Syrie, l’accord de Genève : un plan de transition qui fait débat

L’accord de Genève adopté samedi par le Groupe d’action sur la Syrie prévoit que le futur gouvernement de transition inclura des membres du gouvernement actuel et de l’opposition.

Pour Paris et Washington, cela implique implicitement le départ de Bachar el-Assad. Quant à Moscou et Pékin, le plan a été accepté en affirmant que les Syriens devaient eux-mêmes choisir leur avenir. En effet, la Russie et la Chine refusent un départ forcé de Bashar al-Assad, alors que les États-Unis et leurs alliés européens et arabes estiment que celui-ci est indispensable.
Dans une guerre où le régime baasiste et ses opposants s’affrontent depuis bientôt 15 mois et les violences se multiplient malgré la présence des observateurs de l’ONU, il y a peu de chance que l’accord de Genève soit appliqué sur le terrain. Depuis le début de la révolte et malgré la gravité de la situation intérieure, le régime actuel profite de l’appui de Moscou et Pékin pour gagner encore du temps. En revanche, l’opposition syrienne, qui qualifie de « farce » l’accord de Genève, refuse l’idée de devoir négocier avec le gouvernement actuel. Même si les autorités syriennes n’ont pas commenté le plan de transition, la presse officielle a également parlé d’un « échec »
.
De son côté, Bashar al-Assad a dénoncé toute solution imposée de l’étranger à la crise syrienne, jugeant que la Syrie est soumise aux pressions d’une partie de la communauté internationale mais que ces pressions n’auront aucun effet à l’avenir. Selon lui, le devoir de son gouvernement est de « détruire les terroristes »
qui le combattent depuis un an et demi. Bashar al-Assad a accusé les Occidentaux et certains pays arabes de vouloir faire capoter le plan de paix de Kofi Annan.
Sous l’égide de la Ligue arabe, des opposants syriens se sont réunis lundi au Caire pour mettre en place une vision commune de la période post-Assad, mais les rebelles de la force armée d’opposition ont décidé de boycotter cette rencontre, qui selon eux, est un « complot »
puisque les participants refusent « l’idée d’une intervention militaire étrangère pour sauver le peuple syrien ».
Dans une interview à la télévision publique iranienne, le président syrien a affirmé qu’aucune opération militaire conduite par l’OTAN n’est possible dans son pays, et s’est félicité du soutien apporté par l’Iran à son gouvernement.
Le président du Comité militaire de l’Otan, le général Knud Bartels, a déclaré de son côté qu’il n’y aurait pas d’intervention militaire en Syrie tant que les solutions politiques n’auraient pas été épuisées.
Dans un contexte tendu, la poursuite des massacres, et les divergences  sur l’interprétation de l’accord de Genève parmi les membres du Groupe d’action eux-mêmes, vont à l’encontre d’une vision unifiée en ce qui concerne l’avenir de la Syrie. En partant du constat que la communauté internationale a le devoir de mettre un terme au conflit syrien, celle-ci parviendra-t-elle à trouver une réponse politique face à un régime que certains accusent d’avoir perdu toute légitimité et dans un pays où rôde la possibilité d’un éclatement qui pourrait avoir des répercussions régionales désastreuses ?