations, alors que certains enfant se tournaient spontanément vers des livres, d'autres enfants s'occupaient... du ménage !
Si des chercheurs la défendent, la méthode Montessori a alerté bien d'autres spécialistes, comme Fabienne Agnès Levine, psychopédagogue, qui déplore quant à elle le peu de place laissé à l'imagination auprès du site Prodelapetiteenfance. Les écoles Montessori accumulent aussi depuis des mois les témoignages à charge de parents dans la presse : "Les enfants allaient et sortaient de l'école les mains dans les poches", "À 8 ans, ma grande ne sait pas faire de soustractions et tâtonne sur les additions", "En CE1, ma fille ne savait pas lire", "Mon enfant ne sait pas lire mais sait passer le balai", "C'était un établissement en perdition"...
Autre critique récurrente : le prix élevé, qui peut atteindre 10 000 euros l'année voire plus et qui a déjà poussé certains parents déçus à retirer leurs enfants. Nadia Hamidi, présidente de l'Association Montessori France (AMF), estime auprès de 20 minutes que "si les écoles sont chères, c'est parce qu'il n'y a pas d'aides". Pour elle, il faut aussi faire attention au choix de l'établissement, car les écoles se disant Montessori mais n'appliquant qu'une version dévoyée de la méthode peuvent se révéler catastrophiques.
"Ce n'est pas parce qu'un jouet est en bois qu'il est Montessori. Certains surfent sur une vague commerciale pour abuser les parents", prévient Nadia Hamidi. "Forcément, il y a des dérives puisque le nom Montessori n'est pas protégé. Aujourd'hui, tout le monde peut surfer sur la vague marketing." Toutes les écoles affichant directement ou indirectement le nom de Montessori ne sont pas reconnues par l'Etat, loin s'en faut. Elles sont presque toutes hors contrat. Seules 25 ont par ailleurs adopté la charte Montessori et 170 adhèrent à l'association. De quoi faire le tri.