Gifle, insultes, menaces... Deux policiers jugés pour violences sur un étudiant

Gifle, insultes, menaces... Deux policiers jugés pour violences sur un étudiant Deux policiers de la Brav-M sont jugés ce jeudi pour violences par personne dépositaire de l'autorité publique. Les faits ont eu lieu en mars 2023 en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites.

Deux policiers de la Brav-M, Brigade de répression de l'action violente motorisée, sont jugés ce jeudi 7 mars à Bobigny. Ils sont accusés de violences et de menaces à l'égard d'un jeune homme de 23 ans, nommé Souleyman. Les faits se sont produits le 20 mars dernier, en marge de la manifestation contre la réforme des retraites. L'étudiant, qui ne participait pas à l'événement, a raconté avoir été frappé et mis au sol par les deux policiers. Il aurait alors été regroupé avec d'autres interpellés avant de recevoir une gifle de l'un des agents. S'en seraient suivies insultes et menaces. 

Un des interpellés a filmé la scène à leur insu et les images ont été dévoilées par Loopsider quelques jours plus tard. Dans l'enregistrement, des propos racistes sont audibles : "Quatre ans que t'es en France? C'est beaucoup ça ! (...) T'as fait comment le voyage du Tchad, t'es passé par la mer en Espagne?". Auprès de BFMTV, la victime avait même évoqué une agression sexuelle, accusant l'un des policiers de l'avoir attrapé par les parties intimes.

Souleyman a été libéré dès le lendemain, sans poursuite judiciaire mais a ensuite porté plainte contre les policiers. Les propos de ces derniers ont aussi été jugés inacceptables par la cheffe de l'IGPN. S'ils ont été identifiés, ils n'ont pas été suspendus de leur fonction. Pour leur défense, s'ils ont reconnu avoir eu des propos déplacés, les policiers avaient mis en avant plusieurs jours de travail sans repos et l'un d'eux avait accusé le jeune homme de "provocation". 

Les représentants des forces de l'ordre seront finalement jugés ce jeudi pour violences par personne dépositaire de l'autorité publique et menaces réitérées "à l'exclusion de toute autre infraction ou circonstance aggravante". Les chefs d'accusation d'agression sexuelle et d'injures racistes n'ont ainsi pas été retenus, un choix qu'a regretté l'avocat du plaignant. Franceinfo a aussi estimé que l'audience aurait de fortes chances d'être renvoyée. Selon Arié Alimi, avocat du plaignant, "le procureur de la République de Bobigny a protégé la majorité des policiers en ne poursuivant que deux fonctionnaires pour une infime partie des infractions. C'est la raison pour laquelle nous allons faire le travail à sa place, en complétant les poursuites. Il est inadmissible que dans des dossiers de violences policières, notamment commises par des membres de la Brav-M, le parquet ait pour seul rôle de protéger, dans la mesure du possible, les actes violents, racistes et sexistes qu'ils commettent".

Si ces arguments sont jugés recevables, le tribunal fixera une nouvelle date d'audience, le temps d'examiner ces nouvelles requêtes. De plus, selon l'article 222-13 du Code pénal, les violences commises par une personne dépositaire de l'autorité publique peuvent entrainer une peine allant jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.