Attentat à Arras : le terroriste présumé promet de s'expliquer, le point sur l'enquête

Attentat à Arras : le terroriste présumé promet de s'expliquer, le point sur l'enquête

L'auteur de l'attaque terroriste d'Arras a été mis en examen et placé en détention provisoire. Si son profil se précise, l'homme n'a rien dit sur ses motivations mais a promis de s'expliquer devant le juge selon son avocat.

Ce qu'il s'est passé le 7 octobre
  • Une attaque au couteau a eu lieu vendredi 13 octobre dans un lycée de la cité scolaire Gambetta-Carnot d'Arras. Le professeur de français Dominique Bernard a été tué et trois personnes, un professeur d'EPS et deux agents de l'établissement, ont été blessées par plusieurs coups de couteau.
  • Le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard, a indiqué mardi 17 octobre comment l'assaillant avait procédé. Ce dernier, armé de deux couteaux, a d'abord "frappé violemment Dominique Bernard au niveau du cou et de l'épaule" tandis qu'u "autre professeur tentait de s'interposer et recevait des coups de couteau au visage", devant le lycée. Puis l'assaillant est entré dans la cour intérieure de l'établissement scolaire pour poursuivre un professeur qui était intervenu à l'extérieur. "Son attention a été détournée par l'intervention d'un agent d'entretien muni d'une chaise, en tentant de s'interposer celui-ci est tombé et l'agresseur a tenté de le poignarder à plusieurs reprises", a poursuivi le magistrat.
Qui est le terroriste présumé ?
  • L'assaillant d'Arras, Mohammed Mogouchkov, est un ancien élève du lycée âgé de 20 ans, né en Russie et d'origine tchétchène. Il a été placé en détention provisoire mardi 17 octobre après avoir été mis en examen dans la soirée pour assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, ainsi que pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Fiché S pour radicalisation depuis début octobre, il faisait l'objet d'une surveillance étroite de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) depuis le mois de juillet. Des membres de sa famille sont connus des forces de police pour radicalisation.
  • Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard a indiqué qu'une information judiciaire était ouverte notamment pour des chefs d’"assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste". Il est probable que l'assaillant ait été aidé par son jeune frère, également mis en examen mardi soir pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" ainsi que pour "complicité d'assassinat et de tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste". Ce dernier est suspecté d’avoir "apporté un certain soutien dans son projet mortifère", notamment sur "le maniement des couteaux".
  • Mohammed Mogouchkov avait prêté allégeance à l'État islamique dans un enregistrement audio retrouvé par les enquêteurs sur son téléphone. Selon le parquet, le jeune homme y dit sa "haine de la France, des Français, de la démocratie et de l’enseignement dont il a bénéficié dans notre pays". Il a également apporté son "soutien aux musulmans en Irak, en Asie, en Palestine, mais sans relier son acte aux événements actuels" en Israël.
  • L'une des sœurs de Mohammed Mogouchkov a passé trois jours en garde à vue avant d'être remise en liberté lundi soir. On en sait plus sur la teneur de ses déclarations faites auprès des enquêteurs. Selon France Info, la jeune femme de 18 ans a assuré que son frère, auteur présumé de l'attentat, était un homme violent et qu'il avait plusieurs fois agressé leur mère. Elle-même dit avoir subi des violences. Elle a par ailleurs ajouté qu'elle avait été cloîtrée dans sa chambre par lui et ses frères. Selon elle, Mohammed Mogouchkov est un jeune homme radicalisé, qui diffusait des chants de prière islamistes à leur domicile. Elle a également assuré ne pas avoir été mise au courant de ses projets terroristes.
  • Mohammed Mogouchkov aurait fait peu de déclarations sur ses motivations lors de sa garde à vue. Désormais mis en examen et placé en détention provisoire, il "décide de s'expliquer et s'expliquera devant le juge d'instruction" a fait savoir son avocat Me. Verlaine Etame Sone, dans la soirée du 17 octobre. "Il ne ménagera aucun effort pour donner toutes les explications nécessaires à la justice", a ajouté le magistrat précisant toutefois que le mis en cause a "besoin de prendre le temps nécessaire pour donner des réponses précises aux faits qui lui sont reprochés".
Quelles réactions du gouvernement ?
  • Emmanuel Macron, s'est rendu sur les lieux de l'attentat dès le 13 octobre. Après un temps d'échanges avec les forces de l'ordre et les témoins de l'attaque, il a pris la parole pour rendre hommage au professeur décédé et aux victimes blessés qui en s'interposant ont "sauvé beaucoup de vie". Le chef de l'Etat a également dénoncé des actes terroristes et répété le choix du gouvernement de "ne pas céder à la terreur". "Nous faisons bloc et nous tenons debout" a-t-il ajouté.
  • Gérald Darmanin a annoncé le réexamen des fichiers S et l'expulsion ou le retrait des titres de séjour des personnes étrangères radicalisées pour les obliger à quitter le territoire. Gabriel Attal a lui promis de renforcer la sécurité près et dans les établissements scolaires après l'attentat terroriste.
  • Une minute de silence a été observée dans tous les collèges et les lycées de France le lundi 16 octobre en hommage au professeur tué pendant l'attentat. Elisabeth Borne et Gabriel Attal ont participé à l'hommage depuis le collège de Conflans-Sainte-Honorine où exerçait le professeur Samuel Paty, également assassiné lors d'un attentat terroriste le 16 octobre 2020. L'attentat d'Arras faisant écho à l'assassinat de Samuel Paty à seulement quelques jours de l'anniversaire de la mort de l'enseignant. "357 perturbations et contestations" ont été signalées lors de l'hommage selon un bilan provisoire du ministère de l'Education nationale. Le ministre promet des mesures disciplinaires et une saisine du procureur de la République "systématiques". "Pour les cas les plus graves qui s'apparentent à des menaces ou à de l'apologie du terrorisme, une exclusion immédiate des élèves est demandée aux chefs d'établissement, sans délai", précise-t-il également dans le document.