Intempéries meurtrières sur la Côte d'Azur : la faute à Météo France ?

Intempéries meurtrières sur la Côte d'Azur : la faute à Météo France ? Alors que le bilan des intempéries dans les Alpes-Maritimes est encore incertain, des élus locaux montent au créneau et pointent du doigt Météo France. Mais pour les experts, le problème est ailleurs.

[Mis à jour le 5 octobre 2015 à 20h04] Au moins 20 personnes ont été tuées dans les intempéries qui ont frappé le sud de la France dans la nuit de samedi à dimanche. Deux personnes sont encore portées disparues, lundi soir. Alors après ce week-end d'horreur, une question est dans toutes les têtes ce lundi matin : aurait-on pu éviter ce drame ? Pour certains élus locaux, la responsabilité est à chercher du côté de Météo France. L'agence avait placé cinq départements en vigilance orange samedi midi. Pour eux, l'alerte rouge aurait dû être activée, ce que l'institut météorologique n'a pas cru nécessaire.

"Alpes-Maritimes : ces intempéries étaient-elles prévisibles ?"

"Personne n'a été alerté ni prévenu d'une telle violence", affirme le maire de Nice Christian Estrosi sur Europe 1. Une alerte rouge "aurait imposé que dans les heures qui précèdent, on demande à la population de bien vouloir prendre des précautions, d'évacuer les lieux, des campings notamment". Même constat pour Eric Ciotti, président du conseil départemental des Alpes-Maritimes. "C'était la vigilance rouge qui aurait dû s'imposer", affirme-t-il sur la même radio. "J'ai l'impression qu'il y a une banalisation de la vigilance orange, qui est déclarée de façon de plus en plus fréquente, et que naturellement, ça peut amoindrir chez nos concitoyens les réflexes de prudence".

Les inondations, conséquence de la trop forte urbanisation

Du côté de Météo France, on réfute toute erreur. "Il nous était difficile de prévoir une telle intensité en un temps si court", explique le directeur adjoint Pascal Brovelli au Monde. "Déclencher une vigilance rouge à 20h, au moment où nous avons pris conscience de la réelle intensité et violence du phénomène, n'aurait pas permis d'alerter les services et les populations dans des délais suffisants". "L'état de la prévision météorologique ne nous permettait pas d'anticiper réellement une telle catastrophe", renchérit François Jobard, prévisionniste, sur LCI. Pour le maire de Cannes David Lisnard, le problème est à chercher ailleurs. "On aurait pu être en alerte noire, rouge, écarlate, de la couleur que vous voulez (…), vous êtes présent mais vous ne pouvez pas échapper à des morts dans une agglomération de 500 000 habitants", estime-t-il sur Europe 1.

Pour les spécialistes, l'urbanisation serait en grande partie à l'origine du drame. "A un moment, les canalisations ne sont plus capables d'absorber le trop plein d'eau et ça déborde. Il n'y a donc même plus besoin d'avoir de cours d'eau pour que l'eau monte dans les rues et que ça inonde", explique ainsi Magali Reghezza-Zitt, géographe spécialiste de l'Environnement et des villes. "On vit aussi les conséquences d'une urbanisation qui a imperméabilisé les sols (...). Il faut réparer les erreyrs de l'urbanisation des années 70, 80, 90 en remettant de la nature dans la ville", affirme Cécice Duflot, députée EELV, ce lundi matin sur France Info. 

L'état de catastrophe naturelle sera reconnu

"Il y a eu des erreurs commises il y a 50 ans quand l'Etat d'ailleurs délivrait les permis de construire", reconnaît Eric Ciotti dans Le Figaro. Et de pointer la lenteur des procédures : "Des travaux sont différés pour des raisons écologiques. Quand il s'agit de protéger les hommes, il faut pouvoir s'abstraire des procédures habituelles". Une solution que l'élu portera grâce à une proposition de loi. Christian Estrosi dénonce, lui, le manque d'aide de l'Etat après avoir dépensé 130 millions d'euros dans un plan de prévention des risques. "Ces lourdes réalisations sont principalement à la charge des collectivité locales", indique-t-il.

Pour l'heure, François Hollande a annoncé dimanche que l'état de catastrophe naturelle serait reconnu pour les victimes. La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a aussi affirmé sur France 5 vouloir développer des "mécanismes d'alerte" dans les villes à risques et faire de la prévention à destination des habitants, avec par exemple des "séances de répétition". La région a, elle, promis une aide d'urgence de 4 millions d'euros. "Une enveloppe de 5 millions d'euros" devrait également être rapidement débloquée par le département.