Sylvie Leclerc : le meurtre de son compagnon expliqué par le "syndrome de l'otage" ?
Le procès de Sylvie Leclerc s'ouvre ce lundi à Nancy devant la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle. Cette femme de 49 ans est jugée pour le meurtre présumé de Gérard Schahan, survenu le 15 mai 2012. Selon la version retenue par les enquêteurs, que l'accusée ne conteste pas, l'homme est décédé d'une balle de carabine tirée en plein coeur, alors qu'il dormait sur son canapé. Sylvie Leclerc aurait agi pour mettre fin au calvaire que son compagnon - avec qui elle vivait depuis 34 ans et avec qui elle a eu un enfant - lui faisait vivre. C'est en tout cas ce que mettent en avant ses avocates, Mes Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, celles qui avaient assuré la défense de Jaqueline Sauvage en décembre dernier.
Sylvie Leclerc explique avoir subi, durant des années, quelques violences physiques et un harcèlement moral permanent. Le profil psychologique de l'accusée et la réalité des violences subies seront au coeur du procès qui doit durer 4 jours. Le soir du meurtre, Gérard Schahan n'a pas levé la main sur Sylvie Leclerc, ce qui rend peu tenable la thèse de la légitime défense. Pour l'un des psychiatres interrogé, "sans qu'elle en ait complètement conscience, mais aussi parce que sa personnalité est fragile, Sylvie Leclerc s'est progressivement enlisée et enfermée dans une position et un statut de prisonnière en quelque sorte, développant ce qu'il est convenu de qualifier de syndrome de l'otage dont elle ne pouvait s'extraire que dans la violence auto-agressive ou hétéro-agressive". Selon un autre praticien, dont les propos sont repris par l'Est républicain, "le passage à l'acte est un raptus de révolte contre les causes, réelles ou supposées par l'intéressée, de cette dépression".
Sylvie Leclerc évoque "une petite voix"
Les deux experts psychiatres assurent que Sylvie Leclerc souffrait au moment des faits d'une "altération du discernement". Pour son avocate Nathalie Tomasini, "ce geste est celui d'une femme violentée pendant 35 années, un geste de survie libérateur". Une analyse contestée vivement par l'un des avocats de la partie civile, Me Rui Manuel Pereira : "C'est une femme fragile et sous emprise, mais ce n'était pas du fait de son compagnon, elle s'est enfermée elle-même dans ce processus".
L'accusée, elle, affirme avoir entendu "une petite voix" intérieure. Une voix lui laissant entendre "qu'il faut qu'(elle) le tue pour être tranquille, libre". Quelques jours avant le drame, Sylvie Leclerc est convaincue d'avoir entendu cet avertissement : "C'est toi qui va mourir ou c'est lui pour avoir la paix".
Sylvie Leclerc encoure une peine de réclusion à perpétuité.