Bernard Laroche : suspecté de meurtre puis assassiné froidement

Bernard Laroche : suspecté de meurtre puis assassiné froidement Personnage clé de l'enquête sur la mort du petit Grégory, Bernard Laroche, un temps suspecté du meurtre, a finalement été assassiné par le père de l'enfant, son cousin Jean-Marie Villemin. Portrait.

[Mis à jour le 27 septembre 2021 à 21h45] Quel rôle a vraiment joué Bernard Laroche dans l'affaire dite du petit Grégory ? A-t-il contribué à son meurtre ? Est-il totalement innocent ? Encore aujourd'hui, quarante ans après les faits, toute la lumière n'a pas été faite sur ce personnage phare de l'un des plus célèbres "cold case" français. Alors que TF1 diffuse lundi 27 septembre la deuxième partie de la série "Une affaire française", qui revient sur le meurtre de Grégory Villemin, en 1984, l'heure est venue de faire le point sur Bernard Laroche, cousin du père du petit Grégory, Jean-Marie-Villemin, avec qui il a passé une bonne partie de son enfance.

Dans le premier épisode diffusé lundi 27 septembre, TF1 revient notamment sur l'arrestation de Bernard Laroche à la suite du témoignage de sa belle-sœur, Murielle Bolle. Après avoir un temps confirmé l'alibi du mari de sa sœur Marie-Ange Bolle - quoi que quelques détails aient pu faire douter les enquêteurs quant à la véracité de ses propos -, Murielle Bolle, âgée de 15 ans à l'époque, était finalement revenue sur sa déclaration. Le jour de la mort du petit Grégory Villemin, ils seraient allés ensemble, avec le fils de Bernard Laroche, Sébastien, "en voiture jusqu'à une maison de Lépanges". Cette maison ne serait autre que celle de Jean-Marie et Christine Villemin. Là, Bernard Laroche aurait fait monter un enfant du même âge que son fils, et qui aurait été identifié comme étant Grégory Villemin. Ils se seraient ensuite rendus jusqu'au village proche de Docelles. Bernard Laroche aurait alors arrêté la voiture et serait descendu avec Grégory, l'emmenant plus loin, avant de revenir... seul. 

Si Murielle Bolle est finalement revenue quelques jours plus tard sur ses accusations, aujourd'hui encore, des doutes subsistent quant à savoir si elle a menti lorsqu'elle protégeait son beau-frère ou lorsqu'elle l'accusait. Une chose est sûre, son témoignage a mis le feu poudre dans une famille déjà particulièrement divisée. Quelques semaines après la garde à vue et l'inculpation de Bernard Laroche par le juge Lambert, suivi de sa libération après le revirement de Murielle Bolle, le père de Grégory, Jean-Marie Villemin, convaincu de la culpabilité de Bernard Laroche, s'est rendu au domicile des Laroche et l'a tué d'un coup de fusil. On fait le point sur toute cette affaire.

Qui était Bernard Laroche par rapport au petit Grégory ?

Bernard Laroche était le cousin de Jean-Marie Villemin, père du petit Grégory. Les deux hommes ne se côtoyaient guère après avoir passé une partie de leur enfance ensemble. Ayant perdu sa mère à la naissance, Bernard Laroche a en effet été élevé par sa grand-mère maternelle Adeline Jacob, également grand-mère de Jean-Marie Villemin. Bernard Laroche sera d'ailleurs très lié avec les Jacob dont son oncle Marcel Jacob. Ouvrier dans une filature, il épouse Marie-Ange Bolle en 1976. Quatre ans plus tard, le couple accueille son premier enfant, Sébastien, né dix jours après le petit Grégory, suivi durant son enfance pour un kyste à la tête et opéré.

