Disparition de Karine Esquivillon : l'enquête a-t-elle progressé en deux mois ?

Disparition de Karine Esquivillon : l'enquête a-t-elle progressé en deux mois ? Karine Esquivillon, une mère de famille originaire de Vendée, a disparu depuis le 27 mars 2023. Une information judiciaire pour "enlèvement et séquestration" a été ouverte. Ses proches s'inquiètent.

[Mis à jour le 26 mai 2023 à 10h52] Karine Esquivillon, une mère de famille de 54 ans, a été vue pour la dernière fois à Maché, en Vendée, le 27 mars. La procureure de la République de La Roche-sur-Yon a ouvert, le 17 avril, une information judiciaire contre X pour "enlèvement et séquestration", et un appel à témoins a été diffusé par la gendarmerie nationale le 9 mai. Pour Michel Pialle, le mari de la disparue, ce départ serait volontaire. Eva-Louise Pialle, l'une des filles de Karine Esquivillon, a témoigné sur BFM TV, indiquant que sa mère était "très méfiante" et qu'une disparition ne lui "ressemblait pas". Elle a demandé à sa mère de "faire un signe" afin de "libérer sa famille". "Si elle veut revenir, ma porte est ouverte et la porte de papa aussi", a assuré la jeune femme, qui n'exclut pas la disparition volontaire.

"Partir comme ça, pour moi ça n'a pas de sens" a indiqué, jeudi 25 mai sur BFM TV, Adélaïde Esquivillon, la sœur de Karine. Elle décrit la disparue comme une "femme peureuse, qui fait attention". Selon elle, Karine Esquivillon n'aurait pas pu partir puisqu'elle s'occupait encore de certains de ses enfants, notamment de son fils de 14 ans, qui est sourd. "J'ai aussi pensé à une mauvaise rencontre", assure sa sœur. Après deux mois d'enquête, les proches de Karine Esquivillon espèrent que la médiatisation pourra apporter de nouveaux éléments.

Quels sont les éléments troublants sur le mari de Karine Esquivillon ?

Deux thèses existent : premièrement, celle d'une fugue, volontaire, défendue par Michel Pialle, lequel a signalé la disparition de Karine Esquivillon ; deuxièmement, celle d'un enlèvement, infraction pour laquelle une information judiciaire a été ouverte par le parquet de La Roche-sur-Yon. Le conjoint de la disparue a affirmé sur BFM TV qu'elle "est partie volontairement, c'est certain." Mais son récit est troublé par la chronologie des faits. 

Une semaine pour signaler la disparition

Selon les informations de Ouest-France, Karine Esquivillon, qui a disparu depuis le 27 mars, aurait échangé des messages avec Michel Pialle jusqu'au 31 mars. Que s'est-il passé durant ces quatre jours ? Mystère. L'homme n'a ensuite signalé la disparition que le 3 avril, soit une semaine jour pour jour après. Un délai qui interroge. "J'étais persuadé qu'elle allait revenir", s'est-il défendu. D'autant que selon ses dires, la mère de famille aurait prévenu de son départ.

Selon lui, la plus jeune fille du couple a reçu un dernier message de Karine Esquivillon le 31 mars  : "Elle a dit à ma fille qu'elle ne donnerait plus de nouvelles quelques jours, car elle allait dans un pays chaud." Deux jours plus tard, Michel Pialle signale la disparition de sa femme à la gendarmerie. Un timing troublant pour la justice.

Les forces de l'ordre ont perquisitionné le domicile familial : téléphones et ordinateurs sont saisis, les cendres de la cheminée sont analysées et le puits est sondé. Les armes du mari ont été confisquées le temps de l'enquête : "J'avais des armes chez moi, car je pratiquais le tir, mais elles étaient toutes déclarées, je ne me sens pas accusé, j'ai ouvert ma porte sans crainte" a-t-il expliqué.

L'un des enfants se montre plus inquiet auprès de la gendarmerie

Si une semaine s'est écoulée entre la disparition de Karine Esquivillon et le signalement auprès des gendarmes, un nouvel aspect du dossier a été dévoilé par BFM TV : le site d'infos en continu avance que l'un des enfants majeurs de la mère de famille, issu d'une première relation, a également contacté à son tour les militaires, le 8 ou le 9 avril. Selon les éléments obtenus, il aurait souhaité avoir confirmation que Michel Pialle avait bien signalé la disparition de sa mère. Une vérification qui interroge les enquêteurs, d'autant que l'enfant se serait montré très inquiet.

Un téléphone retrouvé allumé deux semaines après la disparition

Autre élément troublant dans le dossier : le portable de Karine Esquivillon a été retrouvé le 9 avril, 13 jours après que la quadragénaire a été vue pour la dernière fois. Découvert par hasard, sans carte SIM, dans un fossé par le maire de la commune, le téléphone était "parfaitement propre et sec", avec "un niveau de batterie très bon." De quoi laisser entendre que le téléphone n'était là que depuis quelques heures. Impossible de conserver un niveau de batterie élevé durant plusieurs jours, même sans utilisation. 

Le mari affirme avoir reçu un mystérieux SMS

Au début de l'enquête, Michel Pialle a détaillé aux forces de l'ordre sa dernière journée en compagnie de Karine. Il est le dernier à l'avoir aperçue : "J'étais tout au fond de mon terrain pour essayer de retrouver mon chat qui s'était enfui, quand je suis rentré dans la maison, il n'y avait plus de trace de Karine." Quelques minutes plus tard, il a reçu ce SMS, comme il en a témoigné dans le Figaro: "Je pars, je n'en peux plus d'être à deux mais plus en couple, on vient me chercher, je passerai prendre des affaires." Le couple avait quitté la région parisienne il y a 18 ans pour s'installer en Vendée.

