Mort de Thomas : une manifestation d'extrême droite "pour Thomas"

Mort de Thomas : une manifestation d'extrême droite "pour Thomas" Le rassemblement d'extrême droite pour Thomas, d'abord interdit par la préfecture a finalement été autorisé par la justice. Il s'est tenu au coeur de Paris, en début de soirée vendredi 1er décembre.

Le tribunal administratif de Paris a suspendu l'interdiction de la manifestation organisée en l'honneur du jeune Thomas, tué lors d'une rixe en marge d'un bal à Crépol dans la Drôme. Le rassemblement de sympathisants et de militants d'extrême droite s'est finalement tenu, dans la soirée de vendredi 1er décembre, alors qu'il avait d'abord été interdit par le préfet de police. Le tribunal a justifié ce revirement de situation par le fait que "l'interdiction prononcée porte, compte tenu de son caractère disproportionné, une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestation". Avant de rappeler que "la seule circonstance qu'un événement annoncé soit susceptible d'être l'occasion de troubles majeurs à l'ordre public (...) n'est pas de nature à justifier en toute circonstance une interdiction générale de manifester".

Environ 200 personnes se sont donc réunies place du Panthéon à Paris. La manifestation avait été lancée par le groupuscule d'ultradroite parisien Les Natifs, héritier du groupe Génération identitaire dissout en 2021. Le préfet avait motivé l'interdiction du rassemblement en expliquant que "dans ce type de rassemblement, on a des propos tenus qui sont des propos d'incitation à la haine et à la violence". Suite à la décision de dernière minute du tribunal administratif, le ministre de l'Intérieur s'est dit "scandalisé". "Le préfet de Police sur mon instruction l'avait interdite, la justice l'a autorisée", déplore-t-il.

À Valence, deux rassemblements ont été interdits comme "tout rassemblement non déclaré, en raison des risques de trouble à l'ordre public". La préfecture de la Drôme a expliqué que "ces deux manifestations dévoient clairement l'intitulé déclaré d'hommage à Thomas Perotto, et leur concomitance est susceptible de provoquer des troubles importants à l'ordre public". À Nice, le rendez-vous prévu pour vendredi 1er novembre a été interdit par la préfecture des Alpes-Maritimes. La raison : "l'émotion suscitée par le décès" de l'adolescent et les "violences commises à l'occasion des manifestations organisées par des militants d'ultradroite" les 25 et 26 novembre à Romans-sur-Isère. Plusieurs milices d'extrême droite s'étaient alors rassemblées dans une expédition punitive pour rendre justice à Thomas.

Une manifestation prévue par les habitants de Romans-sur-Isère

À Romans-sur-Isère, un nouveau rassemblement devait avoir lieu samedi 2 décembre mais a aussi été interdit. L'événement était organisé pour apporter du soutien à la famille de la victime mais aussi pour dénoncer les dernières déclarations de la maire de la ville, Marie-Hélène Thoraval (LR). Après la mort de l'adolescent, la maire avait appelé l'État à une "prise de conscience" face aux quartiers sensibles comme celui de la Monnaie dans sa commune. Sur BFMTV, elle avait évoqué un haut "niveau de délinquance" à Romans-sur-Isère et affirmé y retrouver "les racines dans la radicalisation" et le "trafic de drogue". De nombreux habitants ont alors jugé ses propos comme de nature à "stigmatiser" le quartier de la Monnaie, les poussant à manifester ce week-end. Le quartier populaire a été le centre de nombreuses rumeurs après la mort de Thomas. Les suspects dans l'enquête sur son meurtre en seraient originaires selon les ouï-dire. Le procureur de Valence, Laurent de Caigny, a pourtant précisé que le suspect principal habite "le centre" de la commune et non le quartier de la Monnaie.

Au vu des violences commises par les milices d'extrême droite, à Romans-sur-Isère les 25 et 26 novembre, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé la dissolution de plusieurs groupuscules d'ultradroite. Il a expliqué sa décision "ferme" pour éviter "un scénario de guerre civile".