Bernard Laroche, de suspect à victime de meurtre dans l'affaire Grégory

Rapidement, les enquêteurs se sont intéressés au profil de Bernard Laroche, le cousin de Jean-Marie Villemin, notamment après le fameux témoignage de la jeune Murielle Bolle, 15 ans qui logeait chez Bernard Laroche et son épouse Marie-Ange Bolle, sœur de Murielle. Cette dernière remet en doute l'emploi du temps de Bernard Laroche, supprimant de facto son alibi puis l'accuse nommément d'avoir été chercher Grégory à la sortie de l'école puis de s'être absenté en compagnie de l'enfant. Murielle Bolle accable ainsi son beau-frère avant de revenir sur ses déclarations le lendemain et de l'innocenter. "Mon beau-frère, il est innocent. C'était un piège et j'ai tombé dedans (sic). À cinq heures, j'étais dans le car. J'avais peur des gendarmes… ils ont profité que j'étais toute seule. Les gendarmes m'ont dit que Bernard avait dit ça et que si je disais pas ça, ils me mettraient en maison de correction", assure-t-elle alors aux nombreux journalistes présents. Arrêté le 5 novembre 1984, Bernard Laroche est alors inculpé pour l'assassinat du petit Grégory Villemin. Mais au témoignage fragile puis rétracté de Murielle Bolle, s'ajoutent d'autres zones d'ombres et éléments pouvant incriminer Bernard Laroche selon le juge Lambert en charge de l'instruction. Ces éléments sont finalement écartés du dossier, notamment l'analyse de la lettre de revendication comprenant une signature "LB" proche de celle de Bernard Laroche. Sorti de prison le 4 février 1985, Bernard Laroche entend reprendre sa vie et son emploi (il venait tout juste d'être promu contremaître). Il est assassiné un mois plus tard le 29 mars 1985 par Jean-Marie Villemin qui avait fait part de ses envies de vengeance. En raison de son décès, Bernard Laroche sera l'objet d'une ordonnance de non-lieu émise le 18 avril 1985, ordonnance qui ne lève pas tous les doutes sur son implication mais le rende de facto non-coupable.

Comment Bernard Laroche est-il mort ?

Le 29 mars 1985, Jean-Marie Villemin, convaincu de la culpabilité de son cousin et ivre de colère après que l'enquête ait été réorientée vers sa femme Christine, se rend au domicile des Laroche à Aumontzey. Les Laroche sont alors en route et reviennent vers leur domicile. "Sur le chemin du retour, je lui dis : "Je crois qu'on va avoir un bébé." Il était tout content. Il a dû se dire : "Une autre vie va commencer", raconte Marie-Ange Laroche-Bolle, la femme de Bernard Laroche dans des propos retranscrits par BFM TV.

A leur arrivée à leur domicile, Marie-Ange Bolle entend du bruit. "On arrive devant la maison. Bernard était engagé pratiquement dans la porte, mais moi je n'étais pas encore rentrée. J'entends des pas lourds, quelqu'un qui sautait. Je me suis retournée, et c'est là que j'ai vu Villemin avec un fusil. Bernard lui a dit : 'Je te jure que c'est pas moi qui ai tué ton gosse. Je te comprends, mais c'est pas moi'. Moi, je disais : 'Jean-Marie, pose ton fusil, on peut discuter". Le frère de Marie-Ange Bolle, présent au domicile avec leur fils Sébastien, descend alors. "Bernard a pris mon frère par l'épaule et lui a dit : 'Lulu, remonte avec le gosse'. Et il a pas eu le temps de remonter..." Jean-Marie Villemin fait alors feu et touche Bernard Laroche dans la poitrine. "Sur le coup, je pensais pas qu'il était mort parce que je voyais pas de sang. Sébastien s'est jeté sur son père, et puis c'est à ce moment-là que le sang a commencé à couler, et puis le gosse criait, il hurlait : 'Maman, j'ai plein de sang ! Enlève-moi ça, enlève-moi ça !' relate Marie-Ange Laroche qui s'est alors penché sur son mari. "Il l'a regardé, et il m'a fait non de la tête. Le pire c'est qu'il est pas mort tout de suite. Je lui disais de pas partir, qu'on allait avoir un autre enfant. Mais bon, il est parti avec ça."