Michel a alors constaté que sa femme avait disparu avec des habits, des outils d'hygiène et le livret de famille. Le mari est convaincu de son retour : "J'avoue ne pas l'avoir remarquée en train de préparer son départ, mais vu que c'est quelqu'un de peureuse, je me suis dit que dans trois quatre jours, elle serait de retour." Les deux vivaient sous le même toit alors qu'ils seraient séparés depuis quatre ans. Karine ne travaillait plus depuis plusieurs années pour s'occuper de leur maison et des deux enfants les plus jeunes, dont son fils atteint de surdité. Son mari revend des objets anciens depuis leur domicile.

Michel Pialle affirme que Karine Esquivillon est partie d'elle-même

Cité depuis le début de l'affaire, Michel Pialle a répondu à plusieurs médias. Auprès de France 3, il s'est dit "convaincu qu'elle est partie volontairement", énumérant à France Bleu qu'"elle a pris de l'argent, son portefeuille, son sac-à-main... Un tas de choses, qu'elle avait déjà préparé d'avance, je pense." Face aux accusations portées à son encontre, l'homme rappelle que les enquêteurs ont déjà fouillé son jardin ainsi que les puits de la propriété. "Ils ont tout fouillé", assure-t-il. Lui appelle plutôt la disparue à donner un signe de vie : "Ce qu'on veut, c'est savoir si elle va bien. Si elle ne veut plus nous voir, d'accord, mais qu'elle le dise. Au moins, on sera rassuré. Si elle veut refaire sa vie, qu'elle nous le dise. Certes, cela nous prendra des mois, voire des années à s'en remettre, même pour les enfants. On ne la jugera pas, c'est son choix, mais au moins, on sera tous libérés."

Les proches de Karine Esquivillon doutent d'une fugue

Eva-Louise, l'ainée de Karine Esquivilion, est désemparée : "Je n'ai plus de nouvelles d'elle, même pas un message pour mon anniversaire alors que j'ai une relation fusionnelle avec elle. Quelques semaines avant, elle parlait de venir me voir dans le sud avec mon père." L'avancée laborieuse de l'enquête n'aide pas cette famille : "Je suis totalement perdue, je ne m'attendais pas à ce que ma mère disparaisse, je ne comprends pas."

Sa fille ne croit également pas à un départ volontaire : "Ma mère s'occupait beaucoup de mon petit frère sourd, elle faisait les devoirs avec lui, elle ne l'aurait jamais lâché. Ma mère ne savait même pas mettre sur haut-parleur, alors je peux vous assurer qu'elle ne saurait pas enlever une carte SIM." L'un de ses autres enfants partage son désarroi : "On n'a aucune piste, c'est terrible. On ne sait pas si on doit faire notre deuil ou espérer qu'elle revienne."

La sœur de Karine Esquivillon doute d'une fugue. "Je ne vois pas ma sœur partir comme ça, en pleine après-midi, avant que les enfants rentrent de l'école (...) Elle aimait bien être chez elle, avec ses enfants", a-t-elle déclaré sur BFMTV. "Si elle voulait aller se reposer quelque part, elle aurait pu en parler avec ses enfants, les embrasser avant de partir. On peut dire les choses et ne pas fuir", a-t-elle ajouté, indiquant par ailleurs ne pas être au courant de la séparation supposée de la disparue avec son mari. "Apparemment, Michel Pialle dit qu'ils sont séparés plus ou moins, même en habitant sous le même toit", a-t-elle raconté, évoquant une sœur "très discrète" sur sa vie personnelle."

Des proches de la disparue se sont aussi exprimés dans le Figaro. Pour eux,"Karine est une femme casanière à la vie sociale peu développée, extrêmement craintive et méfiante". Alors, l'hypothèse d'une rencontre en ligne, comme évoqué par une voisine, ne tient pas pour ses proches : "Elle n'aurait jamais suivi une personne, c'est impossible. En plus, elle détestait les réseaux sociaux ou les rencontres à distance alors, je ne la vois pas tchater toute la nuit avec une personne."

L'enquête semble au point mort

Cette disparition bouleverse la commune : présence d'hélicoptères, nombreuses patrouilles de gendarmes. Le maire Frédéric Rager s'est exprimé auprès de France Bleu : "On connaît cette famille puisqu'elle réside depuis une vingtaine d'années sur la commune, mais ce sont de gens très discrets qui vivent éloignés du bourg. On ne les voyait quasiment jamais. La gendarmerie enquête. C'est forcément quelque-chose qui interroge et inquiète. Tout ce que j'espère, c'est que l'issue soit heureuse".

Selon l'appel à témoins diffusé par la gendarmerie de Loire-Atlantique, Karine Esquivillion mesure 1m67, a les cheveux noirs, mi-longs et frisés. Elle est de type européen et porte un long tatouage représentant sept fleurs de lys sur les reins. À sa disparition, elle portait des boucles d'oreilles et des bagues dorées fantaisie aux deux mains. Si vous disposez d'informations permettant d'aider les enquêteurs, contactez le 0800 877 668 (n° vert gratuit – 24h/24 – 7j/7).