Les écoliers français sont nuls en maths, la raison n'est pas du tout celle que vous pensez

Les écoliers français sont nuls en maths, la raison n'est pas du tout celle que vous pensez Malgré de nombreuses réformes de l'Éducation nationale, les élèves français ont toujours du mal à décoller en mathématiques. Et ce n'est pas qu'un simple manque de volonté.

Le niveau des élèves en mathématiques est toujours en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE. Selon le classement de l'Organisation internationale indépendante pour l'évaluation scolaire Timss, rendu public ce 4 décembre 2024, la France est même classée dernière de l'Union européenne chez les CM1. Malheureusement, ces statistiques ne sont une surprise pour personne : en novembre, des mesures avaient d'ores et déjà été prises par Anne Genetet, la ministre de l'Éducation nationale, avec l'acte II du "Choc des savoirs". Entre une refonte complète de certains programmes, une labellisation des manuels scolaires et un retour des mathématiques au baccalauréat, tout avait été mis en œuvre pour retrouver notre niveau d'antan.

En effet, dans les années 1950-70, la France était réputée pour son excellence au niveau mondial : "Elle était quasiment dominante avec des mathématiciens exceptionnels qui, à eux seuls, produisaient une part importante des mathématiques mondiales", explique Jean-Pierre Demailly, enseignant chercheur à l'université de Grenoble à France Culture.

Avec le temps, cependant, les intellos français sont devenus des cancres. À tel point qu'année après année, la même question revient : pourquoi nos élèves sont-ils si nuls en mathématiques ? Pour le savoir, le mathématicien, lauréat de la prestigieuse médaille Fields en 2010 et ancien député de l'Essonne, Cédric Villani, a réalisé un rapport, datant de 2018, en collaboration avec l'inspection générale de l'Éducation nationale. Selon lui, l'école française du XXIème siècle ne serait pas adaptée à un bon apprentissage des mathématiques. En particulier à cause du manque de temps et de formation des enseignants.

Dans un entretien accordé au Figaro, Éric Charbonnier, l'un des spécialistes des questions d'éducation à l'OCDE, déplore l'ampleur du temps passé par les professeurs à corriger des copies : "La France fait aussi partie des pays où l'enseignant va passer beaucoup de temps à corriger les devoirs et à évaluer. Sept heures par semaine, c'est énorme !" En moyenne, les pays de l'OCDE donnent vingt à vingt-cinq heures de cours hebdomadaires, contre dix-huit heures pour la France. 

De plus, une enquête de l'Observatoire Ecolhuma révèle que 80% des professeurs se forment par eux même, sur les réseaux sociaux ou sur internet, en raison d'un manque d'accompagnement de la part de l'Éducation nationale. Les programmes, souvent instables, les contraignent à préparer des nouveaux cours en permanence. Et leur faible revenu salarial n'aide en rien leur sentiment d'abandon lorsqu'ils font face à des classes dépassés. "Le professeur est souvent seul", constate Cédric Villani.

De leur côté, les élèves ne sont pas moins à la peine. Avec le temps, les mathématiques se sont dotées d'un poids social et symbolique souvent démesuré. Selon l'enquête Cedre, 74% des élèves de 3ème interrogés disent s'inquiéter à l'idée d'avoir de mauvaises notes dans cette matière. Pour cause, la discipline souffre d'une image élitiste qui intimide les écoliers. "Dès 7 ans, certains élèves se déclarent déjà nuls en mathématiques", regrette le rapport Villani. Pour certains, l'ampleur du travail est telle qu'ils peuvent être amenés à quitter le système scolaire en souffrant d'innumérisme. Et d'autres, murés dans l'incompréhension, subissent le cours sans volonté d'y participer.