Menace terroriste : un risque qui vient de l'"intérieur" mais aucune menace caractérisée

Menace terroriste : un risque qui vient de l'"intérieur" mais aucune menace caractérisée Alors que de nombreuses fausses alertes à la bombe ont touché des établissements publics depuis une dizaine de jours et que plus de soixante enquêtes sont en cours, le ministre de l'Intérieur rappelle que la menace terroriste est réelle.

La menace terroriste existe et elle est même "très forte" selon le ministre de l'Intérieur. Gérald Darmanin a précisé l'origine du risque dans les colonnes du JDD, le 22 octobre, et selon lui la menace la plus importante vient de "l'intérieur" par des "gens autoradicalisé qui passent à l'acte". Hors de question donc de prendre les alertes à la bombe qui pullulent dans les écoles, les aéroports et autres établissements publics à la légère. D'abord parce que jusqu'à vérification chaque menace peut-être fondée et puis parce que les conséquences de fausses alertes sont lourdes et alimentent la psychose.

Alors que des dizaines de fausses alertes ont touché des écoles, que 70 autres ont visé des aéroports et que le château de Versailles a été menacé à sept reprises depuis l'attentat d'Arras survenu le 13 octobre, 64 enquêtes ont été ouvertes sur l'ensemble du territoire français, selon une sources policière de BFMTV. Et l'identification des auteurs de fausses menaces progresse. Dans les cas des aéroports, "c'est quasiment toujours la même adresse email qui est utilisée" pour envoyer les messages de menace a fait savoir le ministre des Transports Clément Beaune, le 22 octobre. L'auteur de ces emails se trouverait en Suisse et échapperait donc aux sanctions car en dehors de l'Union européenne. Mais l'enquête n'est pas terminée. 

Concernant les menaces visant les écoles, qu'elles soient fausses ou avérées, plusieurs auteurs ont été interpellés. Outre les autres de fausses alertes, un lycéen ayant tenté d'introduire de l'acide chlorhydrique dans un lycée professionnel de Petit-Quevilly (Seine-Maritime) pour la fabrication d'explosif a été arrêté. Le mis en cause âgé de 17 ans et de nationalité syrienne avait été suivi par la cellule de prévention de la radicalisation entre 2020 et 2021. En revanche, un homme de 37 ans atteint de schizophrénie et interpellé pour être à l'origine de plusieurs menaces contre le château de Versailles n'a pas su expliquer son geste.

"Nous n'avons pas de menaces caractérisée"

Si la menace terroriste existe, elle est d'autant plus réelle depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas d'après l'analyse de Gérald Darmanin. Le ministre a fait le lien entre les actes terroristes survenus sur le sol français, en faisant référence au professeur tué à Arras, et le conflit au Proche-Orient. Depuis l'attentat d'Arras, le gouvernement a décidé le passage du plan Vigipirate au niveau "urgence attentat" et toutes les précautions sont prises, même si pour l'heure aucune menace n'était sérieuse : "On ne peut jamais exclure le fait que (...) les cellules terroristes se reconstituent, argumente-t-il. Mais aujourd'hui, on n'a pas de menaces caractérisées."

"La menace organisée de l'extérieur - comme cela s'est passé au Bataclan - est probable mais très bien surveillée", a affirmé Gérald Darmanin qui s'inquiète surtout du risque venant de l'intérieur. Il pointe les "personnes qui se radicalisent, souvent en ligne, [et] qui individuellement peuvent répondre à un appel et passer à l'acte".

De nouvelles menaces malgré des centaines d'interpellations

Alors que 299 fausses alertes ont été signalées dans les écoles depuis début septembre et 70 dans les aéroports en l'espace d'une semaine, le gouvernement a pris des dispositions pour dissuader les auteurs de fausses menaces de réitérer leurs méfaits. Au moins 250 interpellations d'auteurs de fausses alertes ont eu lieu depuis l'attentat d'Arras d'après le compte du ministre de l'Intérieur, un chiffre donné le 19 octobre qui a encore augmenté depuis.

Le ministre des Transports a indiqué que chaque menace fera l'objet d'un dépôt de plainte et d'une saisine "systématique" du procureur de la République. Et Clément Beaune d'ajouter : "Les petits malins ou les petits plaisantins qui se livrent à ce genre de jeux, sont en fait de gros abrutis ou de gros délinquants et nous ne laisserons rien passer". "Il y a eu des interpellations [...] et il y aura des condamnations", a de son côté assuré le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti sur RTL le 20 octobre. 

Le plan Vigipirate et la sécurité renforcée

Le passage au niveau "urgence attentat du plan Vigipirate  implique la multiplication par deux des effectifs militaires sur l'hexagone. En tout, ils sont 7000 à surveiller les lieux publics des grandes villes françaises. Avec les vacances de la Toussaint qui débutent, des patrouilles renforcées ont été appelées dans les gares. La SNCF diffuse aussi des messages audio de prévention, notamment sur les bagages abandonnés. La sécurité est aussi renforcée autour des stades qui accueillent la Ligue 1, la Ligue 2 et les compétitions européennes. Une colonne d'intervention qui cherche à "éviter ou neutraliser tout acte à caractère terroriste", a annoncé la directrice nationale de la sécurité publique Virginie Brunner.

Et pour chaque fausse alerte à la bombe, la procédure d'évacuation est appliquée et une intervention des forces de l'ordre notamment des brigades cynophiles et des services de déminage a lieu si nécessaire. A noter que dans les gares comme dans les aéroports, c'est aussi le trafic des transports qui est interrompu lors d'une alerte.

Malgré ces dispositions, la sécurité en vue d'importants événement inquiète. Les MTV Europe Music Awards 2023 ont par exemple décidé d'annuler la tenue de la cérémonie prévue à Paris, au Parc des expositions de Villepinte, le 5 novembre. Un "excès de prudence" est évoqué pour justifier la décision de Paramount Global, l'organisateur de l'événement qui a aussi fait référence à la guerre entre Israël et le Hamas : "Alors que nous assistons aux événements dévastateurs qui se déroulent en Israël et à Gaza, cela ne semble pas être propice à un moment de fête. Avec des milliers de vies déjà perdues, c'est un moment de deuil".