Abdalmasih H : l'enquête se poursuit sur l'auteur de l'attaque à Annecy

Abdalmasih H : l'enquête se poursuit sur l'auteur de l'attaque à Annecy Abdalmasih H., un réfugié syrien de 31 ans, a été mis en examen samedi pour tentative d'assassinat et rébellion avec arme. Depuis son interpellation, le suspect de l'attaque au couteau à Annecy n'a donné aucune explication.

[Mis à jour le 11 juin à 17h34] Les motivations d'Abdalmasih H., l'homme interpellé après l'attaque au couteau à Annecy, restent encore floues. Accusé d'avoir attaqué à l'arme blanche six personnes, dont quatre enfants en bas âge, sur une aire de jeu d'Annecy (Haute-Savoie), ce jeudi, le réfugié syrien de 31 ans, a été mis en examen ce samedi pour tentative d'assassinat et rébellion avec arme. Il a été placé en détention provisoire dans une cellule anti-suicide à la maison d'arrêt d'Aiton (Savoie), selon franceinfo. Depuis son arrivée en cellule, le mis en cause a refusé de s'alimenter et n'a pas bougé de son lit, où il est resté prostré "en position fœtale" sans "dire un mot". L'homme, inconnu des services de police et de justice, a également refusé de s'exprimer tout au long de sa garde à vue et face aux deux juges d'instruction, a confirmé samedi la procureur de la République d'Annecy lors d'une conférence de presse.

La magistrate a indiqué qu'il avait été interpellé en possession d'une arme de type couteau pliable et qu'il avait sur lui "deux images chrétiennes, une croix autour du cou, 480 euros en espèces et un permis de conduire suédois". Plusieurs témoins ont entendu l'homme évoquer sa femme, sa fille et prononcé le nom de "Jésus Christ". Ses motivations restent floues notamment car celui-ci a gardé le silence jusqu'à présent. La procureur a également estimé qu'il est "prématuré" de se prononcer "sur l'absence ou la présence d'une pathologie" psychiatrique.

Un parcours entre la Syrie, la Suède et la France

L'auteur de l'attaque au couteau est un homme âgé de 31 ans, né en octobre 1991 à Hassake, en Syrie. Selon sa mère, sollicitée par l'AFP, il aurait servi dans l'armée syrienne, avant de quitter le pays en 2011. L'homme se serait réfugié en Turquie. C'est là qu'il a fait la rencontre d'une femme, également syrienne et plus âgée que lui.

En 2013, ils auraient déménagé en Suède, à Trollhättan, à 75km au nord de Göteborg indique BFM TV. Abdalmasih H. y avait obtenu plusieurs titres de séjour depuis 2013 et résidait donc légalement dans le pays. En revanche, ses demandés de nationalité lui avaient été refusées à plusieurs reprises, depuis 2017. Selon les dires de la femme, tous deux suivaient des études pour être infirmier.

Des refus malgré un mariage, lequel a donné lieu à la naissance d'une petite fille, en 2020. Leur union n'a finalement pas duré puisque le couple a divorcé "il y a huit mois" a indiqué son ex-compagne, précisant : "nous nous sommes séparés parce que je ne voulais pas quitter la Suède." Direction donc la France pour Abdalmasih H. Arrivé dans l'Hexagone fin 2022, ce Syrien d'origine dépose une demande d'asile auprès de l'Ofpra. Celle-ci lui a été refusée le 4 juin 2023 au motif que l'homme avait obtenu... le statut de réfugié en Suède le 26 avril, alors même qu'il avait quitté le pays. 

SDF à Annecy

Comment Abdalmasih H. est-il arrivé à Annecy ? Des zones d'ombre planent encore autour de son parcours. Dans la préfecture de la Haute-Savoie, l'homme de 31 ans était sans domicile fixe. "Il m'a appelée il y a quatre mois, il habitait dans une église. Mais je n'en sais pas beaucoup plus", a simplement indiqué son ex-compagne. Inconnu des principales associations d'aide aux réfugiés de Haute-Savoie, selon le Dauphiné Libéré, il passait ses journées dans le parc où il a attaqué des enfants.

Un employé qui travaillait près du site a confié au journal local que "ça fait deux mois que ce gars vient s'asseoir sur un banc tous les jours" et surtout, "toute la journée" selon ses dires, par tout temps, dans une tenue simple, toute en noir. "Il ne parlait pas", ou peu, jamais véhément ou vindicatif selon ce témoin. S'il "marmonnait dans sa barbe", l'homme n'était "pas agressif."

Entré légalement en France

Très vite après l'attaque s'est posée la légalité de sa présence en France. Une chose est sûre : l'homme n'est pas passé entre les mailles du filets des autorités. Si sa demande d'asile avait été refusée en France, c'est en raison du statut de réfugié qu'il détenait en Suède. Une donnée d'importance puisque cela lui octroyait la libre-circulation dans l'espace Schengen. Ainsi, l'homme est entré tout à fait légalement sur le territoire français. Il était, jusqu'à son attaque, inconnu des services de police et de justice de l'Hexagone. 

Pas de mobile terroriste à ce stade

Lors d'une très brève conférence de presse, la procureure d'Annecy a indiqué qu'à ce stade, "aucun mobile terroriste" n'était établi et qu'il n'y a "pas d'éléments qui pourraient nous laisser entendre qu'il s'agisse d'une attaque terroriste." Toutefois, le Parquet national anti-terroriste mène une évaluation de l'enquête pour savoir s'il pourrait requalifier ou non les faits. 

Une attaque "au nom de Jésus" ?

Durant sa prise de parole, la procureure d'Annecy n'a pas indiqué si Abdalmasih H. avait été auditionné ou non. Si le mobile reste encore à déterminer, des propos tenus par l'assaillant lors de sa macabre entreprise interpellent. Dans une vidéo enregistrée au moment des faits et diffusée sur les réseaux sociaux, l'homme lance "In the name of Jesus Christ" ("Au nom de Jésus Christ", ndlr), agitant son couteau en l'air. Confirmera-t-il ses dires devant les enquêteurs ? Lors de sa demande d'asile, l'individu s'était présenté comme "Chrétien de Syrie". 

Selon les témoins, l'homme visait les enfants

Au moment de l'attaque, l'homme était coiffé d'un turban. Une courte vidéo, diffusée sur Twitter, le montre en train d'errer dans le parc, un couteau à la main. Il a été rapidement maîtrisé et interpellé par les forces de l'ordre sur place. Pour l'heure les circonstances et les motivations de cette attaques restent floues. Au moment de l'attaque, l'assaillant visait "manifestement" les enfants selon des témoins de la scène, interrogé par France Bleu. D'autres témoignages décrivent l'individu comme un homme marginal qui "errait depuis plusieurs jours aux alentours du lac". Il vivrait dans la rue et aurait été vu se baignant dans le lac.

Selon plusieurs autres personnes, interrogées par BFM TV, Abdalmasih H. "a sauté, commencé à crier, directement s'est dirigé vers la poussette et a commencé à asséner des coups de couteau à répétition." Un témoin affirme qu'"iI s'attaquait clairement aux bébés car il y avait plusieurs adultes autour. Il n'a pas touché la grand-mère qui essayait de se débattre avec son sac." Mais "quand il a vu qu'il était cerné par les policiers, il s'est dirigé vers un couple et a donné un coup de couteau au mari de la dame", raconte ce même témoin.