Comment Kiabi s'est fait voler 100 millions d'euros ? La piste de la trésorière escroc
C'est une affaire digne des meilleurs films de voleurs. Après plusieurs semaines de recherche, la police judiciaire a interpellé l'ancienne trésorière de Kiabi à l'aéroport de Figari (Corse-du-Sud), à la sortie d'un jet privé, le 12 août dernier. Il faut dire que la suspecte n'était pas très discrète, elle affichait régulièrement sa vie luxueuse sur les réseaux sociaux et l'équivalent de 500 000 euros de bijoux et vêtements de luxe ont été retrouvés dans ses bagages.
Selon des informations révélées par franceinfo, la femme de trente-neuf ans a utilisé la méthode des "comptes rebonds" pour voler 100 millions d'euros à son employeur. Alors qu'elle était trésorière de la marque, elle a conseillé à Kiabi d'investir 100 millions d'euros dans un compte à l'étranger afin d'obtenir rapidement des intérêts élevés. Le compte est ouvert en juillet 2023, mais un an plus tard, lorsque Kiabi souhaite récupérer cet investissement, l'argent a disparu. La suspecte, elle, a quitté l'entreprise pour s'installer à Miami et rejoindre un groupe spécialisé dans le luxe.
Une plainte rapidement déposée
Dès que l'enseigne de vêtements "à petit prix" s'est rendu compte de la supercherie, une plainte a été déposée et une enquête a été ouverte par l'office central de la grande délinquance financière (OCRGDF). Selon les premiers éléments, l'ancienne trésorière aurait ouvert le compte en banque en usurpant l'identité d'un haut responsable de la société. Elle a également été condamnée par le tribunal correctionnel de Paris à deux ans de prison avec sursis pour une escroquerie au préjudice de près de 800 000 euros à une autre entreprise, à peine quelques semaines avant de virer les 100 millions d'euros. Une condamnation que ne connaissait pas Kiabi.
C'est en suivant ses aventures sur les réseaux sociaux, d'abord à Mykonos (Grèce) puis en Corse, que les enquêteurs ont retrouvé la trace de la suspecte. Interpellée, elle a été placée en garde à vue, puis ramenée à Paris où un juge d'instruction l'a placée en examen pour "escroquerie et blanchiment en bande organisée", les enquêteurs ne concevant pas qu'elle ait pu agir seule. Elle a ensuite été placée en détention provisoire le temps que l'enquête se poursuive et que la somme astronomique soit retrouvée.
Concernant la situation économique de Kiabi, la marque se veut rassurante. Bien que la somme volée représente environ 4% de son chiffre d'affaires (2,2 milliards d'euros en 2023), l'enseigne assure tout entreprendre pour "obtenir le recouvrement de la fraude", tout en précisant que cela "ne remet en aucun cas en cause sa solidité financière et n'a pas de conséquence sur le maintien de sa trajectoire annuelle".