Procès de Monique Olivier : de nouveaux aveux sur l'affaire Estelle Mouzin après les nombreux mensonges ?

Procès de Monique Olivier : de nouveaux aveux sur l'affaire Estelle Mouzin après les nombreux mensonges ? Pour le deuxième et dernier interrogatoire de son procès, Monique Olivier est questionnée sur l'enlèvement, la séquestration et le meurtre d'Estelle Mouzin. De zones d'ombres persistent après les nombreux mensonges de l'ex-femme de Michel Fourniret sur cette affaire.

"Vous n'avez pas tout dit du calvaire, des souffrances d'Estelle Mouzin" et pire "vous avez beaucoup menti dans ce dossier". Ce sont avec ces phrases que le président a débuté le deuxième et dernier interrogatoire de Monique Olivier à son procès devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine, ce jeudi 14 septembre. Après avoir évoqué les affaires des disparitions de Marie-Angèle Domèce et de Joanna Parrish, l'ex-femme de Michel Fourniret est cette fois interrogée sur l'enlèvement, la séquestration et le meurtre d'Estelle Mouzin, disparue le 9 janvier 2003 à Guermantes, en Seine-et-Marne, alors qu'elle n'avait que 9 ans. La fillette est la plus jeune des victimes connues de l'ogre des Ardennes.

Suspectés après la disparition de la petite fille, Michel Fourniret et Monique Olivier intéressent les enquêteurs dans les premiers mois de l'enquête, mais le manque d'éléments probants et l'alibi – qui s'avèrera plus tard être un des mensonges de Monique Olivier – conduisent les enquêteurs vers d'autres pistes. Ce n'est qu'en 2019 que le couple uni par un pacte criminel est de nouveau inquiété dans l'affaire. L'un et l'autre laissent alors échapper des déclarations et des aveux face à la juge d'instruction Sabine Khéris en 2020, mais il faut des années pour reconstituer les faits entre les mensonges et les dissimulations.

Monique Olivier est "la seule à pouvoir dire ce qu'il s'est passé"

Interrogée à 34 reprises, dont une trentaine de fois entre 2018 et 2023, Monique Olivier a "beaucoup menti" sur ce dossier, "d'abord sur l'alibi téléphonique fourni à Fourniret, sur le repérage à Guermantes, sur l'enlèvement, sur le fait qu'[elle a] gardé [Estelle Mouzin] à Ville-sur-Lume (Ardennes)", a souligné le président Didier Safar devant la cour. Et l'homme d'ajouter à l'accusée : "Vous mentez encore". Pourtant, depuis la mort de Michel Fourniret en 2021, la femme de 75 ans est la seule à pouvoir raconter ce qu'a vécu la petite fille avant de mourir.

L'historique de ses mensonges dans l'affaire Estelle Mouzin listé devant elle, l'ogresse des Ardennes a repris son discours habituel lors du procès se traitant elle-même de "monstre" qui "aurait dû sauver" la fillette. Elle explique avec ses mots avoir "obéi" à Michel Fourniret, mais nie toute forme d'implication active dans l'enlèvement et le meurtre comme lors de son premier interrogatoire au procès : "Je reconnais tout, mais faut pas croire que je le suivais par gaité de cœur. J'obéissais, c'est tout". La reconnaissance de tous les faits pose toutefois question, car de nombreuses zones d'ombres plane encore sur ce dossier, notamment la localisation du corps d'Estelle Mouzin. Un point sur lequel le septuagénaire dit ne rien savoir ou ne plus de souvenir des détails. "Je n'ai rien à cacher. […] Je suis désolée de ne plus me souvenir", a-t-elle lâché devant la cour.

Beaucoup de mensonges et toujours des zones d'ombres

Au fil de l'enquête et des interrogatoires, Monique Olivier a fini par revenir sur ses précédents mensonges. A commencer par l'alibi qu'elle avait créé pour Michel Fourniret en appelant le fils de ce dernier pour son anniversaire - alors que les deux hommes n'avaient plus de contact - depuis le domicile du couple dans la soirée du 9 janvier, pendant que le Michel Fourniret "chassait" Estelle Mouzin. Au procès, l'avocat de l'accusée Me Delgenes a poussé sa cliente à "raconter aux familles ce qu'[elle a] fait et ce que'[elle a] dit au juge, avec tous les détails". Monique Olivier a alors reconnu avoir téléphoné au fils de Fourniret : "Je n'avais pas envie de le faire mais je l'ai fait quand même pour éviter qu'il cherche des histoires à son retour".

L'ex-femme du tueur a également reconnu avoir vu Estelle Mouzin pour la première fois à la maison de Ville-sur-Lumes, qui appartenait à la sœur décédée de Michel Fourniret et où la fillette avait été séquestrée près de deux jours selon l'accusée. Lors des premiers interrogatoires elle avait assuré n'avoir vu Estelle Mouzin qu'à la télévision.

Monique Olivier s'est perdue dans d'autres mensonges, seulement sur ceux-là la vérité n'a pas encore été révélée au grand jour. Dans une première version des faits, Monique Olivier avait indiqué que son ex-mari avait "violé puis étranglé" l'enfant "avec ses grosses mains" avant de se rétracter et de dire qu'il avait "tenté de la violer sans réussir à le faire" ou encore d'évoquer un viol post-mortem. Au procès l'accusée a maintenu cette dernière version : "Je ne crois pas [qu'Estelle Mouzin a été violée], je ne sais pas. Je ne cherche pas à le défendre mais… Je ne crois pas qu'il l'ait fait. Il ne m'a pas dit qu'il l'avait fait".

Quant à l'endroit où le corps de la fillette a été enterré, et peut-être déplacé, Monique Olivier assure ne pas le connaître mais avait évoqué le château du Sautou appartenant à Fourniret en 2020 puis le bois d'Issancourt-et-Rumel en 2021. Des lieux fouillés en vain. Alors Monique Olivier continue-t-elle de mentir sur cette affaire ou a-t-elle avoué tout ce qu'elle savait ? Ce procès est une des dernières chances de le savoir.